Ce titre, aussi provocateur soit-il, reflète une dynamique récurrente dans de nombreux contextes africains. Le pouvoir y est souvent structuré par des réseaux informels, soumis à des influences occultes, et constamment traversé par des tensions entre tradition et modernité, souveraineté et ingérences, espoirs populaires et réalités systémiques pesant sur l’ensemble de l’organisation sociale.
Tu as beau y réfléchir, tu peines à en saisir les ressorts profonds – psychologiques, sociologiques, moraux, culturels – qui le structurent et l’organisent.
Tant de désillusions sur ce continent ! Tant de régimes, pourtant nés dans l’espoir et porteurs d’une promesse de rédemption collective, ont fini par trahir leur idéal initial.
Qu’est-ce qui nous arrive ? Et cela, depuis la nuit des temps !
Pourquoi n’arrivons-nous pas à nous défaire de certaines de nos tares congénitales pour nous hisser vers la seule grandeur qui vaille : celle d’un pouvoir juste, noble, tourné vers l’intérêt général ?
Pourquoi ce qui se fait ailleurs – et qui force le respect – peinons-nous tant à l’adapter durablement chez nous ?
J’entends encore les autres, toujours les mêmes, pleins de mépris pour nous, ricaner :
« De grands enfants, éternellement englués dans des querelles sans fin. » Ces étiquettes humiliantes que l’on nous impose doivent disparaître une bonne fois pour toutes. Pour cela, nous devons adopter des comportements nouveaux, portés par une éthique forte et une pensée rigoureuse.
Nous sommes en 2025 : l’impératif de changements qualitatifs s’impose à nous.
À nous, peuples africains !
L’Afrique, à travers cette nouvelle génération – les Sonko, Diomaye et consorts – doit désormais présenter un visage digne, respecté, admiré.
Au regard des vérités évoquées plus haut, il m’a paru nécessaire de redonner vie à ce texte rédigé en mai 2024, tant il reste en phase avec notre actualité.
Déjà, pour qui savait lire entre les lignes, j’y exprimais mes inquiétudes.
Cela étant rappelé, replongeons-nous dans ce que nous écrivions en mai 2024.
DES ESPOIRS TRAHIS : WADE,MACKY ET LA DECEPTION POPULAIRE
A titre illustratif, le fameux Sopi avec Wade ! L’espoir était immense au début mais très vite les populations se rendent compte que ces gens, installés au sommet de l’Etat, n’étaient là que pour jouir des délices du pouvoir. La preuve :un magistère marqué par un embouteillage de scandales de tous ordres.
Idem pour le sosie de Wade, Macky ! Ce dernier a vendu un slogan accrocheur et percutant au peuple : « Gouvernance sobre et vertueuse » ! Le peuple y a cru et a voté massivement pour lui. Le reste se passe de commentaires ! Jamais dans l’histoire de ce pays, nous n’avons vécu une gouvernance aussi traumatisante que celle de Macky. Aux scandales financiers et autres à répétition, s’ajoutait une répression féroce pour tous ceux ou celles qui osaient élever la voix pour dénoncer les errements de ce régime sans foi ni loi. Tout cela pour dire !
D’autres exemples de gouvernance ont fait rêver au départ mais ont fini par susciter une profonde décéption.
Le cas de la Guinée ? Du Burkina ?Que d’espoirs, ces révolutions ont suscité mais au finish, l’échec patent.
POURQUOI CES ECHECS A REPETITION
Tous ces échecs regrettables et qui ont laissé un goût amer aux peuples africains, m’amènent à me poser un certain nombre de questions. Pourquoi ces hommes et femmes qui avaient tout pour réussir ont fini par échouer. Et lamentablement !!!
Le pouvoir africain !!!!????
Convoquons quelques faits et exemples révélateurs des difficultés qu’éprouvent nombre de nos dirigeants à gouverner avec la sérénité et la sagesse requises.
L’Afrique demeure le continent le plus mal loti dans tous les domaines. Cette situation n’est pas liée à une quelconque fatalité. La responsabilité première, à mon humble avis, incombe aux africains.
La plupart de nos chefs d’Etat sont très mal entourés. Les fortes personnalités qui pouvaient leur tenir le langage de la vérité sont écartées systématiquement au profit de larbins et autres thuriféraires uniquement préoccupés par leurs poches. Et là bonjour les dégâts !
