Sénégal : l’australien FAR conteste une transaction pétrolière de 430 millions de dollars (Jeune Afrique)

Le groupe australien se prévaut d’un droit de préemption sur les 35 % détenus par ConocoPhillips sur trois permis pétroliers au Sénégal. En juillet, le groupe pétrolier américain avait annoncé un accord pour la vente de sa participation à l’australien Woodside pour un montant pouvant atteindre 430 millions de dollars.

ConocoPhillips est-il allé trop vite en besogne ? Le 14 juillet dernier, le groupe américain avait annoncé avoir trouvé un accord avec l’australien Woodside pour lui céder 100 % de ConocoPhillips Senegal B.V., qui détient 35 % des permis d’exploration pétrolière Rufisque Offshore, Sangomar Offshore and Sangomar Offshore Profond, au large des côtes sénégalaises. L’accord tablait sur un prix de vente de 350 millions de dollars, plus un complément d’environ 80 millions de dollars.

Droit de préemption

Cette opération pourrait être remise en question. En effet, la junior pétrolière australienne FAR, qui détient 15 % des permis en question, se prévaut d’un droit de préemption sur la cession de la participation de ConocoPhillips. Ce que ce dernier a reconnu, indique FAR dans un communiqué publié ce mardi 23 août. « FAR rappelle qu’à son avis, supporté par ses conseils juridiques, ConocoPhillips n’a pas respecté les termes de l’accord d’exploitation conjointe dans le cadre de la proposition de vente de ses intérêts dans son projet au Sénégal. Par conséquence, FAR considère que la période couverte par son droit de préemption n’a pas encore commencé », indique le groupe australien dans son communiqué. Le pétrole brut en place sur le champ SNE pourrait dépasser 2,7 milliards de barils.

Accord à l’amiable

L’annonce de FAR intervient une semaine à peine après que l’écossais Cairn Energy, qui détient 40 % des trois blocs pétroliers et en est l’opérateur, a annoncé une nouvelle revue à la hausse des ressources récupérables sur le champ SNE situé sur le bloc Sangomar Offshore Profond. Elles sont désormais estimées à 473 millions de barils de brut. Mi-août, Cairn Energy indiquait que les meilleures estimations actuelles pour le pétrole brut en place sur le champ SNE pourraient dépasser 2,7 milliards de barils. L’État sénégalais, qui détient 10 % des permis en question à travers la société publique Petrosen, a pressé ConocoPhillips et FAR de trouver une solution à l’amiable. Une option à laquelle FAR se dit ouvert, dans son communiqué publié ce mardi.

Rapport de force

Le rapport de force financier entre FAR et Woodside est nettement en faveur de ce dernier. L’an dernier, les revenus de FAR ont atteint 287 millions de dollars australiens (environ 191,4 millions d’euros, en recul de -54 % sur un an), ses actifs atteignaient 121,84 millions de dollars australiens fin décembre 2015 (+16,7 % sur un an). En Afrique, FAR est principalement actif au Sénégal (4 blocs), en Guinée-Bissau (3 blocs) et au Kenya (3 blocs). Woodside pour sa part a enregistré en 2015 un chiffre d’affaires de 5,03 milliards de dollars américains (soit 6,9 milliards de dollars australiens et 4,6 milliards d’euros), tirés à 76 % du gaz naturel liquéfiés, de ses réseaux de gazoduc et du condensat de gaz naturel.

Woodside réalise l’essentiel de ses activités de production en Australie. En Afrique, le groupe détient des concessions d’hydrocarbures au Maroc, au Cameroun et au Gabon.

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