L’incompétence a certes fini de pousser la compétence dans ses derniers retranchements (Omar Coundoul)*

Il a suffi qu’un maire, celui de Ziguinchor pour ne pas le nommer, affichât des images de camions de ramassage d’ordure et voilà qu’une certaine toile se déchaine pour accréditer la thèse selon laquelle le changement promis par l’édile installé depuis janvier dernier à la tête de la ville, a véritablement pris de l’altitude.

Mieux, le phénomène est associé au changement de dénomination de rues de la commune dès le lendemain de l’installation, et à des visites de chantiers, il y a une quinzaine de jours. Toute cette agitation subite a fini d’interpeler plus d’un citoyen.

Nos maires sont-ils dans l’exercice d’un sacerdoce, d’un devoir citoyen et de charges pour lesquels ils ont sollicité et obtenu les suffrages de leurs administrés ? Ou alors réduisent-ils le mandat confié par les populations à des opérations de charme qui ressemblent à de la poudre aux yeux, au polissage de leur image ou à l’exacerbation de leur goût prononcé pour la notoriété ? Toutes choses qui ne sont malheureusement que des manières détournées de masquer leurs insuffisances.

Ils sont en effet nombreux les maires qui à travers le pays travaillent sans tambours ni trompette, en toute responsabilité, et en prise directe avec les réalités du terrain, sans procuration aucune ; qui mettent des ambulances, des bennes à ordures et bien d’autres commodités à la disposition de leurs administrés ; des édiles qui ne jouent pas avec l’intelligence des populations pour assouvir des desseins inavoués ; qui n’abusent pas de leur bonne foi de ceux-ci, et ne donnent pas raison à Molière quand il dit : « l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus ».

Rendons grâce à Dieu de nous « gratifier » encore de maires plus soucieux de service public que d’exhibitionnisme public et de déambulations féeriques.

Et l’exemple qui me vient à l’esprit est précisément celui de ma Ville, Guédiawaye que je connais le mieux pour y vivre et y avoir côtoyé des responsables au propre comme au figuré. Il y a un an presque jour pour jour, le 21 septembre 2021 exactement, le maire Aliou Sall remettait à l’UCG les clés d’un camion de ramassage d’ordures pour renforcer le dispositif en place. Pourquoi à l’UCG ? Pour respecter tout simplement le parallélisme des formes et parce que, et c’est toujours bon à savoir, l’UCG est la structure mise en place par l’administration centrale et habilitée à prendre en charge ce volet important de la gestion environnementale dont celle des ordures.

Cette action s’est passée presque en toute confidentialité, je devrais dire, parce que le but recherché était moins la jouissance personnelle d’un « m’as-tu vu », devant caméras et micros, que la satisfaction morale du soldat ayant accompli sa part de devoir dans la bataille pour l’amélioration des conditions de vie et d’épanouissement de ses concitoyens.

Les temps ont certes changé ; certes le vice s’est substitué à la vertu dans beaucoup de domaines ; l’incompétence a certes fini de pousser la compétence dans ses derniers retranchements ; la caricature, la perfidie et le verbiage creux ont dévasté le champ généreux de l’esprit de discernement.

Mais l’espoir tient encore dans la capacité de certains hommes et femmes de maintenir intacte la flamme de la résilience et de croire dans des principes et des convictions fortes, dans la prépondérance du collectif sur l’égoïsme primaire. Jusqu’au sacrifice bien souvent sur le bûcher des valeurs décadentes. C’est pourquoi notre respect pour des hommes ou des femmes de la trempe d’un Aliou Sall est plus fort aujourd’hui qu’hier. Et l’histoire qui se déroule sous nos yeux nous conforte davantage dans cette posture.

* Omar Coundoul
Coordonnateur Cojer de Golf Sud