Présidentielle 2019: Gorée institute présente son rapport sur la portée et l’utilisation des Réseaux Sociaux en période électorale…
Après un premier rapport ayant couvert la fin du mois de novembre et la première quinzaine du mois de janvier, l’Unité d’Assistance Électorale (UAE) du Gorée Institute rend publique son second rapport sur l’utilisation des Réseaux Sociaux (RS) en période électorale qui prend en compte les publications de janvier et de février. Une étude qui mesure scientifiquement la portée des réseaux sociaux sur le processus électoral sénégalais.
Ainsi, grâce à un partenariat avec le Réseau des Blogueurs du Sénégal formés par l’Institut sur les techniques de recueil, d’analyse et de production de données, le Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique rend public son Rapport N°2 sur l’utilisation des réseaux sociaux en période électorale sur la base d’un travail de monitoring qui a débuté au mois de novembre 2018 et qui va se poursuivre jusqu’au mois d’avril 2019.
Les données et chiffres exposés dans le document renseignent sur la représentativité des acteurs politiques sur les réseaux sociaux à travers le nombre de publications et l’interaction avec le public, et établissent le top 10 des acteurs politiques les plus suivis sur Facebook et sur Twitter. Le document fait une analyse des types d’acteurs et de la notion de Genre dans les publications, non sans lister les hashtags les plus usités en cette période électorale.
Par ailleurs, le Rapport 2 du monitoring des RS révèle les différentes thématiques abordées par les acteurs, ainsi que celles reléguées au second plan. Il renseigne aussi sur les langues les plus utilisées, le ton et les types de propos selon les types d’acteurs.
L’analyse politique faite dans ledit rapport dévoile une présence inégale des candidats à l’élection présidentielle sur les réseaux sociaux, tout en confirmant les tendances dégagées par le premier rapport, à savoir la domination de l’actualité relative à l’élection présidentielle, la marginalisation des femmes et la bonne qualité des publications de manière générale.
I, extenso, l’intégralité du Rapport N°2 des Réseaux sociaux en période électorale.
Sommaire
1.Introduction 4
3.Identification & formation des moniteurs 6
4.Le choix des réseaux sociaux à monitorer 7
6.Remontées & analyse des données 8
7.Résultats du monitoring des réseaux sociaux 9
1.Présence des différents acteurs dans les réseaux sociaux 9
2.Genre des acteurs ayant analysés 11
3.Format des publications analysées & Durée 12
8.Type d’acteur du principal intervenant des publications analysées 13
9.Qualité des publications analysées 15
11.Les thématiques abordées 17
12.Les langues des publications 18
13.Le ton de la publication et propos incendiaires 19
1.Une présence inégale des candidats à l’élection présidentielle sur les réseaux sociaux 21
15.Le statu quo est observé en ce qui concerne l’utilisation des langues française et wolof. 25
Liste des tableaux et graphiques
1.Introduction
L’élection reste un instant majeur dans une démocratie. Elle confère une légitimité à une équipe pour une durée bien déterminée, permet aussi de revivifier le sentiment d’appartenance nationale et de donner à la citoyenneté toute sa réalité. La synergie de tous les acteurs du processus est indispensable pour donner à l’élection toute sa réalité cyclique. Parmi ces acteurs figure la société civile qui doit adopter une posture de neutralité, gage entre autres de renforcement des principes démocratiques. Les violences électorales en Afrique sont à l’origine de nombreuses dérives et de conflits affectant surtout les femmes et les enfants. L’expérimentation du projet démocratique et l’inventaire fait, suite à l’organisation de plusieurs consultations électorales à travers l’Afrique, renseignent sur les difficultés que rencontre la plupart des Etats africains à organiser un scrutin selon les standards internationaux sans des dysfonctionnements relevés à certaines ou plusieurs étapes du processus.
