Mémorandum de la LD-DEBOUT sur la crise du Coronavirus…

#MÉMORANDUM#

LA MAL GOUVERNANCE A L’ÉPREUVE DE LA GUERRE CONTRE LE CORONAVIRUS AU SÉNÉGAL

INTRODUCTION

Partie de la Chine en fin 2019, la pandémie du coronavirus, en plus d’avoir causé de nombreuses pertes en vies humaines, a impacté négativement les systèmes économiques et financiers en Afrique et dans le monde.

Au Sénégal, depuis l’apparition du premier cas le 02 mars 2020, la covid-19 s’est vite développée et le pays a très tôt rejoint le cercle des 10 pays les plus touchés du continent africain. Pour faire face à la crise provoquée par la pandémie, le Gouvernement a mis en place une politique de riposte.

Le Secrétariat de la LD Debout, dans sa déclaration du 04 avril 2020 coïncidant avec la fête de l’Indépendance, a exprimé son soutien aux mesures prises par le Gouvernement du Sénégal : fermeture des écoles, des lieux de culte et des frontières, interdiction des rassemblements, campagne de sensibilisation pour le respect des gestes barrières, etc. Dans la même lancée, le Secrétariat a invité les Sénégalaises et Sénégalais à prendre très au sérieux cette pandémie, et à respecter scrupuleusement les règles de prévention individuelle et collective édictées par le Ministère de la santé.

Toutefois, le Secrétariat avait tenu à préciser que la LD Debout se garde le droit de rester vigilante sur la gestion que le gouvernement fera de la crise.

Le présent mémorandum, résultat de cette vigilance, se veut un document de suivi et d’analyse de la politique de riposte au coronavirus mise en œuvre par le gouvernement du Président Macky Sall, et, présente les recommandations formulées par la LD Debout en vue d’une gestion efficace de la crise et de la relance économique post covid-19.

GOUVERNANCE DE LA CRISE LIÉE A LA COVID-19

Face à la crise de la Covid-19, le Président Macky Sall a pris plusieurs initiatives et mesures que son gouvernement s’est employé à rendre opérationnelles à plusieurs niveaux.

I-1 Sur le plan de la gouvernance

Le 23 mars 2020, le Président de la République a pris un décret proclamant l’état d’urgence sur tout le territoire national. L’état d’urgence sera prolongé à deux reprises : d’abord le 03 avril 2020, ensuite le 02 juin 2020.

Le 1er avril 2020, l’Assemblée nationale lui accorde une loi d’habilitation l’autorisant à gouverner par ordonnances ; cela, à l’issue d’un vote à laquelle ne participeront qu’une trentaine de députés choisis sur les 165 que compte le Parlement.

Telle que votée par l’Assemblée nationale, la loi d’habilitation concentre beaucoup de pouvoirs entre les mains du Président de la République et prive ainsi les parlementaires de la possibilité d’exercer la mission que la Constitution leur a conférée durant toute la durée de l’état d’urgence. Cependant, la gestion de la crise sanitaire liée à la covid-19 nécessitait-elle une suspension des prérogatives du Parlement ?

Le Secrétariat Exécutif National de la LD Debout était déjà très sceptique sur la capacité de l’Assemblée nationale à exercer librement son pouvoir de contrôle à postériori des ordonnances du Chef de l’Etat. On sait que dans une démocratie qui se respecte, conférer des pouvoirs exceptionnels en toutes les matières à un Président de la République appelle un contrôle rigoureux, même à postériori. Un Parlement à la solde de l’Exécutif ne saurait se donner la liberté d’un tel contrôle à postériori, sinon, c’est pour le faire avec beaucoup de complaisance.

Des pouvoirs exceptionnels généraux ne peuvent être accordés au Président de la République qu’en vertu, des dispositions de l’article 52 de la Constitution et sur la base de circonstances particulières limitativement énumérées.

L’article 52 de la Constitution dit ceci : « Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la nation, l’intégrité du territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions est interrompu, le Président de la République dispose de pouvoirs exceptionnels ».

Il est clair que nous n’étions dans aucune de ces situations et que rien ne justifiait le recours à une loi d’habilitation.

Le Secrétariat de la LD Debout invite tous les patriotes et démocrates du pays à rester vigilants pour exiger, dès la fin de validité de la loi d’habilitation, le contrôle de tous actes de gouvernance posés par Macky Sall et ses ministres.

