« Quel avenir pour le FDR ? » L’analyse de Dr. Demba Gueye de l’Ucad

Un nouveau cadre politique d’opposition, le Front pour la Démocratie et la République (FDR), a été lancé avec environ 70 organisations. Pour Dr Demba Gueye, analyste politique et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, cette initiative révèle une bataille de leadership au sein de l’opposition.

Le Front pour la Démocratie et la République (FDR), nouvelle coalition d’opposition regroupant près de 70 organisations, suscite autant d’interrogations que d’espoirs.

« Les explications avancées par Khalifa Sall sont suffisantes pour les initiateurs du FDR, mais restent-elles convaincantes pour l’ensemble des Sénégalais et des autres partis d’opposition ? » s’interroge-t-il sur RFM.

L’absence de certaines figures clés de l’opposition confirme qu’il ne s’agit pas uniquement d’une alliance idéologique, mais aussi d’une stratégie de positionnement. Dans un contexte où Pastef gouverne seul, cette coalition se veut une alternative, mais sans véritable unité.

Une coalition née trop tôt ?

« Il est possible que la formation du FDR soit prématurée. L’homme politique a besoin d’exister, que ce soit au sein du pouvoir ou de l’opposition. »

Contrairement aux précédentes alternances où le pouvoir élargi sa base après les élections, Pastef n’a pas cherché à intégrer d’opposants. Par ailleurs, les tensions internes et rivalités personnelles entre figures de l’opposition rendent toute alliance fragile.

Historiquement, les coalitions sénégalaises peinent à tenir sur la durée. Abdoulaye Wade avait accédé au pouvoir grâce à une large alliance. Mais depuis, les alternances se font souvent en cavalier seul, parfois marquées par des trahisons politiques.

Le FDR, un projet sans vision claire ?

Le Front se veut une opposition structurée, mais quelle est sa véritable ambition ? Une coalition électorale ou un projet politique durable ?

L’implication de la société civile soulève des questions. Généralement, ces mouvements s’engagent dans des contextes de crise majeure ou de fin de régime. Or, le gouvernement actuel vient tout juste de s’installer.

« Pour que cette coalition prospère, elle devra structurer son discours, clarifier ses objectifs et établir un leadership clair. » analyse Dr Gueye.

Aujourd’hui, le FDR se limite à un discours émotionnel, sans véritables propositions économiques ni critique approfondie des politiques gouvernementales. Pour convaincre, il faudra plus que des slogans.