UN PASSE DOULOUREUX QUI DEFORME LES DIRIGEANTS
Beaucoup de chefs africains portent en eux les cicatrices d’une enfance rude. Et lorsqu’ils accèdent au pouvoir, c’est parfois moins pour servir que pour se venger de ce passé fait de manque et d’humiliation. D’où cette frénésie de possession et cette impudeur à exhiber des biens somptuaires dans des pays en détresse : véhicules à des dizaines de millions, palais urbains à un milliard, comme pour dire au monde qu’ils ont enfin « réussi ».
Sans oublier le fait qu’ils emprisonnent à tour de bras avec la complicité d’une justice corrompue ! Ils torturent et tuent sans état d’âme ! Qu’est qui peut expliquer cette méchanceté gratuite sinon une enfance au cours de laquelle la personnalité fut totalement déstructurée ?
A cette situation , il faut ajouter des réalités fort complexes. Les sociétés africaines, contrairement à ce que disent les autres, ne sont pas une tabula rasa. La lecture des ouvrages de Maryse Condé, Ségou I et II ; ceux de Hampathé Ba, Oui mon commandant et l’Etrange destin de Wangrin sans oublier le Sang des masques de Seydou Badian Kouyaté, finit par convaincre sur certaines réalités africaines qui sortent de la normalité.
Tout cela m’améne à revisiter le conflit, Senghor/Dia Mamadou
SENGHOR ET MAMADOU DIA : UNE AMITIE BRISEE PAR LES FORCES DU MAL
Le couple Léopold Senghor/Dia Mamadou, c’était la franche amitié mais les aléas de la politique ont fini par séparer ces deux grands amis qui pouvaient ensemble beaucoup apporter au Sénégal. Senghor avec son tempérament conciliant se complétait merveilleusement avec le caractère un peu plus bouillant de Dia. Cette belle symphonie entre ces deux grands messieurs fut cassée par les forces du mal. Et Dieu sait qu’ils sont encore là !
Abdou Latif Coulibaly, dans une conférence qu’il a donnée à la librairie, Clairafrique, Université, en 2011-2012 rapporta cette discussion : « Parti voir monseigneurThiandoum- que Dieu ait pitié de l’âme de ce grand monsieur-, ce dernier lui montra une lettre, adressée au Pape, le chef du Vatican par un grand dignitaire musulman. Ce dernier s’offusquait-le verbe utilisé n’est -il pas trop faible-du soutien que le cardinal apportait à Dia Mamadou. » Le vœu de ce guide religieux, c’était d’amener le chef de l’église catholique à sanctionner le cardinal Thiandoum.
Latif, très en verve ce jour-là ne s’est pas arrêté là : « Henry Charles Gallenca, ancien président de la chambre de commerce de Dakar, s’est écrié un jour et publiquement pour dire que s’il faut dépenser des millions de francs lourds, il le ferait pour avoir la peau de Dia Mamadou ».
In fine, ces forces du mal ont eu ce qu’ils voulaient.
Pas facile de gouverner ce pays ! Un pays un peu spécial ! Mon père, qui fut chauffeur du président Senghor, m’a raconté certains faits assez troublants.
REVELATIONS TROUBLANTES : CONFIDENCES D’UN HAUT FONCTIONNAIRE
Parlant de faits assez troublants, j’en viens à cette confidence que nous a faite un grand notable de ce pays. Ce monsieur, je l’ai connu par le biais de mon collègue Ibrahima Ndiaye. Tous les vendredis, ce bon samaritain nous invitait à prendre le déjeuner chez lui. Ce très haut cadre de l’administration sénégalaise doublé d’un musulman pratiquant hors pair- Ah, les Saints Louisiens d’une certaine époque, hommes à la fois cultivés et racés- en savait beaucoup sur les mœurs en cours dans ce pays. Ecoutons-le : « En 1962, avant son départ pour les pays de l’Est, Dia Mamadou m’appelle pour me dire qu’à son retour, il va me nommer au poste de ministre de la jeunesse et des sports.
La nouvelle de cette nomination à ce poste prestigieux m’emballa fortement. Ce qui m’amena à faire le déplacement sur Thiès pour aller voir celui que je considérais comme mon mentor, mon guide spirituel et religieux. Cette belle amitié, ce respect profond que j’avais pour cet homme, il me le rendait bien.
