Le 9 septembre 2024, le média français Contre-Poison a publié une interview exclusive avec Mohamed Elmaouloud Ramadane (porte-parole de la coalition CSP-DPA), un regroupement des mouvements armés dans le nord du Mali, souvent qualifié de terroriste par les autorités maliennes. Cette interview a suscité de vives réactions dans plusieurs cercles, notamment au Mali, où le mouvement est perçu comme une menace directe à la stabilité nationale.
Dans cette interview, Ramadane a officialisé l’alliance entre le CSP-DPA et l’Ukraine, en affirmant que cette coopération vise à prolonger la guerre entre l’Ukraine et la Russie sur le sol africain. Il a notamment lancé un appel pour un soutien militaire accru, en matière de formation et d’armement, sans pour autant donner plus de détails sur l’évolution de ce partenariat.
Cette situation souligne l’ambiguïté du rôle de certains médias français dans la région du Sahel. Contre-Poison, à l’instar d’autres médias comme France 24, est accusé de fournir une plateforme de légitimation à des groupes armés qualifiés de terroristes par plusieurs gouvernements de la région. Les autorités maliennes et plusieurs analystes dénoncent ce qu’ils considèrent être une forme de complaisance de la part des médias occidentaux.
Ce n’est pas la première fois que la presse internationale fait face à de telles critiques dans cette partie du monde. En mars 2023, France 24 avait été suspendu au Burkina Faso après la diffusion d’une interview avec le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abou Obeida Youssef al-Annabi. Le gouvernement burkinabè avait alors reproché à la chaîne d’offrir une tribune aux terroristes. Ces événements montrent la complexité des relations entre la presse internationale et les gouvernements sahéliens dans le cadre de la lutte contre les groupes armés.
Le contexte sécuritaire dans la région du Sahel est extrêmement tendu. Le CSP-DPA est l’un des nombreux groupes qui luttent contre les autorités maliennes et l’armée du Mali pour le contrôle des ressources naturelles situées dans le nord du pays. Cette région, en proie à une instabilité chronique depuis des décennies, continue de voir ses populations locales souffrir des conséquences du conflit.
Alors que l’armée malienne intensifie ses opérations contre les avancées du CSP-DPA, des milliers de civils sont pris au piège, victimes des engins explosifs improvisés utilisés par ces groupes armés. Ces méthodes, qui frappent souvent les innocents, ne font qu’accroître l’hostilité envers ces mouvements, désignés comme terroristes par Bamako.
La question de la coopération internationale, notamment avec la France, divise profondément. Bien que Ramadane ait sollicité plus de soutien, il critique néanmoins les interventions passées, comme l’opération Barkhane, qui n’a pas réussi à stabiliser la région de manière durable. Pour lui, seule une solution politique qui prendrait en compte les revendications historiques de la région pourrait mettre un terme au conflit. Cependant, il apparaît également prêt à envisager une coopération plus étroite avec la France dans l’avenir.
En conclusion, la perte d’influence de la France dans le Sahel semble être compensée par une confrontation menée à travers ses médias. Ces derniers appliquent une politique de double standard : d’un côté, ils dénigrent régulièrement les Forces Armées Maliennes (FAMa), et de l’autre, ils offrent des tribunes aux combattants armés. En semant la panique parmi la population civile, ces médias contribuent à l’instabilité. L’interview publiée par Contre-Poison illustre bien cette tendance, tout en soulevant des questions profondes sur le rôle des médias internationaux dans les conflits armés du Sahel.