Le Sénégal malgré plusieurs sursauts citoyens ayant permis de réaliser des alternances reste une démocratie à acquis fragiles. De même, ces sursauts citoyens ont été acquis dans un contexte souvent conflictuel. Les violences électorales ont caractérisé le scrutin présidentiel de 2012. Entre 2012 et 2017, deux scrutins ont été organisés (élections locales, élections législatives) ainsi qu’une consultation référendaire, toutes émaillées de difficultés et de controverses tant du point de vue organisationnel que du point de vue de la définition et du respect du cadre juridique. Au lendemain du scrutin législatif, la distribution imparfaite des cartes d’électeurs de même que l’offre infrastructurelle défaillante sont une des raisons perçues comme principalement cause d’irrégularités de ces élections. Des perspectives d’une élection présidentielle à tension s’ouvrent en 2019. En effet, plusieurs facteurs le prouvent : la loi sur le parrainage, le débat autour du mandat prolongé à la suite du référendum, la rupture du dialogue politique, etc. Autant de facteurs qui, avec le temps, iront en se renforçant car les positions sont de plus en plus tranchées à l’approche des rendez-vous électoraux.
L’observation et le monitoring électoral, dans un contexte de construction de nos jeunes Etats et de consolidation de la démocratie, participent à renforcer l’intégrité électorale, à renforcer la confiance des citoyens, à réduire le risque de conflit autour des élections. Un phénomène nouveau est venu se greffer aux facteurs d’instabilité des processus politiques et spécifiquement aux processus électoraux ceci du fait de sa généralisation exponentielle dans le monde (2 milliards d’utilisateurs) en Afrique (250 millions d’utilisateurs) et surtout de son audience auprès des jeunes qui est la frange la plus importante qui en a recours. Les réseaux sociaux sont des espaces publics qui peuvent être consultés partout dans le monde ce qui lui confère par conséquent une audience énorme. De même, la propagation de l’information se fait en temps réel, ce qui confère à ces réseaux sociaux un potentiel d’influence instantanée sans commune mesure pouvant déboucher sur des manipulations ou sur une désinformation.
Traditionnellement, les sensibilisations politiques menées par les différents partis politiques et candidats s’appuient sur des stratégies de communication visant à rallier le plus d’électeurs à leur cause. Depuis quelques années, ces sensibilisations s’appuient sur une nouvelle donne issue d’internet. Véritable outil de communication et de mémoire collective, internet aura grandement participé à plusieurs mutations en Afrique ces dernières années tant sur le plan économique, politique et intellectuel et a définitivement changé notre façon de communiquer et d’échanger. Aujourd’hui, les sites internet sont de véritables vitrines, aussi bien à usage commercial que politique, exposées au monde entier. Désormais, l’information fait le tour de la terre en une poignée de secondes. Internet ne sert plus à recevoir et à lire ses mails ou à télécharger de la musique. Le web est devenu beaucoup plus participatif et l’internaute est passé de spectateur à acteur.
En 2018, il est quasiment impossible de voir un internaute qui n’a pas connaissance des réseaux sociaux virtuels tels que Facebook ou Twitter. Ces nouveaux modes de communication et de partage d’opinion ont modifié notre conception de la communication publique et de la vie politique. En effet, un homme politique qui se respecte aujourd’hui, a un compte sur plusieurs réseaux sociaux et une armée de community manager derrière pour les gérer. L’internaute peut interpeler directement les hommes politiques sur les réseaux sociaux, ce qui pousse inéluctablement ces derniers à repenser leur stratégie de communication basé également sur les médias nouveaux (réseaux sociaux) en pleine expansion. Les forces que représentent les réseaux sociaux ne sont plus à démontrés. La capacité de mobilisation sur les réseaux sociaux est telle qu’il est impossible de s’en passer surtout en période électorale.
Ainsi dans le cadre de l’élection présidentielle 2019 au Sénégal, le Gorée Institute, avec l’appui financier de OSIWA, a initié un programme de monitoring, d’observation et de documentation du processus électoral. Une des activités de ce programme est le monitoring des réseaux sociaux en période électorale. Ce monitoring a pour objectifs de faire une revue des enjeux des réseaux sociaux relativement au processus électoral en cours au Sénégal en d’autres termes analyser d’une part l’usage que les acteurs qui interviennent sur le champ politique en font et d’autre part l’impact qu’il pourrait avoir sur le processus électoral en cours au Sénégal afin d’en tirer des enseignements et des recommandations. Ce premier rapport couvre la période du 12 décembre 2018 au 30 janvier 2019.
