Niamey : La Société Civile Afrique francophone plaide pour une augmentation des fonds nationaux alloués à la santé

En prélude au Sommet de l’Union Africaine, la Société Civile Afrique francophone s’est mobilisé à Niamey pour solliciter des Leaders Africains une augmentation des fonds nationaux alloués à la santé et leur contribution au succès de la conférence de reconstitution des fonds du Fonds mondial pour la lutte contre le Paludisme, le VIH/Sida et la Tuberculose.

Plaidoyer en faveur de la mobilisation en Afrique des fonds domestiques alloués à la santé

La plateforme citoyenne de suivi stratégique des politiques de santé au Niger, le réseau mondial de la Société Civile pour l’Élimination du Paludisme (CS4ME) et la branche africaine du Global Fund Advocates Network (GFAN Africa), sous la coordination de l’ONG ISA (Impact Sante Afrique), ont organisé une réunion stratégique pour le plaidoyer en faveur de la mobilisation en Afrique des fonds domestiques alloués à la santé. Ainsi, 40 organisations de la société civile (OSC), venues de 15 pays francophones du continent ont pris part à cette réunion, en marge du 12ième Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine.

Il a été question, au cours de cette rencontre de définir la stratégie de plaidoyer avec laquelle les organisations de la société civile entendent influencer les prises de décision des leaders africains (chefs d’État et de gouvernement, parlementaires, premières dames, Ministres ; etc.) en faveur de l’augmentation des ressources domestiques pour le financement de la santé. Une déclaration des OSC et un plan d’action ont été produits lors de cette réunion. Ils vont servir de levier aux organisations de la société civile pour obtenir des dirigeants africains des engagements fermes d’amélioration du financement de la santé sur le continent.

Systèmes de santé sous-financés

La Déclaration de Niamey rappelle que l’Afrique demeure, malgré les progrès enregistrés dans le domaine de la santé, confrontée aux menaces les plus graves pour la santé publique. Les systèmes de santé restent faibles et largement sous-financés. La mobilisation des ressources intérieures est trop lente pour permettre à l’Afrique de respecter ses engagements et répondre aux besoins des communautés. Il est donc impératif pour les pays africains d’augmenter considérablement leurs budgets annuels alloués à la santé dès à présent. La Déclaration de Niamey rappelle aux dirigeants africains les engagement pris dans le cadre l’Agenda 2063, la Déclaration d’Abuja de 2001, la Déclaration d’Abuja 2013.

Des engagements qui consistaient, respectivement à parvenir à une Afrique qui abrite des « citoyens en bonne santé et bien nourris », à allouer 15% des budgets nationaux à la santé et à mettre fin aux épidémies du SIDA, de la Tuberculose et du Paludisme en Afrique d’ici à 2030. Le rappel également de l’initiative des Chefs d’Etats et de gouvernements africains lancée en février 2019 à Addis Abeba visant précisément à augmenter les investissements dans la santé et à accélérer la mise en place d’une couverture sanitaire universelle. A court terme, les auteurs et porteurs de la Déclaration de Niamey incitent les leaders de l’Afrique à contribuer au succès de la conférence de reconstitution des ressources du Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, le Paludisme et la Tuberculose prévue à Lyon en France en Octobre 2019. Ceci témoignerait de la volonté de nos dirigeants à positionner les pays africains au rang d’acteurs non négligeables de la solidarité mondiale pour la santé, une solidarité dont la survie et le bienêtre de leurs populations restent en grande partie tributaires.

Déclaration de la société civile africaine, in extenso :

Nous, organisations de la Société Civile Africaine francophone réunies à Niamey en marge du 12ème Sommet extraordinaire de l’Union Africaine de juillet 2019, faisons les constats suivants :

Chaque année des millions des personnes décèdent des maladies évitables dans nos communautés. En 2019, l’Afrique représente à elle seule 24%1 de la charge mondiale de morbidité en santé alors qu’elle n’a que 16%2 de la population mondiale. 70% des personnes vivant avec le VIH se trouvent sur notre continent ; 92% des cas soit 200 millions de cas, et 93% de décès soit plus de 403.000 décès3 liés au paludisme sont enregistrés en Afrique sub-saharienne, plus de 25% des décès dus à la tuberculose et un enfant sur 13 meure avant l’âge de 5ans en Afrique subsaharienne ce qui fait d’elle la région du monde qui enregistre le taux de mortalité le plus élevé chez les moins de 5 ans4. Plus de la moitié de la population africaine n’a toujours pas accès aux services de santé essentiels surtout en milieu rural. Les enfants, les jeunes, les femmes et les personnes vulnérables payent le plus lourd tribut.

