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"L'émigration clandestine : La honte et l'échec..." (Par Ramatoulaye Diallo)

Depuis quelques jours on n’en finit plus de compter nos morts, mort de nos jeunes gens, mort des bras producteurs de ce pays, mort de ceux qui incarnent l’avenir. Halte cela suffit comme cela

Aucun être humain ne peut rester insensible face à cette tragédie, aucun Sénégalais ne devrait se taire ou faire comme si de rien n’était face à cette hécatombe qui se poursuit en haute mer.

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Avec le reportage de CNN en 2017 mettant en exergue le scandale des migrants empêtrés en Lybie nous croyions avoir atteint le sommet de l’ignominie et que plus jamais nous africains n’allions encore avoir à vivre des évènements aussi douloureux ou nos semblables étaient vendus comme des bêtes de traits. Pratiquement aucun pays d’Afrique subsaharienne n’était épargné par cette épisode ce qui faisait que nos dirigeants pouvaient botter en touche, se donner bonne conscience car n’étant pas le seul pays dont les ressortissants étaient concernes.

Toutefois ce qui se passe au large de nos cotes ces dernières semaines n’impliquent pratiquement que des jeunes sénégalais et doit interpeller toutes les composantes de notre société sans exception (Association de Femmes, Guides religieux). En l’espace de deux semaines les Iles canaries ont accueillis plus de mille huit cent migrants, c’est dire plus que l’Europe n’en a reçu durant toute l’année 2019. Et jusque la personne ne s’en est offusque jusqu’à ce que les pirogues commencent à couler et que le décompte des morts oblige nos gouvernants a regarder la réalité en face.

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L’on est tenté de dire que tant que les pirogues continuaient à réussir leurs folles traversées nos gouvernants auraient continue à occulter le problème et laisser les pays réceptionnaires gérer cette patate chaude, ces cohortes de jeunes hirsutes, inconscients, désemparées mais surtout désespérés. Cette frénésie de partir on dirait un envoutement collectif, il ne se passe pas un jour sans que l’on ne soit informes d’interception de pirogues, d’embarcations ayant pris feu ou ayant coule emportant ainsi des jeunes à la fleur de l’âge partis pour un avenir meilleur car n’ayant plus d’espoir de la d’où ils viennent.

Quelle honte pour notre société, une faillite globale et générale, à voir le rythme des départs on réalise que ce sont des gens aguerris aux techniques de la navigation qui pilotent ces embarcations ce qui oriente les soupçons sur le secteur de la pêche. C’est un euphémisme de dire que ce secteur ne nourrit plus son homme a défaut d’armer une pirogue pour aller à une pêche de laquelle on va rentrer bredouille, ou à force de pêches infructueuses, décourageantes les obligeant a découper leurs pirogues pour les vendre comme bois de chauffe juste pour nourrir leur famille , ils ont trouvé un filon lourd de danger mais qui ; s’il aboutit signifierait la fin de leur soucis, le début d’un rêve de toutes les personnes convoyées et enfin un espoir de lendemains meilleurs pour les parents qui avaient casse leur tire lire pour rendre cette aventure possible.

Cependant il faut relativiser et ne pas seulement indexer le seul secteur de la pêche, avec les nouveaux profils qui empruntent ces pirogues pour rallier l’Europe nous notons des étudiants, des femmes, des mineurs, des marchands ambulants et même des jeunes issus des autres secteurs de l’économie à savoir l’élevage, l’agriculture et l’artisanat. Ce qu’il faut signaler c’est qu’a la fin des campagnes agricoles et autres il y a plein de jeunes qui rejoignent les zones de pêche pour s’assurer une survie économique car jusqu’à une date récente avant l’envahissement de nos eaux par cette multitude de flotte étrangère c’était l’unique secteur ou on ne notait pas de chômage.

Ce qui fait que tous les faisceaux convergent vers les gens de la mer mais c’est une faillite globale des projets d’emploi pour la jeunesse qui par ailleurs n’a pas la formation adéquate.
Quand un être humain arrive à un stade de désespoir aussi profond ou mettre sa vie en danger est son ultime recours cela montre à suffisance que notre société a failli par manque de solidarité, pour n’avoir pas pu anticiper sur cette tragédie.

Le cas du jeune Doudou quatorze ans embarque par son père sur ces pirogues de la mort nous rappelle avec acuité la mort du jeune Ivoirien Laurent Barthelemy Ani en février de cette annee 2020 dans le train d’atterrissage d’un avion en destination de la France. Deux vies parallèles mais tendant vers le même idéal, rêve d’un ailleurs meilleur toutes deux flinguées en plein vol ; l’une par l’inconscience d’un adulte happe par la hantise d’un cercle de pauvreté infernal et l’autre par une témérité naïve due a un esprit enfantin et rêveur mais conscient du manque de perspectives.

Deux vies, deux destins tragiques, deux pays mais même continent dont le dénominateur commun est pauvreté, chômage, désespoir pour la majorité de sa jeunesse. Cette polémiques sur le nombre de morts est un non-sens, ne serait-ce qu’un mort, c’est un mort de trop a fortiori plus d’une centaine de disparus dans des circonstances pareils est une aberration. Cette chicanerie sur le n’honore pas ceux qui s’y adonnent. A l’aune des chiffres qui nous parviennent des médias et ces cascades de deuils, de cadavres qui échouent ça et là, il urge d’agir avec des mesures concrètes suivies d’effets immédiats car la situation est critique. L’heure est grave , pour ceux qui sont leur optimisme béat qu’ils sachent que l’heure est plus que grave.

