Invité jeudi à 20 h sur la RTS, Pr Mamadou Diouf, président du comité chargé de la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, a dressé un bilan amer mais lucide sur les zones d’ombre qui persistent autour de cet événement tragique.
« On ne sait pas combien de tirailleurs ont été rapatriés. On ne connaît pas non plus le nombre exact de victimes. Pire, on ne sait même pas où ils sont enterrés », a-t-il déclaré, pointant du doigt le manque de transparence et d’engagement dans la gestion de cette mémoire historique.
Malgré ces lacunes, Pr Diouf voit dans la récente reconnaissance par la France du caractère criminel de cet épisode une avancée majeure. « La reconnaissance du massacre de Thiaroye par la France prouve l’efficacité de la pression sénégalaise. Ce n’est pas une victoire totale, mais un pas important vers la justice et la vérité », a-t-il souligné.
Le professeur a également insisté sur la nécessité pour les deux pays de collaborer davantage afin de lever le voile sur les circonstances exactes du massacre, d’identifier précisément les victimes et de localiser les lieux de sépulture. Pour lui, cet anniversaire est l’occasion d’appeler à des actions concrètes : « Ce n’est pas seulement une question de reconnaissance symbolique. Il faut des archives, des enquêtes, et surtout des réparations pour honorer la mémoire de ces hommes et réconcilier les mémoires franco-africaines. »
Alors que le Sénégal se prépare à commémorer ce sombre chapitre de son histoire, Pr Mamadou Diouf invite à faire de cette occasion un moment de réflexion collective et un levier pour approfondir les relations entre les deux nations dans le respect de la vérité historique