2.Méthodologie
3.Identification & formation des moniteurs
Le recrutement et le choix des moniteurs des réseaux sociaux se sont effectués sur une base objective de l’expérience, de la pratique mais également des dispositions des moniteurs à maitriser les enjeux de défis liés à la démocratie, aux processus politiques en général avec un lien évident avec le digital. Pour cela, le Gorée Institute a décidé de travailler avec l’Association Sénégalaise des Bloggeurs (ASB). 10 bloggeurs professionnels ont donc été identifiés au sein de ASB pour faire office de moniteurs des réseaux sociaux. Une session d’échange et de renforcement de capacité a été organisée à l’Institut pour permettre aux bloggeurs de prendre le formulaire de monitoring développé à cet effet.
4.Le choix des réseaux sociaux à monitorer
En Afrique comme au Sénégal, deux réseaux sociaux principaux sont utilisés : Facebook et Twitter. Le troisième réseau social le plus utilisé, YouTube, n’est pas considéré comme tel, mais plutôt comme une plate-forme à partir de laquelle les vidéos sont partagées sur Facebook et Twitter. Pour ces raisons, ce monitoring s’est limité à Facebook et à Twitter. En effet, si Facebook est très populaire auprès de la population en âge de voter, Twitter est le réseau le plus utilisé par les acteurs politiques, en particulier pendant les périodes électorales. En plus Twitter est connu pour être le favori des hommes.
5.Echantillonnage
Au cours de la rencontre de formation, une session a été consacrée au choix des comptes officiels des politiques, des candidats et autres personnalités influentes à suivre sur les réseaux sociaux. Pour ce faire, une longue liste de plus de 100 acteurs politiques et personnalités influentes a été établie. Les 10 bloggeurs professionnels ont noté chaque acteur listé et une note moyenne a été calculée pour acteur. Les 52 acteurs ayant obtenu les plus fortes moyennes ont été retenus pour être suivis. Après un mois de monitoring et la publication des candidats retenus par le Conseil Constitutionnel, la liste a été revue et certains acteurs y ont été intégrés. La liste des acteurs suivis est donnée par le tableau suivant :
Tableau 1: Liste des acteurs politiques échantillonnés
BABACAR BA | MOUSTAPHA DIAKHATÉ | CHEIKH BAMBA DIEYE |
ISSA SALL | MOUSTAPHA MBAMBA GUIRASSY | CHEIKH YERIM |
MODY NIANG | PIERRE GOUDIABY ATEPA | EL HADJI MALICK GAKOU |
OUSMANE SONKO | Y’EN A MARRE | SERIGNE MODOU KARA |
YOUSSOU NDOUR | ABDOUL MBAYE | AISSATA TALL SALL |
PAPE ISMAILA DIENG | BABACAR GAYE | IBRAHIMA SÈNE |
ALIOUNE TINE | FARY NDAO | THIERNO ALASSANE SALL |
PAPE DIOP | IBRAHIMA SYLLA | MACKY SALL |
SÉNÉGAL VOTE | MAMADOU LAMINE DIALLO | XUMAN |
AIDA MBODJI | DR ABDOURAHMANE DIOUF | BOUBACAR KAMARA |
BOUGANE GUEYE DANY | FRANÇOISE HÉLÉNE GAYE | MADICKE NIANG |
KHALIFA SALL | KARIM WADE | IDRISSA SECK |
OUTHMANE DIAGNE | MATY FALL | PAPE ALÉ NIANG |
CHEIKH FALL | THIERNO BOCOUM | AMADOU TIDIANE WANE |
MAME ADAMA GUEYE | AGUIBOU SOUMARE |
6.Remontées & analyse des données
La technique utilisée dans l’opération de ce monitoring repose sur l’aspect descriptif et l’analyse quantitative du contenu. L’unité de mesure est la seconde pour la production des contenus audiovisuelle et le nombre de caractères pour les textes. Cette méthodologie comprend deux principaux critères : quantitatif et qualitatif.
L’analyse quantitative mesure le temps de présence des différents acteurs politiques dans les réseaux sociaux à travers des contenus audiovisuels, ou le nombre de caractère pour les messages écrits. Le nombre de « Likes », de « Vues », de « Commentaires » et de « Partages » seront également analysés ;
L’analyse qualitative concerne les aspects non quantifiables tels que les thématiques abordé, le ton exprimé, présence de propos injurieux, etc.