Macky Sall a, en outre, proposé un Plan de Résilience Economique et Sociale (PRES) adossé à un Fonds de Riposte et de Solidarité contre les effets de la COVID-19 (FORCE Covid-19). Et les Sénégalaises et Sénégalais ont promptement manifesté leur adhésion en acceptant d’apporter des contributions significatives à l’effort national de mobilisation de ressources. Une partie de la casse politique a été reçue au palais de la République, sous le feu des caméras, avec, semble-t-il, la volonté de mettre en avant une approche inclusive dans la gestion de la crise sanitaire.

Macky Sall a ensuite mis en place un comité de suivi de la mise en œuvre du Fonds FORCE COVID-19. Toutefois, comme dans la gestion du gaz et du pétrole, ce comité n’a été installé qu’après l’attribution, dans des conditions nébuleuses, des marchés des kits alimentaires.

Au départ, un comité de pilotage était publiquement annoncé dans les consultations. Mais, à l’arrivée, on découvre, sans explication aucune, un comité de suivi. Malgré tout, pourquoi Macky Sall n’a pas mis en place ce « Comité de Suivi » avant de rendre le fonds Covid-19 actif ? Quelle protection le Président de la République veut-il offrir à son beau-frère à qui il a confié la gestion du plan de résilience sociale dans la riposte face à la pandémie ?

L’objectif visé par Macky Sall est très clair : laisser passer les actes de corruption de Mansour Faye avant d’installer le comité de suivi.

Dès les premiers moments de l’annonce du PRES et de la FORCE Covid-19, la LD Debout avait exigé le respect des principes d’efficacité et de transparence dans l’allocation et l’utilisation de toutes les ressources mobilisées, notamment par l’implication de l’ensemble des corps de contrôle de l’Etat, de la société civile et des partis politiques dans la gestion, le suivi et le contrôle des ressources mobilisées.

La LD Debout exige l’audit de toutes les opérations réalisées avant l’installation du Comité, en particulier des marchés relatifs à l’acquisition et à la distribution des produits alimentaires (riz, sucre, etc.). La LD Debout est scandalisée de constater que, même dans des moments qui peuvent être assimilés à une période de guerre, le virus de la mal gouvernance continue de circuler dans le sang de Macky Sall et ses alliés.

En plus, Macky Sall et son gouvernement ont excellé dans le tâtonnement et le pilotage à vue pendant la mise en œuvre des mesures qu’ils avaient eux-mêmes édictées. Dans une allocution télévisée, Macky Sall a affirmé la nécessité «d’apprendre à vivre en présence du virus». Mais, c’est juste après que, sous la pression de la rue, ignorant l’avis des spécialistes de la santé, sans avoir respecté sa promesse de distribuer des masques, il prend des mesures dont la pertinence interroge bien des observateurs : réduction de la durée du couvre-feu nocturne, ouverture des marchés, commerces et lieux de culte, allègement des restrictions imposées aux transports publics, reprise des transports interurbains, réouverture avortée des classes, levée de l’interdiction de rapatrier les corps de Sénégalais décédés à l’étranger du covid-19… Rien d’étonnant que le virus emprunte une courbe ascendante, que le nombre de décès augmente et que les cas communautaires implosent.

I-2 Sur le plan sanitaire

La LD Debout avait interpellé le gouvernement sur le niveau actuel des capacités du pays en tests médicaux sur le virus, en lits équipés de respirateurs artificiels, et en personnel médical, aussi bien à Dakar que dans les autres régions. Jusqu’à quelle hauteur ces capacités allaient être renforcées dans le cadre du programme d’urgence ? Le peuple sénégalais doit savoir et le gouvernement a l’obligation de l’éclairer.

On peut noter un premier paradoxe : le montant alloué au secteur de la santé et de l’action sociale se limite à 64,4 milliards sur un total de 1.000 milliards, soit 6,4% du fonds covid-189. Un montant faible qui ne peut permettre de faire face efficacement à la pandémie. En effet, la crise intervient dans un moment critique pour le système de santé de notre pays. Suite à des décennies de sous-investissement, le Sénégal consacrant moins de 5% de ses dépenses publiques à la santé (la norme mondiale s’élève à 15%.), le système de santé du Sénégal, classé 173ème sur 195 pays (en 2017), était déjà à l’agonie et n’est certainement pas en mesure de gérer une épidémie de grande ampleur. Le constat est amer : le plateau technique est encore en deçà des normes standards. Un hôpital polarise en moyenne 542.000 habitants alors que la norme est de 01 hôpital pour 150.000 habitants. Le gouvernement prévoit d’aménager 1 500 lits pour la gestion de la crise sanitaire. Ce nombre est largement insuffisant si l’on se met dans une perspective d’anticipation de la prolifération de l’épidémie. Le personnel médical est mal préparé à engager le combat : absence d’équipements adéquats et mauvaise prise en charge (630 millions prévus comme primes aux 7.300 agents de santé devant recevoir chacun 50.000 F par mois).

