Mamadou Dia : Réflexions sur un parcours politique hors du commun
L’ancien président du Conseil sénégalais, Mamadou Dia, a récemment ouvertement partagé ses considérations politique et personnelle dans une interview exclusive accordée à nos confrères de Sud Quotidien. L’événement s’inscrit dans le contexte de la publication de ses mémoires, suscitant des réactions diverses, notamment en raison de la période tumultueuse des années 1960 qu’il relate.
Mamadou Dia a ainsi consenti à livrer ses réflexions face aux nombreuses interprétations de son rôle lors des événements de 1962. Il déclare ne pas vouloir appartenir à « aucune structure de pouvoir », soulignant son souci d’éthique au-dessus des phénomènes politiques. Dia, qui se décrit comme un homme chanceux, s’efforce dans son ouvrage, de restituer les faits tels qu’il les a vécus, bien qu’ils aient pu être perçus comme tranchants. Selon lui, les vérités historiques restent cruciales pour l’opinion publique.
Au cours de l’entretien, Dia évoque également ses relations passées avec des figures politiques telles que Senghor, affirmant ses convictions toutes en ayant une réticence à adopter une position de revanche. Ses relations professionnelles avec Abdou Diouf sont aussi évoquées, notamment concernant la nomination de ce dernier en tant que gouverneur, laquelle s’inscrivait dans une volonté de préparer la relève politique au Sénégal. Cependant, Dia distingue la scission entre son souci du devoir public et les ressentiments personnels.
Pour ce qui est des questions de société, Mamadou Dia s’exprime sur l’opposition au Sénégal, affirmant la nécessité d’unité pour exercer une influence véritable face au pouvoir en place. Il critique la division actuelle de l’opposition qui, selon lui, la rend inefficiente. De plus, il exprime une vision critique vis-à-vis de la situation religieuse du pays, dénonçant l’hypocrisie autour de la laïcité et promouvant une éducation islamique pour préparer un avenir institutionnel musulman, sans tomber dans l’intégrisme.
En réponse à la question de l’isolement ou d’une éventuelle intervention militaire dans le jeu politique sénégalais, Dia estime que l’armée ne pourra être une solution efficace ou démocratique. Malgré une certaine distance volontaire avec les sphères de pouvoir, il affirme vouloir offrir à la postérité une image précise et conforme de son parcours.
Ce témoignage poignant reçu par Sud Quotidien offre un éclairage précieux sur l’histoire politique récente du Sénégal et souligne la complexité des enjeux auxquels Mamadou Dia a dû faire face tout au long de sa carrière. En dépit de la personnalisation apparente de ses mémoires, il insiste sur la nécessité de reconnaître les actions politiques dans leur contexte.