Quelle idée farfelue de criminaliser l’émigration clandestine, s’il s’avère que les capitaines et passeurs sont des anciens pêcheurs reconvertis du fait de la spoliation, du pillage de nos mers, ces personnes ne sont-elles pas des victimes avant tout et qui vaille que vaille se nourrissent eux aussi de la misère de ces clandestins. Passeurs comme passagers de ces odyssées périlleuses sont a la recherche d’un ailleurs meilleur qui risque de se solder par des désillusions car l’Europe n’est plus ce qu’elle était. L’intention n’est nullement d’excuser ou de légitimer cette pratique mais essayer de la comprendre.

A chaque fois que nos pêcheurs périssent, nous perdons plus que des êtres aimés et chéris, nous perdons doublement car ce sont des soldats de notre économie, des jeunes qui bravent ces grands mystères marins, cette grande bleue pleine de promesses de belles captures avec à la clé de quoi vivre et nourrir sa famille certes, mais pleine de pièges et de grands dangers aussi.
Aller travailler en haute mer est tout sauf une sinécure, il faut être un vrai guerrier pour aller braver ces étendues mystérieuses et mystiques ; bienheureux ceux qui se réveillent bien apprêtés car, montant dans leurs voitures climatisées pour rejoindre des bureaux tout aussi feutrés et cosy.

La pêche étant le premier pourvoyeur de devises du pays, assurément nous perdons de vaillants soldats, des pourvoyeurs de fonds, participants actifs, et ceci depuis toujours, au rayonnement de notre économie. Ces acteurs devraient être célébrés et non être les parents pauvres de notre société.

Nos états africains, réagissent toujours en sanctionnant en cote d’’ivoire après le drame de cet adolescent c’est la démolition de ce quartier a proximité de l’aéroport qui a suivi, ici on parle de criminalisation. Combien de délits ont été criminalises sans pour autant voir leur disparition ou réduction. Une nouvelle approche s’impose, une rupture dans la répartition des ressources ; tant les politiques ne seront pas inclusives, un recentrage des priorités sur l’humain n’est pas mis en exergue les gens chercheront à partir par tous les moyens. L’être humain a toujours pratique l’émigration pour des questions de survie phénomène qui existe depuis la nuit des temps. Ventre affame n’a point d’oreille, à bon entendeur salut.

Ramatoulaye Diallo
PDTE des Mareyeurs Exportateurs Sénégal

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6 commentaires

  1. Mouhamed GUEYE

    Belle analyse et des voeux pieux .Cependant il serait mieux que des entités évoluant dans le secteur de la pêche comme celle dont vous repésentez en qualité de PDTE , s’organisent à prendre en charge de maniére rationnelle les attentes des jeunes dans le cadre d’un recrument massif et des salaires décents avec l’accompagnement des pouvoirs publics par le biais de subventions et remises fiscales et sociales pour une durée plus ou moins raisonnable.

    Tout le monde a constaté l’echec des politiques d’emplois de nos Etats avec le pléthore d’agences sensées financées les jeunes.

    Donc je demande solonnellement à l’Etat du Sénégal de transférer tous les fonds destinés à l’emploi des jeunes dans un FOND D’INVESSEMENT NATIONAL piloté par le secteur privé sous son contrôle.


    • Rama

      Merci pour vos retours. La peche a elle seule si ellle est bien gérée avec toutes les richesses qu’elle produit pourrait soutenir beaucoup de secteur et prendre en charge ce dividende demographique qui est la jeunesse.

      Mais a notre niveau nous ne sommes ni outillés, ni habilités pour trouver des emplois aux jeunes.

      Nous sommes des entreprises privées et nos champs sont limites

      En revanche noius avons des idees et des projets de developpements pour caser une bonne partie. Creer de la valeur ajoutee dans la filiere peche et ailleurs

      Last but not least c est a l etat de prendre le taureau par les cornes ou tout du moins changer de paradigme et essayer d autres competences avec des idees noiuvelled et non pas toujours les tetes qui produisent les memes echecs

      merci


  2. Cécile T

    En effet, notre continent saigne et nous regardons ailleurs.

    Chaque jour, nos jeunes meurent en mer et dans le désert en fuyant l’Afrique et leur quotidien obscurci par la misère. Ainsi, l’Afrique est amputée de son avenir, vidée de ses jeunes, de sa force vive. Le coût historique, politique, moral et socio-économique sera démentiel et nous le payerons tous, car nous sommes complices de cette hémorragie. Ne pas agir n’est plus permis!


    • Cécile T

      Cette immigration clandestine,

      comme tout problème complexe devrait être considérée de manière holistique et donc sur l’ensemble de sa chaîne de valeur, pour proscrire les solutions en silo ou en bout de chaine! 


      A quand des assises africaines pour adresser cet épineux problème de l’immigration clandestine de manière idoine et durable?


  3. Malick Diallo

    domage lafrique est male partie nos dirigeant ont fait echec. un echec cuisant est pourtant le general daugaul lavait dit aux porteurs de plancardes de pas acceder a lindependance par ce que lindependance se prepare avec serieux mes domage par notre ignrance nous sommes a lindependance est maintenant nos enfants prennent pirogue pour aller checher un avenire meilleur quest ce que vraiment nos dirigeants ont fait depuis 1960 zeros ala ont fesait que du griotisme aux depart de 1960 on t nas eu unpresident poete tres nule est egoiste ingrat yavait le president mamadou Dia qui boudrais mettre ce pays sur les raills es dimage ont nas fait unechec cuisant. ont continue sur le meme systeme qui nous portent prejudice nous tous cest honte . ou vas ce pays .tant ce sale systeme nas pas changer on vas nule part chacun cherche son interet vraie ingratitude nos politicien malhonnete passent tous leurs temps a faire des queurelles instestines pour interet personnelles lafricain est modie ondirais que ont vie dans la jungle .ont vas lafrique mon afrique .


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