Par ailleurs, le Ministère de la santé semble renoncer au recrutement de 300 agents paramédicaux alors que le renforcement du personnel de santé est une condition sine qua non pour une bonne prise en charge des personnes infectées et au sauvetage de vie.

Pis, le Ministère de la santé s’est permis de se substituer à la Pharmacie nationale d’approvisionnement pour commander directement des masques, thermo flashs, gants et autres équipements de protection, pour une valeur de 2 milliards de F CFA, dans des conditions très opaques qu’il faudra élucider.

Le mauvais pilotage de la crise sanitaire n’a certainement pas aidé le secteur de la santé à mieux maitriser la situation. Après l’apparition du premier cas importé communément appelé cas zéro à l’aéroport internationale Blaise Diagne le 02 mars, le premier réflexe devrait amener le Président de la République à fermer l’espace aérien. Il a fallu attendre le 20 mars pour procéder à cette fermeture, soit près de trois semaines après. En outre, en tardant à confiner la ville de Touba, premier foyer d’infection, le gouvernement a ouvert bien des avenues à la prolifération de la covid-19.

Le foisonnement des cas communautaires est le résultat de l’option insensée du Ministère de la Santé et de l’Action sociale de ne pas procéder à un dépistage massif de la population. Avec 800 tests par jour, il faut plus de 03 ans pour tester 1.000.000 de personnes et plus de 54 ans pour tester les 16 millions d’habitant que compte la population sénégalaise.

I-3 Sur le plan socio-économique

Toutes les économies du monde sont impactées par la pandémie et vont payer un lourd tribut. Le monde se prépare à une profonde récession sous l’effet du coronavirus. L’économie mondiale est menacée par une récession qui fera basculer des millions de personnes dans l’extrême pauvreté et le chômage. Les échanges commerciaux accusent une baisse drastique dans presque toutes les régions de la planète. Et, les effets domino de la crise font qu’aucun secteur n’a pu être épargné.

Pour atténuer ce choc négatif et éviter que la crise se transforme en récession prolongée, les États ont rapidement réagi par des mesures de politique économique exceptionnelles. La réponse des États est en grande partie budgétaire.

Au Sénégal, le Plan de Résilience Economique et Sociale (PRES) mis en place par Macky Sall a très vite montré ses limites :

  • Sur le plan de la sécurité alimentaire, au lieu de procéder par le cash transfert, il a choisi une opération de distribution de vivres, avec des lourdeurs énormes favorables à la corruption, au détournement d’objectifs et à l’enrichissement illicite.
  • La stratégie utilisée pour sélectionner les fournisseurs et les transporteurs de l’aide alimentaire a mis à nu une volonté d’enrichir des collaborateurs inconnus dans le milieu du commerce des denrées alimentaires. Le Ministre du Développement communautaire et de l’Equité territoriale, Mansour Faye, par ailleurs beau-frère du Président Macky Sall doit des explications aux sénégalais sur les conditions d’attribution des marchés des kits alimentaires.
  • Le Registre National Unique (RNU) qui est une construction politique envisagée sous l’angle de la réélection de Macky Sall en 2019, a très vite montré ses limites en tant que base pouvant servir à une distribution transparente des vivres ;
  • La liste des bénéficiaires de bourses familiales est parasitée par des militants et souteneurs de l’APR qui ne sont pas vraiment des personnes démunies.
  • Malgré l’engagement du Chef de l’Etat de faire parvenir l’aide alimentaire aux ayants droit dans un délai de deux semaines, force est de constater, que deux mois après, les denrées alimentaires ne sont pas encore parvenues aux populations dans leur écrasante majorité.
  • Aujourd’hui, nonobstant l’ordonnance du Chef de l’Etat pour la protection des emplois, les mesures d’aide aux entreprises sont trop timides et lentes dans leur mise en œuvre, avec à la clé la fermeture de plusieurs entreprises, impliquant d’énormes pertes d’emplois, et synonyme d’une crise sociale majeure en vue.

