Maroc – Forum MEDays : Intervention de l’Honorable Abdoulaye Vilane au panel sur les investissements et infrastructures

Excellence Monsieur le Président du Forum MEDays,

Excellence Messieurs les Vice-présidents,

Excellence Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Monsieur le Wali de Tanger,

Distingues invités

Mesdames, Messieurs,

Le Président du Parlement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), S.E.M. Moustapha Cissé LO ici présent, a bien voulu me demander de prendre la parole à ce panel consacré aux investissements et aux infrastructures, afin de vous livrer en quelques mots, le chemin parcouru par la CEDEAO, ses réalisations et les défis à relever.

Permettez-moi d’abord de saluer les autorités du Forum MEDays pour le choix du thème de cette session qui reste une préoccupation pour les Etats, compte tenu de ses conséquences économiques et sociales.

LE PROGRAMME COMMUNAUTAIRE DE DÉVELOPPEMENT DE LA CEDEAO

Passer de la CEDEAO des Etats à celle  des  peuples  est  l’objectif  que s’est fixé la sous-région ouest africaine à l’horizon 2020. Cet objectif serait la matérialisation de ce qu’il est convenu d’appeler « la vision de la 2020 » de la CEDEAO. Cette nouvelle approche qui est la résultante principale du 32ème sommet des chefs d’Etats tenu en juin 2007 se veut un cadre d’ «élaboration d’une véritable plateforme commune de développement économique et social qui implique tous les acteurs majeurs de la région, notamment les autres organisations régionales, les États membres, la société civile, le secteur privé et la recherche. »
C’est une innovation qui a été fortement saluée par l’ensemble des acteurs de la région: les Etats, le secteur privé, la société civile, les producteurs entre autres. Et cela, d’autant plus que la situation de la région est alarmante et appelle une mobilisation de tous les acteurs. Dans chaque domaine l’activité économique et commerciale, la région connaît un important retard à différents niveaux, soit dans la conception soit dans la mise en œuvre des politiques ;  qu’il  s’agisse  de  l’agriculture, de l’industrie, du commerce, des services ou des infrastructures entre autres.

Les objectifs de ce programme sont clairement définis. C’est d’abord assurer une compétitivité plus accrue de l’Afrique de l’Ouest à travers notamment une réduction des coûts visant à rendre l’espace CEDEAO économiquement plus viable dans le contexte d’une économie mondialisée. Il devrait aussi assurer à cet espace une croissance économique plus forte et plus soutenue. Enfin une meilleure intégration des peuples au sein de l’espace CEDEAO, ce qui constituerait « un meilleur gage pour combattre les crises en Afrique de l’Ouest, qu’elles soient naturelles ou d’ordre politico- militaire ».

Pour la période allant de 2018 à 2022, la Commission a sélectionné sept (7) projets prioritaires dans des secteurs clés, notamment les Infrastructures, l’Énergie, l‘Agriculture et la Santé. Le coût global de ces projets est estimé à 29,66 milliards de dollars EU.
En vue de mobiliser des fonds pour la réalisation de ces projets prioritaires pour la région, il s’est tenu les 25 et 26 janvier 2018 à Abidjan, une table ronde des donateurs sur le PDC.

1. Le programme régional de Facilitation du Transport et du Transit Routiers

Adopté en 2003, les objectifs du programme sont notamment la réduction de la pauvreté, l’amélioration des services de transports régionaux, la réduction des coûts de transport et de transaction, la promotion du commerce interrégional et intra-régional, la facilitation du mouvement des personnes, des biens et des services ainsi que la promotion de l’intégration ouest-africaine. Les réalisations concrètes de programme sont entre autres :
La construction du Poste frontière juxtaposé Seme/Krake (PFJ) entre la République Fédérale du Nigeria et la République du Bénin dont la cérémonie officielle d’inauguration et de remise du poste de contrôle juxtaposé (PCJ) de Sèmè-Kraké, s’est déroulée le 23 octobre 2018, en présence du chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, de son homologue nigérian et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Muhammadu Buhari.
La construction du Poste frontière juxtaposé de Noèpé (PFJ) entre la République du Ghana et la République Togolaise a été achevée et le contrat relatif à la fourniture, l’installation et la mise en service de l’équipement a été attribué en octobre 2017. Le Poste frontière juxtaposé a été rendu opérationnel  le vendredi 26 octobre 2018 et officiellement livré aux Etats membres bénéficiaires.
Au nombre de ces projets, celui relatif à la construction de l’autoroute Lagos-Dakar en deux phases dont la première concernera l’axe  Abidjan-Lagos, longue de 1028 km,  et la seconde, l’axe Abidjan-Dakar, sur une longueur de 3000 km.
Le programme comprend également la réalisation du projet de la boucle ferroviaire Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Dori-Abidjan, et le projet ferroviaire Ouangolodougou-Bamako.

2. L’Autoroute multinationale Nigeria-Cameroun et Programme de facilitation du transport du Programme de la Transafricaine : Les travaux de construction du poste frontière juxtaposé de Mfum entre la République Fédérale du Nigeria et la République du Cameroun ont commencé en janvier 2017 et les ouvrages ont actuellement atteint un taux d’achèvement de 16%.

