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Municipales en Italie: La victoire des femmes, vraiment ?

L’élection de deux femmes aux mairies de Rome et de Turin est présentée comme un signe d’émancipation. Elle suscite aussi l’inquiétude de certains, et relance le débat : dira-t-on Madame la maire ?

“La première chose que j’ai envie de dire, que je ressens, profondément, c’est que, enfin, Rome aura elle aussi une femme comme maire.” Ce sont les premières déclarations de Virginia Raggi après l’annonce de sa victoire aux municipales, le 19 mai. La candidate du Mouvement 5 Etoiles, qui affrontait celui du Parti démocrate au second tour, a décrit cette primeur comme “une nouvelle d’une valeur exceptionnelle”.

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Et, de fait, les journaux ont abondamment commenté cette victoire en mettant en avant la jeunesse (elle a 37 ans) et le sexe de la nouvelle maire, encore largement inconnue il y a peu. D’autant que cette élection se double de celle de Chiara Appendino, autre femme et autre grillina (membre du parti de Beppe Grillo), à la mairie de Turin.

Le 20 juin, au lendemain des élections, les journaux ont choisi cet angle pour le moins réducteur : Il Fatto Quotidiano titrait sur “le duo de femmes qui fait le plein”, Il Secolo XIX sur la “la victoire des femmes à 5 Etoiles” et le quotidien régional Il Centro sur “les femmes de Grillo à Rome et Turin”.

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Mari abandonné

Quoi qu’il en soit, au soir des élections, c’est surtout autour du mari de Virginia Raggi que s’est concentrée l’inquiétude. Andrea Severini a adressé à son épouse une lettre ouverte sur son blog, dans laquelle il la félicite et assure avoir toujours cru en elle. Il promet d’“être à [ses] côtés, de [la] protéger” dans ce qui, pour leur couple, “est un moment difficile”.

Cette lettre, qui a beaucoup circulé, n’est pas du tout du goût de la journaliste de L’Espresso Lara Crinò, qui explique sur son blog :

« Je me suis demandé : mais si Raggi avait été un homme, sa compagne se serait-elle comportée de la sorte ? […] Que devons-nous en comprendre, nous, les femmes […] ? Que le prix à payer, avant même de commencer le travail de maire, c’est que la famille entre en crise et que le mari devient la victime ? »

Madame la maire

A en croire des tribunes publiés par le Corriere della Sera et La Repubblica, deux journaux de référence, la première bataille se jouera dans le champ du vocabulaire, puisque le mot “maire” se dit sindaco et que sa version féminine, sindaca, peine à entrer dans l’usage, à l’instar de ministra. “Et maintenant, appelons-la ‘sindaca’”, plaide donc un journaliste du Corriere.

De même, renchérit La Repubblica : “Arrêtons de les appeler par leur prénom comme si elles avaient grandi avec nous. Les désigner comme des ‘jeunes filles’ dans les journaux est un moyen sournois de minimiser l’autorité du rôle qu’elles ont conquis.”

Carole Lyon

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