Le Programme de Résilience Economique et Social (PRES) devrait mettre un accent particulier sur le secteur de l’Agriculture et de l’élevage afin d’assurer la sécurité alimentaire. Une véritable stratégie devrait être élaborée pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, développer un véritable label sénégalais et exporter afin d’obtenir des devises.

I-4 Sur le plan de l’éducation

Depuis la fermeture des écoles et universités par le Président de la République le 16 mars 2020, les ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur ont tenté d’assurer la continuité des apprentissages par le moyen de l’enseignement à distance. Mais, ces tentatives ont buté sur plusieurs obstacles :

  • La faible couverture du réseau électrique et de la connectivité sur tout le territoire national, laissant en rade une bonne partie de la population scolaire ;
  • L’impréparation administrative des autorités académiques à faire atteindre toutes les cibles alors que certains établissements scolaires et même des facultés n’avaient pas la situation administrative réelle de leurs apprenants ;
  • L’accompagnement technologique encore inadéquat pour former tous les acteurs. Sur ce plan, beaucoup d’établissements scolaires du moyen-secondaire ont certes accès à la plateforme d’enseignement à distance dénommée « Planète », initiée par le projet SIMEN du Ministère de l’Education National, mais les enseignants et leurs élèves n’ont jamais pu l’utiliser. En lieu et place, les inspections d’académie font recours à d’autres plateformes (Google-classroom, Meet, Teams etc.)
  • Le secteur de l’enseignement privé semble être laissé en rade par les initiatives du MEN et beaucoup d’écoles privées peinent à faire face à leurs charges en location, salaires, eau, électricite etc. En réalité, il n’était prévu aucun accompagnement financier à leur endroit pour l’application des mesures de distanciation prévues pour la rentrée du 2 juin. C’est, sans doute, une des raisons pour lesquelles le privé catholique n’avait pas voulu suivre le Gouvernement dans sa volonté de procéder à la réouverture des classes à cette date.
  • La résistance des apprenants, non rassurés par les mesures du gouvernement, est également un obstacle majeur. Dans beaucoup d’établissements scolaires et même des facultés, des élèves et étudiants se sont opposés à la tenue des cours à distance.

Le pilotage à vue et le tâtonnement ont conduit à une reprise avortée des activités d’enseignement et d’apprentissage. Là où les partenaires ont proposé plusieurs scénarii pour la réouverture des classes, le Ministre de l’Education a limité sa communication sur la date du 02 juin, comme si au-delà de cette date il n’existe aucune possibilité de sauver l’année scolaire.

Le protocole sanitaire et sécuritaire proposé aux écoles reste silencieux sur les responsabilités quant à la mise en place des moyens nécessaires aux gestes barrières et à la distanciation physique. A la date du 1er juin, une grande majorité des établissements scolaires n’était pas encore équipée en matériel, produits lave-mains et masques. Seules quelques rares écoles ont été désinfectées.

Après le fiasco de la rentrée du 02 juin 2020, l’Etat du Sénégal a décidé, unilatéralement, lors du Conseil des ministres du mercredi 17 juin 2020, de rouvrir les classes d’examen. Cette décision non concertée avec les partenaires sociaux va à l’encontre du principe fondamental de l’égalité des chances. Depuis toujours, une infime partie des enfants du pays étudient dans de très bonnes conditions avec des infrastructures modernes et des enseignants très expérimentés, alors qu’une autre partie (la grande majorité) croupie dans des abris de fortune avec un manque criard de tables bancs, de toilettes, d’eau, d’électricité… Il reste évident que les élèves qui étudient dans des conditions misérables n’ont pas les mêmes chances que les autres. L’hivernage n’est pas approprié au fonctionnement correct des écoles en raison des désagréments que causent les pluies : destruction des abris provisoires, dégradation des toitures, inondations, etc.

Le Sénégal, vers la fin des années 1990, s’était posé comme défi de satisfaire l’obligation scolaire de 10 ans. Cela a entrainé une demande croissante en matière d’infrastructures scolaires et l’Etat était obligé de recourir massivement aux abris provisoires. Ce n’était pas une mauvaise idée. Seulement, l’Etat devait très vite mettre en place un plan de résorption des abris provisoires.
En outre, il y a les classes de type FAC (Fonds d’aide et de coopération) construites en 1952 déjà très vétustes ainsi que les classes de type FED (Fonds européens de développement) qui ne sont jamais réfectionnées.

