Le président sénégalais s’est rendu fin mai au Mali pour défendre une Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) « très malmenée » et promouvoir le retour des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) dans cet espace régional.
Selon Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, la page de la Cédéao semble définitivement tournée pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Il a affirmé le 27 juin à Bruxelles que les trois pays, qui ont quitté l’institution régionale en septembre 2023 pour fonder l’AES, visent une intégration régionale offrant plus de marges de manœuvre à leurs États et leurs peuples respectifs.
Participé à la 36ème édition du Forum de Crans Montana, Diop a déclaré que ces trois pays partagent une dynamique sécuritaire et économique. Les juntes militaires qui dirigent ces nations cherchent à mettre fin aux violences des groupes terroristes et au sous-développement. Il a mentionné que, grâce à leurs efforts, « le Mali a aujourd’hui le contrôle de l’ensemble de son territoire national » et évoqué la reprise de Kidal comme un exemple concret.
Malgré les avis de la communauté internationale et des organisations locales sur la nécessité de transitions démocratiques, Diop a indiqué que les dirigeants militaires « sont en train de construire des États ». Cette vision a conduit à un différend profond avec la Cédéao, entraînant des sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
En réaction aux menaces militaires de la Cédéao, Bamako et Ouagadougou ont décidé de quitter l’organisation, la percevant comme une menace. Ils renforcent désormais leurs alliances avec des pays opposés à l’hégémonie occidentale, comme la Russie et la Chine. Diop a insisté sur le fait que l’avenir de ces nations se décide localement à Bamako, Ouagadougou et Niamey.
Bassirou Diomaye Faye, nouveau président du Sénégal, s’est rendu le 30 mai à Bamako, défendant la Cédéao et prônant le dialogue avec les pays de l’AES. Il a ajouté qu’il était nécessaire de « comprendre » les difficultés et de « voir ce qu’il est possible de bâtir à partir du socle existant ».