Ousmane Sonko: L’ego en obstacle à la stature d’homme d’État (Par Adama Ndiaye)

En me replongeant dans Les grands cimetières sous la lune de Georges Bernanos, j’ai été saisi par une réflexion de l’auteur sur la grandeur d’un homme d’État. Bernanos écrit : « La grandeur est un perpétuel dépassement. » Cette idée d’un dépassement de soi, d’une élévation au-delà des contingences personnelles, m’a immédiatement ramené à la récente prestation d’Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale. Une prestation, oui, le mot n’est pas choisi au hasard. Car avec le Premier ministre, la frontière entre politique et spectacle semble toujours ténue. Ses saillies, son sens de la répartie, ses attaques ciselées font le bonheur des sites d’informations et des réseaux sociaux où ses interventions sont disséquées, célébrées, parfois moquées.
Lors de cette allocution, Sonko a fait feu de tout bois, non sans une pointe de mégalomanie. À un moment, il a lancé, avec une assurance frôlant l’egotrip des rappeurs : « Je suis politiquement indestructible. » Cette phrase, qui résonne comme un écho au « I will not lose, ever » de Jay-Z dans U Don’t Know, m’a interpellé. Elle révèle une confiance en soi indéniable, mais aussi une forme de narcissisme qui questionne. Peut-on imaginer des figures comme Nelson Mandela, Mahatma Gandhi ou Mamadou Dia – souvent comparé à Sonko pour sa résilience face à la persécution – prononcer une telle phrase ? Ces hommes, confrontés à l’adversité, ont incarné un dépassement de soi, une humilité dans l’épreuve, une capacité à rassembler au-delà de leur personne. Mandela, même après 27 ans de prison, a choisi la réconciliation plutôt que le ton vindicatif permanent. Dia, brisé par l’incarcération, n’a jamais cédé à l’autoglorification.
Chez M. Sonko, cette tempérance, cette sagesse qui font les grands hommes d’État, semble parfois manquer. Est-ce la fougue de la jeunesse ? Ou un trait plus profond de sa personnalité ? L’écrivain Boubacar Boris Diop, peu suspect de « sonkophobie », pointait déjà en 2023 un talon d’Achille : « Le risque pour lui est de penser qu’il est populaire et que cela suffit. Malgré toutes ses vertus, je pense qu’il n’est pas prêt à diriger un pays. » Cette observation, formulée lors d’un entretien avec le journal espagnol El País, éclaire un défaut majeur : Sonko s’adresse moins au peuple sénégalais dans son ensemble qu’à son camp, à ses fervents supporters, à cette majorité qui a porté Bassirou Diomaye Faye au pouvoir. Ce faisant, il s’éloigne de certains de ses propres engagements. À Bignona, durant la campagne électorale, il déclarait : « Les Sénégalais veulent retrouver leur unité, leur joie de vivre, leur fraternité. » Cette aspiration à l’unité nationale, à une joie collective, semble aujourd’hui éclipsée par des discours clivants, taillés pour galvaniser une base plutôt que pour fédérer une nation.
Pourtant, Ousmane Sonko ne manque pas d’atouts pour prétendre à la stature d’un grand homme d’État. Son courage face aux épreuves, son charisme, sa résilience et sa popularité sont indéniables. Mais pour réaliser ce potentiel, il devra sortir de lui-même, transcender son ego et embrasser une vision qui dépasse les cercles de ses partisans. Comme le disait Abraham Lincoln, autre figure emblématique de l’histoire : « Vous devez laisser tomber vos ambitions personnelles pour accomplir de grandes choses pour votre peuple. » Cette capacité à s’effacer au profit d’un projet collectif est ce qui distingue un leader populaire d’un véritable homme d’État.
Sonko se trouve à un carrefour. Il peut continuer à briller dans l’arène du spectacle politique, à captiver par ses punchlines et son aura d’« indestructible ». Ou il peut choisir le chemin plus ardu du dépassement, celui qui demande humilité, écoute et rassemblement
Es qu’ on dira sur Sonko ce qu’ on a pas encore dit de mal.
Et pourtant l’ homme reste entier et droit dans ses bottes.
Quand es ce que les chiens de macky sall comprendront-ils que la stratégie de diabolisation et de la manipulation ne fonctionneront jamais.
Tu peux pas mettre ego et narcissisme dans une phrase ou il y’a Sonko pas quand l’homme en question a plusieurs fois mis en avant ces allies au detriment des membres de son parti et qu’il a designé Diomaye pour les présidentielles
Bien dit