Quand j’eus terminé de lui communiquer l’objet de ma visite, l’homme de Dieu que j’avais en face de moi fut comme bouleversé. Sa figure était défigurée par les sentiments contraires qui se bousculaient dans son esprit.
Lentement, il me fit comprendre que je ne serai pas ministre sous le gouvernement de Dia. X, notable religieux, très respecté dans le pays est passé me voir. Il m’a payé beaucoup d’argent et m’a demandé de prier pour que Dia soit évincé du pouvoir. Dans ma retraite spirituelle appelée Khalwa en Wolof, on m’a informé que Dia sera arrêté dès son retour. Le décret divin est passé par là ! Tu m’aurais informé un peu plus tôt, jamais je n’aurai engagé les démarches qui conduiraient à l’éviction de Dia du pouvoir. Mon amitié et mon estime pour ta personne m’auraient dissuadé d’entreprendre une quelconque action contre Dia. »
Cet homme, Dia Mamadou qui rêvait d’un Sénégal, prospère, respecté dans le concert des nations, a été combattu et férocement par des religieux, des industriels, des politiques sans oublier la main de la France (Voir son ouvrage, Mémoires d’un militant du Tiers Monde). Je recommande VIVEMENT à la jeune génération de lire cet ouvrage phare.
RIEN NE DOIT ÊTRE NEGLIGE
Tout cela pour dire que rien n’est à négliger par les nouvelles autorités. Aux attaques mystiques qui seront dirigées contre elles pour les déstabiliser moralement, socialement, psychologiquement, il faudra ajouter les milles et un pièges qui leur seront tendus.
Des hommes et femmes sans dignité ne reculant devant rien pour leurs propres intérêts sont légion dans ce pays-là. Il faudra s’en méfier comme de la peste.
Et ce n’est pas tout !
Des meutes de journalistes et soi-disant hommes de réseaux, stipendiés seront mis à contribution pour distiller toutes sortes de rumeurs. De faux bulletins de renseignements seront dénichés pour donner de la crédibilité à certaines de leurs déclarations. Tout sera fait pour créer la zizanie dans cette belle symphonie entre deux hommes que le destin a réunis pour conduire les destinées du Sénégal. Plaise à Dieu que ces enfants de Satan, assis sur un matelas financier immense, ne réussissent pas dans leur mission funeste.
LA FORCE DU BINÔME : UNE SEPARATION SERAIT FATALE
Sonko et Diomaye doivent se convaincre d’une chose, ils auraient échoué s’ils devaient un jour se séparer. Que ces deux hommes se convainquent de cette vérité d’airain : l’un sans l’autre sera fortement affaibli.
Cela dit, les conflits, les divergences voire même certaines oppositions ne peuvent pas manquer. Et Dieu sait que ces contradictions se présenteront inéluctablement. Elles ne peuvent pas manquer pour la bonne et simple raison que les deux hommes à la tête de l’Etat n’ont ni le même héritage génétique, ni le même héritage social, ni le même héritage culturel.
Je me répète, ces désaccords sont inévitables et même souhaitables. L’essentiel est qu’ils ne prennent pas les allures d’une lutte âpre entre deux égos hypertrophiés.
C’est à Sidy Diop, journaliste au Soleil, que j’emprunte ce mot de la fin, aussi majestueux que juste: « Il serait tragique de gâcher une transition inédite, applaudie à l’étranger, par un affrontement au sommet. Le peuple n’a pas voté pour un duel, mais pour un souffle nouveau. Il a misé sur une rupture avec les querelles stériles et les calculs partisans. Il a voté avec le cœur, mais aussi avec l’estomac vide. »
Puisse cette ultime phrase, aussi belle que profonde, agir comme une catharsis salutaire pour nos dirigeants. Quand on est porteur d’une telle espérance, on ne doit pas décevoir.
FAIT A PIKINE LE 14 JUILLET 2025
tmadi70@yahoo.fr
Mon nom véritable, c’est Madi Waké Touré, Assistant Social,Conseiller en Travail Soy
Ce post a été publié par Madi Waké Touré et non, Mouhamed Diouf
Très intéressante lecture