Livraisons de gaz russe à l’arrêt : La Pologne et la Bulgarie victimes des sanctions de Poutine

Pas de roubles, pas de gaz, avait prévenu Vladimir Poutine en mars. Sa menace est entrée à exécution mercredi avec l’arrêt des livraisons de gaz par Gazprom à la Pologne et la Bulgarie. L’UE prévoit une « réponse européenne coordonnée ».

Sitôt annoncé, sitôt mis en application. Le géant russe Gazprom a coupé le robinet d’approvisionnement vers la Bulgarie et la Pologne ce mercredi matin, après l’avoir notifié aux deux pays concernés mardi soir. La société ne fait qu’appliquer les directives du Kremlin qui utilise son statut de fournisseur d’énergie pour contrer les sanctions internationales liées à la guerre en Ukraine.

Réponse aux sanctions occidentales
La position de Vladimir Poutine est claire depuis la publication d’un décret le 31 mars : les pays qu’il juge « inamicaux » (notamment les membres de l’Union européenne) doivent dès cette date payer impérativement en roubles les achats de gaz soumis à contrats avec la Russie. Une réponse directe aux sanctions décidées par les Occidentaux en représailles à l’agression militaire russe en Ukraine. « Ils doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. Et de ces comptes ils devront payer le gaz livré », avait précisé le président russe.

Ce à quoi ne ce sont pas résolues la Pologne et le Bulgarie. Mardi soir, les gouvernements des deux pays ont annoncé avoir reçu une notification par Gazprom de suspension des livraisons de gaz, en raison de leur refus de se plier aux exigences de Moscou. Situation confirmée par le géant russe dans un communiqué, qui précise que la sanction sera effective « jusqu’à ce que le paiement soit effectué » en roubles. Mercredi, la sanction est entrée en application.

« Nous ne céderons pas à un tel racket »
Dépendante du gaz russe, la Bulgarie, par l’intermédiaire de son Premier ministre, Kiril Petkov, a dénoncé un « chantage inacceptable » et une « grave violation du contrat » passé avec Gazprom. « Nous ne céderons pas à un tel racket », a t-il précisé, ajoutant que le pays s’est déjà « préparé à un tel scénario ». Même son de cloche côté polonais. Il s’agit également d’un chantage pour le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, constituant « une attaque directe » contre la Pologne, mais aussi contre « la sécurité énergétique de l’ensemble de l’Europe, la sécurité alimentaire de l’ensemble de l’Europe »

Pourquoi s’en prendre à ces deux pays ? La Pologne est l’un des pays de l’OTAN les plus virulents face à Moscou. Le pays est le premier à pousser à livrer des armes à l’Ukraine. Début mars, il était même question de céder gratuitement ses avions de chasse MiG-29 aux américains, qui avaient refusé par crainte, par ce geste, d’engager formellement l’OTAN dans la guerre. La Pologne aujourd’hui envoie des armes lourdes et surtout sert de plateforme logistique pour assurer les livraisons de tout le matériel occidental envoyé aux Ukrainiens.

Quant à la Bulgarie, c’est l’un des principaux pourvoyeurs d’armes de Kiev. Elle fabrique beaucoup d’armes légères et de munitions qu’elle livre « en douce”– via des pays tiers ou des intermédiaires opaques. Selon la presse bulgare, depuis le début de la guerre, la Bulgarie a exporté “trois fois plus d’armes et de munitions” que pendant la même période l’année dernière. Le gouvernement a même signé un contrat avec le Royaume-Uni pour “destruction et recyclage” d’armes qui “correspondent en tout point de vue aux besoins de l’armée ukrainienne et qui en réalité ont fini à Kiev”.

Réponse européenne coordonnée
Mais les deux pays, qui envisagent de se fournir par d’autres sources, ne comptent pas en rester là. La société polonaise PGNiG, face à « une violation du contrat » se réserve « le droit de demander des réparations ». Côté bulgare, on menace de passer en revue le contrat avec Gazprom qui concerne le transit de gaz sur son territoire vers d’autres pays, comme la Hongrie. Tous pourront compter sur l’Union européenne, qui prépare une « réponse européenne coordonnée » selon les mots de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. « Les Européens peuvent être sûrs que nous sommes unis et solidaires avec les États membres touchés », explique t-elle sur Twitter.

1 COMMENTAIRE
  • ibrahima

    Ils n’ont qu’ a venir acheter du gaz sénégalais qui sera disponible en 2023

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