La reprise des enseignements-apprentissages requiert, en plus de l’accalmie sanitaire, la concertation avec tous les acteurs, un travail préalable d’identification des tâches précises pour la désinfection, la définition d’un protocole sanitaire et sécuritaire claire et précis avec des responsabilités bien réparties entre l’Etat et les collectivités territoriales, la mise en place de matériel de lavage et de protection en quantité et en qualité dans tous les établissements.

RECOMMANDATIONS DE LA LD-DEBOUT

Les indicateurs de contre-performance des pouvoirs publics dans la guerre contre le Coronavirus (pilotage à vue, politisation à outrance, malversations, impréparation notoire face à un ennemi vicieux etc.) ont fini par montrer les limites de la politique de riposte du gouvernement face à la pandémie qui n’arrête pas sa progression.

Au demeurant, avec l’engagement des agents de santé qu’il convient d’encourager, le soutien financier et matériel des citoyens et l’appui des partenaires techniques et financiers, il est possible de faire un repli stratégique afin de rectifier le tir et réorienter l’action gouvernementale. Il s’agit essentiellement de :

II.1 Sur le plan de la gouvernance

  • Trouver de toute urgence une solution à l’érosion de la parole publique, du discours de la première autorité du pays : le Président de la République, qui a tout perdu en crédit
  • Dissoudre les institutions budgétivores, lieu de recasement d’une paresseuse et inutile clientèle politique, telles le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et la Commission Nationale du Dialogue des Territoires (CNDT
  • Reprendre en mains le pilotage de la guerre sanitaire par la mise effective en place d’un conseil pluridisciplinaire en appoint au Gouvernement pour mieux analyser la crise et en proposer des mesures palliatives
  • Evaluer l’état d’urgence en vue de déterminer les rapports coûts-méfaits/bénéfices aux plans sanitaire, économique et social
  • Assurer la veille pour exiger de l’Assemblée nationale le contrôle à postériori des ordonnances prises par le Président dès la fin de l’état d’urgence

II.2 Sur le plan socio-économique :

  • Faire l’audit de toutes les opérations relatives à l’acquisition et à la distribution des produits alimentaires aux populations par l’IGE
  • A l’issue de cette première opération d’achat et de distribution de vivres, opter pour l’envoi d’argent (sur le modèle des bourses sociales) aux populations vulnérables laissées en rade
  • Sécuriser la ligne budgétaire « Force Covid-19 » en soumettant les différents gestionnaires de ce fonds à la reddition des comptes, avec l’intervention en amont et en aval des organes de contrôle (ARMP, IGE, Cour des Comptes, OFNAC)
  • Reverser les fonds politiques du Président de la République et du Président de l’Assemblée nationale au Fonds du Covid-19
  • Réduire les salaires du Président de la République, et rationaliser les effectifs des Ministres, des Directeurs Généraux et des Présidents de Conseil d’Administration
  • Réviser la clé de répartition du fonds « Force Covid-19 » en privilégiant les investissements en santé, éducation et en soutenant conséquemment les secteurs impactés par la crise (tourisme et artisanat, transports, agriculture, avec une considération particulière pour le monde rural et le secteur informel)
  • Encadrer la distribution des vivres, afin d’éviter les rassemblements et protéger les contacts, pour éviter qu’elle ne soit une autre source de prolifération du virus
  • Mesurer l’impact réel de la crise sur tous les secteurs porteurs de croissance en vue de redéfinir l’ordre des priorités. A ce titre, l’agriculture peut demeurer la Priorité Numéro 1 du gouvernement, suivie de la Santé, Priorité Numéro 2. La pandémie nous aura appris que le Gouvernement a eu tort d’avoir drastiquement baissé le budget de la santé dans la loi de Finances (LFI) 2020
  • Soutenir et encourager l’esprit d’innovation observée chez les jeunes
  • Accorder une attention particulière à l’agro-industrie et à l’artisanat en les orientant vers l’exportation afin de renverser la tendance structurellement déficitaire de notre balance commerciale
  • Miser sur le secteur privé, moteur réel de la croissance, et lui faire jouer les premiers rôles dans tous les programmes-phares

Bref, il s’agit de changer de voie, de repenser l’avenir économique en inventant un nouveau modèle de développement qui nous permet de recouvrir réellement l’indépendance à tous les points de vue.

