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Point de mire : Le nouveau départ (Par Alassane Diawara)

Finalement, c’est le ministre tchadien des Affaires étrangères Moussa Faki Mahamat qui a été élu président de la Commission de l’Union africaine (Ua), avec 39 voix sur 54, face à son dernier adversaire et homologue, la Kenyane Amina Mohamed, hier à Addis-Abeba.

C’est au terme des trois premiers tours du scrutin que le Pr Abdoulaye Bathily, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et l’Equato-guinéen Agapito Mba Mokuy ont été éliminés.

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Il a fallu trois autres tours pour que les deux finalistes soient départagés et que Moussa Faki soit élu, après un septième et dernier tour.

Autant dire que le vote a été serré et incertain jusqu’au bout, et l’on ne dira pas que le nouveau président de la Commission a usurpé son fauteuil.

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C’est que l’enjeu socio-économique est de taille pour l’Afrique, avec le poids de la jeunesse et le désœuvrement ambiant qui s’y attache, en faisant une proie facile pour l’extrémisme islamique en particulier.

L’expérience diplomatique de près de dix ans de Moussa Faki Mahamat au service du Tchad, au sein de l’Ua et des Nations unies, et surtout sa connaissance des dossiers de lutte contre le terrorisme dans sa région, qui en est le cœur, ont dû lourdement peser dans la balance en faveur de son élection.

Le Tchad n’est pas seulement au cœur de l’Afrique, il est aussi au carrefour de la Libye, déstabilisée par la mort de Kadhafi, et du bassin du lac Tchad commun au Niger et au Nigéria, en proie aux attaques de Boko Haram.

Il reste un élément-clé du dispositif sécuritaire au Nord Mali et en Afrique centrale, et un interlocuteur de confiance des Occidentaux.

C’est sans doute ce qui explique que son ministre des Affaires étrangères ait été associé à tous les dossiers stratégiques durant les mandats de Jean Ping et de Nkosazana Dlamini-Zuma à la présidence de la Commission de l’Union africaine.

Il a participé à la mise en place de l’Architecture africaine de paix et sécurité et été président de ce conseil.

De même, il a œuvré à la tenue du Sommet extraordinaire de Nairobi, consacré à la lutte contre le terrorisme, et géré, entre autres, les crises post-électorales en Côte d’Ivoire, en Libye, au Mali, au Darfour, au Soudan du Sud et récemment au Burundi.

Autant de raisons qui justifient que Mahamat puisse être élu pour « un changement dans la continuité », selon une formule bien de chez nous, en ces périodes d’incertitude, mais surtout de quête de sécurité et de stabilité.

C’est dans un contexte de nouveau départ pour une Ua « moins bureaucratique et plus préoccupée du sort  des Africains », selon ses intentions, que le royaume du Maroc a effectué son retour après une absence de plus de trente ans, suite à l’admission contestée du Sahara occidental à l’Oua obtenue sans l’aval des chefs d’Etat.

Une longue absence pour ce royaume-clé dans le dispositif politique, économique et diplomatique de l’Afrique, et qui a été membre-fondateur de l’Oua et beaucoup contribué à la lutte pour la libération des derniers peuples colonisés d’Afrique.

Le Sahara occidental, partie intégrante du royaume chérifien, ne doit son existence qu’au parrainage entêté de l’Algérie, pays pétrolier qui a pris son bâton de pèlerin pour lui trouver des reconnaissances en Afrique, dans un contexte de crise pétrolière et d’ajustement structurel à la fin des années 80.

Trente-trois ans après, il ne reste de la crise sahraouie que quelques vieux souvenirs, le royaume ayant pu démontrer aux populations à la base que leur intérêt se trouve au sein du Maroc et non dans une indépendance sans entité géographique ni ressources viables pour le développement.

Il est heureux que près des trois quarts des pays africains aient voté pour un retour du Maroc, car c’est un grand contributeur financier et une diplomatie de poids pour l’Union.

 

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