3. Programme de développement routier et de facilitation du transport de l’Union du Fleuve Mano : Côte d’Ivoire / Guinée / Liberia : Le Protocole d’accord a été finalisé et signé entre les parties (CEDEAO, UFM, Côte d’Ivoire, Libéria et Guinée) dans le cadre de la coordination du programme et de la mise en œuvre des composantes communes de facilitation du transport (gestion des postes frontaliers juxtaposés, du pont frontalier et des corridors).

4. Programme de Développement du Corridor Abidjan-Lagos :

Les principales réalisations comprennent :
Le Traité relatif au Corridor Abidjan-Lagos, ratifié par les Etats membres
Les accords de financement de l’étude de faisabilité et de l’ingénierie détaillée du Corridor Abidjan-Lagos, signés et ratifiés par les Etats membres
L’achèvement de l’étude sur la création de l’Autorité de gestion du Corridor Abidjan-Lagos (AGCAL)
Les activités techniques préparatoires (appel à manifestation d’intérêt, publication(s) de demande de propositions, conditions d’évaluation et octroi de contrat) sont en cours
5. Projet de développement du Corridor Dakar-Abidjan
Le projet vise à étendre le projet de développement du corridor prévu du tronçon Abidjan-Lagos à l’ensemble du corridor Dakar-Lagos. Les principales réalisations comprennent :
Le Traité du projet (Accord) pour la mise en place du Corridor Dakar-Abidjan, signé en juin 2017 par les Chefs d’Etat des 7 pays du Corridor
La Finalisation des Termes de référence de l’étude de faisabilité et de l’ingénierie détaillée

6. Énergie

a) Validation du rapport final de l’étude de faisabilité sur l’extension du gazoduc d’Afrique de l’Ouest et préparation d’une feuille de route du projet. Au regard des conclusions de l’étude, le projet sera élargi à la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso.
b) Le projet d’électrification d’urgence de trois pays de la région en cours et qui a atteint un taux de réalisation de 88% pour la Gambie, 99% pour le Mali et 75% pour la Sierra Leone.
c) Dans le domaine de l’énergie électrique, les projets d’interconnexion des Etats membres sont en cours. Cinq autres projets d’interconnexion sont en cours de préparation, en plus des projets d’énergie hydroélectrique et solaire en Guinée et au Burkina Faso respectivement.
7. En plus de ces infrastructures de transports, la CEDEAO entend faire avancer la création d’une compagnie de transport maritime « Sealink » ainsi que le renforcement du transport aérien dans l’espace sous-régionale.

8. Enfin, le projet de Gazoduc Maroc – Nigeria : le mégaprojet de gazoduc ouest-africain estimé à 20 milliards de dollars doit accélérer l’électrification dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest en plus de permettre à l’Europe de diversifier ses sources d’énergie.

DÉFIS A RELEVER

Notre Communauté fait face à de nombreux défis pour la réalisation de la Vision 2020, qui a pour but de faire de la CEDEAO une région prospère et intégrée, au sein de laquelle les populations vivent en harmonie, dans un environnement pacifique et sécurisé. Parmi les plus importants, figurent les suivants:

Les défis liés à la sécurité et la stabilité, qui sapent les efforts de développement d’un certain nombre d’Etats membres, du fait du budget de plus en plus élevé consacré à la défense et la sécurité;
Les défis liés à l’emploi des jeunes et la croissance inclusive qui, si l’on n’y prend garde, pourraient être des sources d’instabilité pour les Etats membres;

Les défis liés à l’énergie et l’interconnexion des infrastructures (transport et télécommunications…) des Etats membres, entravant les efforts d’industrialisation et de développement du commerce intra-régional;

Les défis liés à la sécurité alimentaire et au changement climatique;.

Les défis en termes de stabilité macroéconomique et de croissance inclusive;

Les défis liés à la convergence macroéconomique soutenue et à la réalisation de la monnaie commune;

Les défis concernant la ratification et la mise en application effective des protocoles régionaux;

Les défis liés à l’application effective du protocole sur le Prélèvement communautaire;

Les défis liés aux chocs internes et externes, ainsi qu’aux catastrophes naturelles.

RECOMMANDATIONS

Afin de conserver la dynamique actuelle et de consolider le processus d’intégration régionale, nous voudrions faire des recommandations portant sur les points suivants: La poursuite des activités liées à la consolidation de la paix, à la bonne gouvernance politique et économique, ainsi qu’à la lutte contre les mouvements terroristes;

La poursuite des efforts axés sur la transformation structurelle des économies de la région et le développement des infrastructures, au vu des changements qui s’opèrent dans l’environnement économique international;

L’intensification des efforts liés à la mise en œuvre des programmes d’intégration régionale: le TEC de la CEDEAO, le Schéma de libéralisation des Echanges, la Libre circulation des personnes et des biens;

La poursuite des efforts visant à assurer une bonne gestion macroéconomique et favoriser la convergence macroéconomique, condition préalable à la mise en place d’une union monétaire stable et viable;

Le respect des dispositions du Protocole relatif au Prélèvement communautaire; La poursuite des efforts visant à améliorer la gouvernance financière et promouvoir, au sein des institutions de la CEDEAO, une culture axée sur les résultats; La mise en œuvre effective du Protocole sur le Prélèvement communautaire;

La réduction des barrières/entraves à la libre circulation des personnes et des biens;

L’accélération de la ratification des protocoles et conventions de la CEDEAO en suspens. L’appui des parlementaires de la CEDEAO sera essentielle à cet égard, pour veiller à la ratification rapide de ces instruments par les parlements nationaux.

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