Report du vote de la loi sur le parrainage: « Macky Sall s’est montré intraitable… », selon Me Amadou Aly Kane

La loi sur le parrainage a été adoptée ce jeudi 19 avril 2018. Une loi qui a beaucoup suscité la polémique. Me Amadou Aly Kane, était l’invité de l’émission « Objection » sur la radio Sud-fm. L’avocat est revenu sur cette loi sur le parrainage, sur la forme comme sur le fond, suite au débat observé à l’Assemblée nationale mais aussi sur la médiation que la société civile avait entrepris auprès le l’Exécutif, le président Macky Sall.

« On était peiné quand on a suivi le déroulement des opérations ou de la session de l’Assemblée nationale portant sur l’adoption du projet de loi instituant le parrainage. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, que la société civile avait été avisée de tenter une médiation. Parce que, déjà on entrevoyait que la situation allait être délétère, volatile, conflictuelle. Malheureusement la médiation de la société civile n’a pas abouti, en tout cas jusqu’à ce jour…« , regrette Me Amadou Aly Kane.

Une médiation qui, selon le militant des droits humains, a échoué à partir du moment où les pouvoirs publics, le président de la République, l’exécutif n’a pas voulu suspendre, provisoirement, l’examen du projet de loi.

« La médiation c’était quoi? C’était de dire vous exécutif, vous allez suspendre, provisoirement l’examen du projet de loi. Vous opposition, renoncez aux manifestations que vous projetez de faire devant l’Assemblée nationale et peut être dans tout le territoire national. Malheureusement l’exécutif s’est montré intraitable en faisant comprendre que l’examen du projet de loi ne pouvait pas être différé. Evidemment on ne pouvait pas demander à l’opposition aussi de faire une concession…« , poursuit conseiller juridique de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme).

A rappeler que société civile avait entrepris une série de rencontres pour jouer la carte de la médiation entre l’opposition et le régime de Macky Sall.

Pour lui, le président de la République Macky Sall était clair sur la question et n’avait pas pris d’engagements. Ainsi, d’après les comptes rendus qu’il a eu, parce qu’il n’a pas assisté à la rencontre avec le chef de l’Etat, « il (Ndlr: Macky Sall) avait fait comprendre, clairement, qu’il n’était pas question de faire marche arrière », confie-t-il avant de préciser que cette affaire est « hautement politique…« . Il s’explique: « La vérité est qu’il y a une volonté, en tout cas c’est ma perception personnelle, de barrer la route à certains. Qui? Je ne sais pas. De mon point de vue, l’argument qui est invoqué, la procédure qui a été suivie pose problème.

Quel est l’argument invoqué? On a dit: ‘écoutez, aux dernières élections, il y a eu une pléthore de candidatures, il y a eu 47 listes au législatives. Et c’était très compliqué pour les électeurs de faire un choix. Il a même fallu recourir au Conseil constitutionnel pour qu’il autorise l’électeur à ne prendre que cinq (5) bulletins. On a dit que si ça se répète à la présidentielle, ça peut provoquer un blocage’. Mais d’après les indiscrétions, il est à peine que la plupart des listes, en réalité étaient des listes sponsorisées.

Moi j’ai personnellement entendu dire que M. Serigne Mbacké Ndiaye aurait déclaré avoir été financé par l’exécutif. Je n’ai pas entendu un démenti venant de sa part. Et puis on se connait tous au Sénégal. On connait chacun les moyens dont on dispose. Est ce que quelqu’un qui a du mal à payer son taxi peut aller payer 15 millions de caution pour participer à une élection? Je n’ai pas dit que c’est le cas de S Mbacké Ndiaye, je parle pour les 47. Lui il est honnête, de mon point de vue.

Il a carrément avoué. Mais pour les autres, certains avaient les moyens, mais d’autres pas. Et c’est connu. On a comme l’impression qu’il y a une pléthore artificielle et qu’à l’arrivé on se rend compte que le but visé était justement de justifier l’adoption d’une loi relative au parrainage… »