Livre – Mankeur Ndiaye sort «Diplomatie 20 ans à la Place»

Monsieur Mankeur NDIAYE, ex  Ministre des Affaires étrangères et Président du Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (CN-Itie), organise la cérémonie de dédicace de son livre intitulé : «Diplomatie 20 ans à la Place» ce vendredi 09 mars 2018 à 17 heures au Terrou-Bi.

La cérémonie verra la présence d’éminentes personnalités et sommités du monde économique, politique, culturelle,  sportive et syndicale.

 

1 COMMENTAIRE
  • haby

    Mankeur Ndiaye, après une longue carrière couronnée par la nomination au poste de ministre des Affaires étrangères, vient de publier « Diplomatie : 20 ans à la place ».

    L’auteur a voulu trop embrasser, il a mal étreint. Il n’a pu choisir entre deux entrées. Se raconter, de Dagana, sa ville natale, aux confins du monde, que ses fonctions de diplomate lui ont permis de parcourir. Ou bien, donner des clefs de compréhension théorique de ce qu’est l’outil diplomatique en relation avec les dispositions du droit international en vigueur. L’auteur n’a pu trancher. Cette faiblesse, dès le départ, n’est jamais rattrapée au cours des plus de 300 pages de l’ouvrage. Il raconte des anecdotes de son enfance sur les rives du fleuve Sénégal. Mais même là, jamais il ne réussit à nous emporter dans son récit. Pourtant rien ne berce mieux que la musique du fleuve Sénégal dont les rythmes ont inspiré d’autres auteurs qui l’ont raconté. Je pense au défunt poète Hamidou Dia ou à mon ami Hamidou Sall.

    Mankeur Ndiaye a une passion pour les détails. Ceux qui connaissent un tant soit peu l’homme savent ce trait de caractère. De détails justement, son livre en regorge. Des surnoms rigolos de ses camarades de promotion à l’ENAM. Des vacheries que lui ont décernées d’anciens collègues. Des plans de vol ou des péripéties de recherche d’appartement à New York. Ou encore de très douteuses ressemblances entre lui et Colin Powell. Mais ces détails sont souvent mal amenés, mal insérés et malvenus, et surtout qu’ils n’ajoutent rien à un récit qu’ils ne sauveront non plus du néant. Ce néant, cimetière des mauvais livres écrits vite et par devoir.

    Je disais donc que l’auteur n’a pu trancher entre deux entrées. Car l’autre grand bloc du livre est constitué de longues pages sur les organisations internationales. Il abuse des objectifs de tel ou tel organe, comme l’ONU, l’OCI ou le NAM. Ce sont d’interminables lignes, ennuyeuses, dont l’auteur – qui prend ainsi un costume de formateur de l’ENA – aurait pu se passer tellement la moindre recherche sur Google permet de savoir à quoi sert l’ONU ou un autre organe de la diplomatie multilatérale.

    N’ayant pu choisir, l’auteur s’est perdu et a perdu son lecteur au fil des pages qu’on s’empresse pourtant de tourner – non pas que le récit soit haletant – mais pour donner une chance à un livre soporifique, ennuyeux et faible.

    Mankeur Ndiaye n’est ni une belle ni une grande plume. Il suffit d’achever péniblement le premier paragraphe de l’incipit pour s’en convaincre. Le style est, par conséquent haché, pompeux et repoussant. Quid du contenu ? Il déçoit quiconque attendait un traité de diplomatie. Evidemment, il n’était pas prévu qu’il fût du niveau de deux mémoires de diplomates m’ayant marqué : les mémoires de Talleyrand, monument d’intelligence, de finesse et de culture, et ceux plus récents, de Madeleine Albright ; un texte touchant sur un parcours exceptionnel. A la place, j’ai lu une compilation de banalités sur 20 (longues) années à la « Place » ; un goulag littéraire d’un (ancien ?) communiste.

    Le problème du livre de Mankeur Ndiaye tient aussi à un éditeur peu regardant. Le parcours de l’homme, qui a été instituteur, militant communiste et diplomate, méritait une meilleure direction éditoriale. L’ouvrage est mal édité avec de simples règles typographiques non respectées : absence d’espaces sur les guillemets, abus de majuscules là où c’est impropre d’en user, notes de bas de page placées deux feuilles avant ou après le passage auquel elles se rapportent, photos vulgairement scannées et posées en annexe. Aussi, les coquilles foisonnent, dénotant une absence de rigueur dans la relecture. L’abus d’adjectifs et adverbes rend le récit grandiloquent et enguirlandé là où l’objectif était de le rendre vivant et flamboyant. Je me permets de raconter à Mankeur Ndiaye cette anecdote d’un rédacteur en chef qui disait à ses journalistes : « pour les adjectifs, passez à mon bureau, pour les adverbes, vous êtes virés ».

    Je tenais enfin à exprimer toute ma gêne sur le fil conducteur de l’ouvrage ; du titre aux dernières lignes. La notion de « Place » qui désigne la Place de l’indépendance (qui doit prendre la majuscule par exercice de métonymie – ce qui n’est pas le cas sur le titre. Une faute en page de couverture, fallait le faire). Mankeur Ndiaye abuse du terme « Place », force le trait sur un terme qu’il doit être le seul à utiliser. Ancien diplomate de carrière, ayant passé quelques années dans ce ministère, je n’ai à aucun moment eu à entendre ce mot. Tout au plus nous disions « Ministère » ou, pour snober nos interlocuteurs, « Portion centrale ». Mais en tous les cas, l’usage massif, répétitif, abusif du mot « Place » le rend gênant tellement le forcing s’est perçu. Le parallèle avec le quai d’Orsay ou simplement le Quai, désignant le Ministère français des Affaires étrangères est évident. Un complexe ? Je ne le crois pas. Négligence ? Sûrement.

    Mais je salue l’exercice d’écriture. « Les livres sont le don des morts » nous dit Danielle Sallenave. Les livres des personnes ayant occupé de hautes fonctions publiques sont nécessaires, afin que les plus jeunes trouvent, à travers leurs parcours, des modèles. Sur celui de Mankeur Ndiaye, après lecture, mon constat est ferme : il est inutile. En outre, la clausule de l’ouvrage laisse comprendre que l’auteur prépare un deuxième tome de ses mémoires. Est-il seulement nécessaire ?

    Hamidou Anne est doctorant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis

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