» Révolution boursière de l’Eau, gestion de la rareté  » (Par Siré Sy)

D’une ressource environnementale, l’eau va-t-elle devenir un titre/placement boursier? D’une ressource naturelle et abondante, l’eau va-t-elle devenir un actif financier à la merci des fluctuations de l’offre et de la demande -donc de la spéculation-? Au proche et moyen orient, il y a trois moteurs de conflictualité géopolitique. Les deux sont apparents, et le troisième est diffus. Les deux moteurs de tensions, apparents, sont les questions de terres et de frontières entre Israël et Palestine d’une part et d’autre part, pour le contrôle des puits de pétrole et de gaz. Le troisième moteur de conflictualité, la plus problématique et la plus déterminante, c’est le contrôle et la gestion de l’eau, dans cette partie la plus désertique du monde. Si le pétrole (et le gaz) a été au cœur de l’économie, de la Vie et du monde durant tout le 20ème siècle, l’eau sera durant ce 21ème siècle, au cœur de tous les enjeux stratégiques et géopolitiques. Pour sa maîtrise. Pour sa gestion. Pour sa distribution. S’il y a un domaine, un sujet, une problématique autour duquel, l’écologie et la capitalisme boursier, sont tombés d’accord, parlent le même langage et font bataille commune, c’est sur la question de l’eau et de sa gestion. Quelle alliance improbable que celle entre écologistes et traders…? Comme pour dire que la globalisation peut tout…

Retour dans le futur: il était une fois, le mariage entre l’Écologie et le… Capitalisme

Pour le capitalisme financier, pour le marché boursier et pour les traders anglo-saxons, après la crise financière des ‘’subprimes’’ de 2007-2008, les Bourses comme London city et Wall street et des ‘’Hedge funds’’ comme Goldman sachs et city Group, étaient à la recherche d’un nouvel actif, d’un nouveau produit financier pour les actionnaires. Et l’eau s’est révélée comme une nouvelle frontière, une valeur à haute profitabilité financière. parce que plus que la population mondiale augmentera, plus augmenteront aussi les besoins en eau. pour les Villes.

Pour les états, et pour les Grands producteurs agricoles. Le capitalisme boursier, estime aussi, que, dès lors que le Vie (aussi) est un don de dieu mais cela n’empêche pas que l’on souscrive à une assurance-vie, pourquoi on ne paierait pas aussi l’eau, quoique l’eau est source de vie…? et toujours, estime le capitalisme boursier, n’est-ce pas la meilleure manière de savourer l’eau et d’apprécier sa véritable valeur, c’est quand on la paie, c’est quand on l’achète. a son juste prix. pour le capitalisme financier, le monde de l’abondance et de la gratuité, est révolue. C’était le siècle dernier ça…… tout, a une valeur. Tout, a un prix et c’est l’Australie qui a ouvert le bal, depuis déjà une dizaine d’années, avant que ‘’l’eau, actif financier’’, ‘’l’eau, titre de placement’’, ne gagne les Usa (Wall street) puis la Bourse de londrès. Eh oui, en Australie, il existe depuis une dizaine d’années déjà, un marché boursier de l’eau et l’eau est titrisée et est devenue un titre comme l’est le pétrole, le gaz, l’or, et les ‘’commodities’’ (le marché des produits alimentaires). Là-bas, l’eau a cessé d’être une ressource environnementale (abondante et gratuite) pour devenir un produit financier (rare et payant) dont le prix est sujet à fluctuation entre l’offre et la demande. Donc à la spéculation. Pour les écologistes ‘’anglosaxons’’ (à la différence des écologistes ‘’Gréco-latins’’), ils estiment pour leur part, que les Grands exploitants (agriculteurs et éleveurs) qui pompent les eaux des nappes phréatiques qui causent les glissements de terrains et les assèchements hydriques dans certaines zones; conjugué aux logiques de (gaspillage) la société de consommation, à côté de la pollution industrielle, sont les menaces les plus sérieuses qui pèsent sur la raréfaction de l’eau. Et que dès lors, si rien n’est fait, l’humanité va vers une catastrophe car la vie sur terre ne serait pas possible sans eau. et l’alliance entre le marché et l’écologie, a été rendu possible à travers un ‘’gentleman agreement’’ entre défenseurs de l’environnement et spéculateurs boursiers, qui veut que les eaux des océans, des rivières, des lacs, des fleuves, des cours d’eaux, sont sanctuarisées (on y touche pas, on ne les pompes pas) et hors-circuits du marché boursier de l’eau. Ainsi, à chaque fois que des zones vitales sont menacées par la sécheresse par exemple, de plus en plus des ONG écologiques et environnementales – les ‘’écologistes libéraux- pourront maintenant acheter de l’eau pour réhydrater des zones ou préserver des biodiversités.

Suez fera-t-il payer l’Eau à Touba?

En France, la distribution de l’eau est entre les mains de deux grands groupes que sont Véolia et suez. et quand ces deux concessionnaires dans la gestion-distribution de l’eau en France, ont commencé à ‘’s’intéresser’’ du modèle anglosaxon de gestion et de distribution de l’eau, comme actif financier et produit boursier’’, les associations consuméristes françaises, les environnementalistes et les écologistes, se sont rués dans les brancards, au point que la mairie de paris, en est arrivée à créer sa propre régie de distribution de l’eau (eau de paris). Le cas de la Ville sainte de Touba, en matière de gestion de l’eau, est en lui seul un véritable un ‘’case study’’ qui fait dire à l’ex ministre de l’Hydraulique, Mansour Faye, que l’eau doit être payante à Touba. Sous nos cieux, suez, ira-t-il jusqu’à faire payer l’eau à Touba qui jouit d’un statut spécial et pour lequel, sa facture d’électricité pour assurer la distribution de l’eau à Touba, revient à l’état à un milliard 200 millions de francs CFA par an selon l’ex-ministre de l’hydraulique, Mansour Faye? ce dernier affirmait que 40% de la production d’eau à Touba disparaissent dans les tuyaux, parce qu’il y a énormément de fuites, à cause de l’absence de contrôle. Il faut trouver une solution à cela», expliquait le ministre Mansour Faye qui rappelle qu’à Touba, toutes les fractions (de la population) ainsi que les commerces et les entreprises (banques, boulangeries) ne paient pas. Personne ne paie. Cela ne peut pas continuer. L’autre question de fond que la gestion de la gestion et de la distribution de l’eau, pose, c’est est-ce que les états, doivent-ils laisser les secteurs vitaux d’une nation (eau, électricité, télécoms, nourriture), aux mains de la Bourse (spéculative)? Quand les états n’auront aucun contrôle sur la gestion et la distribution de l’eau, source de Vie, au profit des marchés boursiers, n’allons- nous pas retourner aux temps féodaux du seigneur (places Boursières) et des cerfs (états, Villes) où pour boire, se laver, cuisiner, il fallait acheter l’eau par le plus offrant.

Siré SY,

Président du Think Tank Africa WorldWide Group

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