Pour la remontée des données de monitoring, une application web conçue sous PHP/MySQL a été mis en place. Les moniteurs ont également été formés à son utilisation. Chaque moniteur a ainsi un compte pour la saisie des données et pour d’éventuelles corrections.
Pour l’analyse, Le logiciel statistique Stata a été utilisé pour le traitement des données et la production des différents tableaux et graphiques.
7.Résultats du monitoring des réseaux sociaux
Les résultats présentés dans cette section portent sur le monitoring du 12 décembre 2018 au 30 janvier 2019. Au cours de cette période, 619 contenus sur les réseaux sociaux ont été analysés dont 523 (84%) sur Facebook et 96 (16%) sur Twitter.
Présence des différents acteurs dans les réseaux sociaux
Le tableau suivant montre la présence des différents acteurs sur les réseaux sociaux à travers le nombre de publications, l’interaction avec le public.
Tableau 2: Présences des acteurs politiques sur les réseaux sociaux
Acteurs | Nombre de publications analysés | Nombre de Followers Facebook | Nombre de Followers Twitter | Nombre de vues | Nombre de Likes | Nombre de partages | Nombre de commentaires |
OUTHMANE DIAGNE | 73 | 302454 | 189493 | 7840 | 2805 | 1137 | |
OUSMANE SONKO | 60 | 137000 | 16400 | 1181100 | 93053 | 32100 | 39416 |
BOUGANE GUEYE DANY | 60 | 902453 | 299368 | 187845 | 5953 | 4411 | |
MOUSTAPHA DIAKHATÉ | 49 | 5000 | 1037 | 10479 | 1877 | 448 | 877 |
EL HADJI MALICK GAKOU | 49 | 104152 | 1600 | 128462 | 3466 | 866 | 840 |
MOUSTAPHA MBAMBA GUIRASSY | 39 | 99322 | 1116 | 41768 | 5180 | 744 | 274 |
PIERRE GOUDIABY ATEPA | 31 | 48719 | 1811 | 36642 | 1229 | 131 | 69 |
MAME ADAMA GUEYE | 23 | 49586 | 5481 | 65903 | 5118 | 1500 | 674 |
AGUIBOU SOUMARE | 20 | 34150 | 34148 | 8002 | 10625 | 291 | 123 |
BOUBACAR KAMARA | 20 | 72451 | 1589 | 38220 | 1449 | 1123 | 211 |
CHEIKH YERIM | 19 | 51141 | 5268 | 21617 | 150 | 0 | 213 |
CHEIKH FALL | 16 | 3290 | 22992 | 554 | 115 | 127 | |
IDRISSA SECK | 16 | 72457 | 75920 | 5777 | 2513 | 2984 | |
Y’EN A MARRE | 15 | 71933 | 69487 | 7582 | 1880 | 1116 | |
ABDOUL MBAYE | 14 | 52573 | 36900 | 4024 | 374 | 184 | |
MADICKE NIANG | 14 | 42530 | 2800 | 1568 | 284 | 962 | |
MAMADOU LAMINE DIALLO | 12 | 36158 | 11409 | 6703 | 338 | 149 | |
FRANÇOISE HÉLÉNE GAYE | 12 | 5000 | 109344 | 2677 | 1568 | 5535 | |
PAPE ISMAILA DIENG | 10 | 23700 | 4342 | 911 | 0 | 43 | |
SERIGNE MODOU KARA | 10 | 25581 | 15345 | 978 | 232 | 69 | |
THIERNO BOCOUM | 9 | 106313 | 8800 | 8622 | 581 | 708 | |
MATY FALL | 8 | 53732 | 128884 | 6864 | 4444 | 16061 | |
KHALIFA SALL | 7 | 71954 | 0 | 1796 | 370 | 114 | |
CHEIKH BAMBA DIEYE | 6 | 48783 | 5829 | 279 | 157 | 47 | |
ISSA SALL | 5 | 5046 | 4100 | 2728 | 619 | 143 | |
AIDA MBODJI | 5 | 7285 | 53311 | 1657 | 17 | 57 | |
MACKY SALL | 5 |