Sénégal – Abdoulatif Coulibaly : « La lecture n’est plus un plaisir pour les jeunes mais une corvée pour eux »

S’exprimant lors du Forum national du livre et de la lecture tenu au Musée des Civilisations Noires (MCN) de Dakar, l’ancien ministre de la Culture, Abdoul Latif Coulibaly, a partagé une analyse sur le rapport des jeunes sénégalais à la lecture. Selon des propos rapportés par Sud Quotidien, le journaliste-écrivain a mis en lumière une « distanciation » croissante entre la jeunesse et le livre, face à la multiplication des distractions numériques.

Selon nos informations, Abdoul Latif Coulibaly estime que l’environnement a radicalement changé pour les nouvelles générations. « Moi, quand j’étais plus petit, (…) les seules distractions qui existaient, c’était quasiment la lecture », a-t-il expliqué, contrastant cette époque avec le présent où les jeunes disposent de multiples sources de divertissement, notamment via leur téléphone. Il constate que pour une partie de la jeunesse, « la lecture n’est plus un plaisir, mais c’est une corvée pour eux ».

L’ancien ministre a également abordé l’historique des politiques culturelles au Sénégal. Il a rappelé le rôle central de Léopold Sédar Senghor, qui ne « concevait pas le développement sans le développement de la culture » et qui a mis en place des institutions majeures comme le théâtre Daniel Sorano ou l’École Nationale des Arts. D’après lui, si ses successeurs n’ont pas abandonné le secteur, l’investissement personnel et financier n’a pas été de même nature. Il a toutefois crédité Abdoulaye Wade pour la réalisation du Musée des Civilisations Noires et du Grand Théâtre.

Face à ce diagnostic, Abdoul Latif Coulibaly a identifié plusieurs freins à la promotion de la lecture, tels que le coût et l’accès difficile aux livres. Pour y remédier, il préconise une politique étatique volontariste. Celle-ci passerait par la mise en place d’unités locales de fabrication pour réduire les coûts, le développement d’un réseau de bibliothèques à travers le pays, et une gouvernance plus efficiente des fonds alloués à la culture. Il a souligné que l’État a un « rôle essentiel » à jouer pour faire du livre un pilier de la souveraineté intellectuelle.

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