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Semaine meurtrière au Sénégal, les sociologues font le diagnostic

Trois meurtres en une semaine ! Il n’y a rien pourtant de nouveau sous les cieux. Ce n’est qu’un nouvel épisode. L’année dernière, entre juillet et août, une série macabre avait été jouée au Sénégal par des meurtriers de sang-froid. La facilité avec laquelle les Sénégalais tuent est devenue déconcertante. Mais le plus surprenant reste le mobile.  C’est pour des broutilles, une cruauté quasi gratuite.

En l’espace d’une semaine, trois meurtres! Presque gratuits, est-on tenté d’ajouter. Le taximan tué par balle le vendredi 28 octobre par Ousseynou Diop. L’étudiant Yankhoba Dramé dont la vie a été ôtée à Cambérène le week-end suivant par Younouss Bâ, un jeune homme de 24 ans pour une affaire de 100 F CFA. Et le coup de couteau fatal à Djeddah Thiaroye Kao.

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La facilité avec laquelle les Sénégalais tuent est devenue plus qu’inquiétante. Un peuple jadis considéré comme pacifique voit ses descendants devenir de plus en plus des assassins de sang-froid. La criminalité a-t-elle solidement implanté ses racines dans la société sénégalaise? Difficile de ne pas répondre par l’affirmation au vu de ce qui se passe.

D’après le professeur Malick Ndiaye, sociologue, qui a répondu à la question chez nos confrères du quotidien « EnQuête », il existe un lien étroit entre la baisse de la criminalité ou le suicide et le degré d’enthousiasme des peuples. Selon lui, dans les moments d’effervescence, quand un peuple croit à sa destinée, à ses dirigeants, les individus ne s’appartiennent plus, il se dépassent, ils font cause commune avec la nation. Mais le cas contraire, tout à tendance à se fissurer. Et c’est ce qui est arrivé au Sénégal.

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« La déconfiture de la classe politique, opposition comme pouvoir, avec le soutien de certains marabouts corrompus et de certains syndicalistes véreux, alimentaires, de professeurs tueurs des facultés, tout cela a amené la conscience du peuple, surtout dans sa partie la plus fragile, à une sorte de piétinement », souligne-t-il.

Selon un autre Sociologue, Moustapha Ndiaye, qui a accordé un entretien au même quotidien et parcouru par Senego, les stupéfiants peuvent être à la base de tous ces meurtres.

« Nous savons qu’il y’a en grande hausse de psychotropes -substance, ayant un effet sur l’activité cérébrale au niveau du système nerveux central- dans le pays. Selon une récente enquête, vingt- quatre millions (24) de bouteilles d’alcool seraient consommées par an au Sénégal. La pratique se généralise jusque parmi les jeunes garçons et jeunes filles. Les derniers travaux rapportés par des organismes qui accompagnent les toxicomanes au Sénégal révèlent une accession déconcertante des  psychotropes. A cela s’ajoute l’usage des produits différents pour accroître les sensations.  Un niveau élevé chez les adolescents est aussi constaté », avance M. Moustapha Ndiaye.

Poursuivant, le Sociologue estime qu’« une étude en 2005 rapportait que 40 %  des jeunes âgés entre 15 et 24 ans boivent systématiquement de l’alcool lors des fêtes ».  Avant de souligner que la peine de mort ne constitue pas l’élément essentiel pour enrayer la recrudescence des meurtres. La preuve selon lui, les pays qui ont instauré cette mesure ne constituent pas pour autant les endroits les plus sûrs du monde. Sur ce, « un état des lieux par une étude approfondie sur la question est le premier pas à faire pour lutter contre la criminalité », conclut-il.

 

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