Ton’s et l’oubliée marmite : un Ramadan tumultueux dans le Ferlo

Ton’s et l’oubliée marmite : un Ramadan tumultueux dans le Ferlo

Dans la région aride du Ferlo, célèbre pour sa chaleur parfois accablante, Ton’s vivait un Ramadan où le temps semblait s’étirer à l’infini. Au troisième jour, son corps amaigri témoignait de l’intensité du jeûne. Sa tante, déterminée à lui redonner vigueur, s’activait en cuisine. Mais pour Ton’s, l’attente était rythmée par le tic-tac d’une antique pendule, héritage familial mystérieusement intact. Ce bruit régulier devenait pour lui une mélodie apaisante, une bataille sourde contre une faim persistante.

En plein après-midi, Tata revint du louma, le marché hebdomadaire, les bras chargés de provisions alléchantes : poulet, tête de mouton, morceaux de bœuf, laxass, tiéré niondi et des sachets de grains de nénuphar pour préparer un tiébou diaxar. À la vue de ces victuailles, Ton’s ne put contenir sa joie et s’exclama : « Thiébou diaxar, Thiébou diakhar ak bopu xar », mains jointes à ses oreilles comme un muezzin. Sa joie fut si bruyante qu’elle se répandit parmi les voisins. Bientôt, de maison en maison, la nouvelle du repas spécial circula et attira une foule.

À l’heure de rompre le jeûne, une multitude d’habitants du village se présenta chez Ton’s, chacun tenant des récipients prêts à être remplis. Cette affluence soudaine créa un véritable chaos dans la cuisine de Tata. C’est dans ce tumulte que quelqu’un, profitant de la confusion, déroba la marmite encore fumante. Devant cet acte imprévu, Ton’s perdit connaissance, submergé par l’émotion et la surprise.

Ce récit, que nous partageons d’après un article sur le site de nos confrères de Sud Quotidien, met en lumière les péripéties inattendues de ce moment de communion sociale et de rupture du jeûne au Sénégal, rapportées par l’auteur Baba Diop.

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