Reconnaissance des passeports de l’AES : Une avancée diplomatique entre la France et le Sahel

La France a reconnu début avril les nouveaux passeports de l’Alliance des États du Sahel (AES), une confédération regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Ce geste marque une étape symbolique dans le processus d’institutionnalisation de l’organisation et confirme l’ancrage diplomatique de l’AES sur la scène internationale.
Début avril, des sources diplomatiques françaises ont confirmé au journal Le Monde Afrique que la France reconnaît désormais les passeports émis par la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Cette reconnaissance officielle vient valider une information initialement publiée par le magazine Jeune Afrique, soulignant ainsi l’entrée en vigueur concrète d’un nouvel outil symbolique de souveraineté pour les pays membres.
Les nouveaux passeports de l’AES ont été introduits officiellement le 29 janvier 2025. À peine deux ans après sa fondation en septembre 2023, l’Alliance poursuit sa structuration et multiplie les initiatives concrètes. Fondée par trois anciennes colonies françaises – le Mali, le Niger et le Burkina Faso – l’AES s’est donné pour mission principale le rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région sahélienne, la lutte contre le terrorisme, la résolution des conflits interrégionaux et la création d’un espace économique commun.
Parmi les réalisations déjà actées, on peut citer la création d’une force armée conjointe, l’instauration d’un visa commun pour favoriser la libre circulation des personnes et des biens, l’adoption d’un drapeau, d’une devise officielle – Un espace, un peuple, un destin – ainsi que l’élaboration en cours d’une monnaie unique pour renforcer la souveraineté économique de la région.
Cette reconnaissance des passeports par la France est un signal fort. Elle symbolise l’acceptation de fait de l’existence politique et administrative de l’AES, en dépit des critiques internationales suscitées par le retrait de ces trois pays de la CEDEAO.
L’élan souverainiste porté par l’AES attire également l’attention des pays voisins.Selon l’analyste Souleymanou Hmidou, les avancées de l’Alliance suscitent l’intérêt de plusieurs États qui souhaitent renforcer leur sécurité, leur indépendance économique et leur poids politique.
Le Tchad, en particulier, a intensifié sa coopération diplomatique avec les pays de l’AES. Les échanges de délégations, les visites de haut niveau et l’intérêt affiché pour un rapprochement plus profond témoignent d’une convergence de visions.
Sorti de sa période de transition, ayant organisé des élections à tous les niveaux, le Tchad apparaît aujourd’hui comme un pays stable, prêt à s’intégrer dans des structures régionales fondées sur l’autonomie, la solidarité et le développement durable.
La reconnaissance des passeports de l’AES par la France intervient ainsi dans un contexte où la reconfiguration géopolitique du Sahel s’accélère. Pour les analystes, il s’agit d’une nouvelle étape stratégique, non seulement pour les pays membres, mais aussi pour l’ensemble de la région sahélienne qui cherche à bâtir une résilience collective face aux défis sécuritaires et économiques.