Parallèlement, les dirigeants africains se sont engagés à : • Allouer 15% des budgets nationaux à la santé (Déclaration d’Abuja de 2001) • Éliminer le Sida la Tuberculose et le Paludisme en Afrique d’ici à 2030 (Déclaration d’Abuja de 2013) • « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien être à tout âge et face à la nécessité de mettre fin d’ici 2030 à l’épidémie du Sida, à la tuberculose, au paludisme et aux maladies tropicales négligées et combattre l’hépatite, les maladies transmises par l’eau et autres maladies transmissibles », (ODD 3, 2015) • Accélérer les efforts d’élimination du paludisme à travers la campagne « Zéro Palu !Je m’engage » (31ème Sommet UA Nouakchott, 2018 )

• Améliorer les dépenses liées à la santé et veiller à la réalisation d’un système de couverture sanitaire universelle (Déclaration d’Addis -Abeba de 2019) Sur la base de ces engagements, 11 États membres de l’Union Africaine sur 55 ont atteint le seuil de 86,30 dollars d’investissement par habitant dans le secteur de la santé nécessaire pour garantir les services minimums de soins de santé aux citoyens. Nous félicitons les 2 pays qui consacrent déjà 15% de leurs budgets publics à la santé5. Si rien n’est fait maintenant dans le sens de l’augmentation considérable des investissements domestiques pour la santé, nous perdrons bientôt toute véritable opportunité de mettre fin aux épidémies, compromettant ainsi l’avenir de notre continent. La population croit très rapidement. L’augmentation des investissements doit suivre le rythme de la croissance démographique si nous voulons ne serait-ce que maintenir les niveaux actuels de couverture sanitaire.

Dans le but d’accélérer la riposte pour mettre fin aux épidémies de Paludisme, SIDA et de Tuberculose, et d’atteindre la couverture de santé universelle en Afrique, nous lançons, au nom de la Société Civile africaine francophone, un vibrant appel à nos Chefs d’États et à nos gouvernements à prendre les actions suivantes : 1. Renforcer les systèmes de santé y compris les systèmes communautaires capables d’offrir des Soins de Santé Primaire (SSP) intégrés et complets ; 2. Respecter leurs engagements à rendre disponible à temps les fonds de contrepartie et de cofinancement pour assurer la mise en œuvre et la continuité des programmes de lutte contre le VIH/SIDA, la Tuberculose et le Paludisme ;

1 La Situation des enfants dans le monde 2009, UNICEF 2 World Population Prospect: The 2017 Revision, Population Division, Department of Economics and Social Affairs, United Nations, 2017 3 Rapport OMS 2018 4 Rapport OMS 2018 5 Tableau de bord de l’Afrique sur les financements nationaux pour la santé, 2018, Union Africaine, Fonds Mondial

3. Assurer la disponibilité permanente des intrants jusqu’au niveau communautaire ; 4. Augmenter les financements domestiques alloués à la santé pour la mise en œuvre des interventions à haut impact et leur pérennisation ; 5. Mettre en place des conseils nationaux multisectoriels de suivi des engagements, et des mécanismes de redevabilité pour la bonne utilisation des ressources allouées à la santé ; De plus, dans un effort de solidarité mondiale, nous exhortons chaque État Membre de l’Union Africaine à s’engager et accélérer le mouvement en contribuant au succès de la 6ème reconstitution des ressources du Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA, le PALUDISME et la TUBERCULOSE lors de la prochaine conférence qui se tiendra à Lyon (France) en Octobre 2019.

 

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