II.3 Sur le plan sanitaire

  • Pour le gouvernement, communiquer clairement sur le niveau actuel des capacités du pays en tests médicaux sur le virus, en lits équipés de respirateurs artificiels, et en personnel médical, aussi bien à Dakar que dans les autres régions ? Et Comment et à quelle hauteur ces capacités seront renforcées dans le court terme dans le cadre du programme d’urgence?
  • Motiver tout le personnel de santé à la dimension de ses sacrifices et lui assurer un équipement selon les standards requis pour mieux faire face à la guerre sanitaire. Dans ce contexte, le Gouvernement doit mobiliser des ressources financières mais également humaines (recensement et mobilisation des diplômés en santé) beaucoup plus importantes, tout en renforçant le contrôle sur la gestion des structures de santé;
  • Procéder à un dépistage massif des populations dans les zones fortement touchées en y associant le secteur sanitaire privé ;
  • Subventionner et accompagner les entreprises locales pour la production de masques, de gels hydro alcooliques et de médicaments à potentiel contre le virus.
  • Faire de l’hôpital le point d’entrée de la santé publique avec une carte hospitalière qui repose sur des indicateurs normés et reconnus qu’il conviendra de définir.
  • Procéder à un recrutement massif des personnels soignants
  • Relever à la hausse le budget de la santé
  • Financer la recherche médicale.
  • Elaborer et mettre en place, à l’instar du plan ORSEC pour les catastrophes naturelles, un plan de riposte aux crises sanitaires, tel que recommandé par l’OMS, demandé par les professionnels de la santé et adopté par d’autres pays, pour éviter l’impréparation notée.

II.4 Sur le plan de l’éducation

  • Eviter l’année blanche
  • Evaluer les initiatives sur l’enseignement à distance en vue de son intégration dans le dispositif scolaire et universitaire
  • Mettre en place un protocole sanitaire précis qui répartit les tâches entre les établissements, le ministère de l’Education et les collectivités territoriales, et qui couvre la désinfection des salles de classe, la mise en place de matériel de lavage et de protection, la distanciation physique et les gestes barrières
  • Pour la date de réouverture des classes, prendre en compte de l’avis technique du comité scientifique national et envisager des scénarii de reprise à partir de septembre, octobre 2020 ou même au-delà

CONCLUSION

Transformer la crise sanitaire en une opportunité pour développer le pays ou s’entêter dans la mal gouvernance et la corruption : telle est l’alternative face à laquelle la pandémie du coronavirus a conduit le Sénégal. La crise sanitaire que nous vivons ne peut pas s’accommoder avec l’amoncellement des scandales et des malversations, l’affaiblissement de la justice, la pénurie d’eau à Dakar et dans plusieurs localités, une gestion scandaleuse du foncier, etc.

Il faut saisir les opportunités qu’offrent l’intelligence citoyenne, l’esprit d’innovation de la jeunesse et l’intensité du patriotisme pour émanciper la nation, soutenir le développement dans la durée, consolider la cohésion nationale et augmenter la résilience du peuple face au sinistres et aux calamités. Il faut armer le peule à vaincre le sous-développement par une bonne politique de santé et d’éducation.

La sécurité sanitaire exige des mesures adéquates pour d’une part contenir la vitesse de propagation du virus, et d’autre part réduire l’expansion de la maladie. L’Etat doit assurer une capacité de résistance à grande échelle, déployer une offensive forte et globale.

Pour réussir la relance économique post covid-19, le Sénégal doit renoncer à l’incompétence, au mensonge comme outil de travail, à la transhumance répugnante, ainsi qu’à la protection des criminels à col blanc, des narcotrafiquants, des pilleurs de deniers publics, des prédateurs fonciers et des magistrats véreux.

La force publique, les tribunaux et les prisons ne doivent plus être des moyens de liquidation de ceux qui dénoncent, qui refusent la compromission, qui sont des patriotes. La guerre contre le coronavirus nécessite la mobilisation de tous les citoyens.

Fidèle à son engagement pour un Sénégal de progrès, démocratique, armé de l’équilibre entre tous les pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), la LD Debout poursuivra sa contribution pour l’élévation du niveau de conscience et la mobilisation patriotes, des ressources et des énergies pour une alternative crédible, juste et équitable.

Fait à Dakar le 22 Juin 2020

LE SECRÉTARIAT EXÉCUTIF NATIONAL

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