« Le Sénégal à l’heure de la réinitialisation du monde de l’après Covid-19 » (Par Madické Ndiaye)

Beaucoup de gens sont littéralement dépassés par la tournure prise par l’actualité au Sénégal depuis le mois de novembre dernier avec la reconfiguration amorcée du paysage politique, le bonapartisme que le président de la République ambitionne, de plus en plus ouvertement, d’instaurer dans notre pays et les développements sociétaux inédits auxquels nous assistons.

Voici quelques repères qui permettent, à partir du fil d’ariane de la géopolitique en œuvre au plan international de contextualiser le cours des évènements dans notre pays :
Le 31 décembre 2020, par la monopolisation deux heures et demie durant de toutes les télévisions, en payant pour certaines chaînes, comme on le ferait pour n’importe quelle publicité commerciale, Macky Sall a imposé aux Sénégalais son « grand entretien » après le discours habituel à la Nation.

Il nous aura, à cette occasion, gratifié d’une posture impériale à la Jules César ainsi que des messages subliminaux pour apprêter les consciences dans la perspective d’un onirique troisième mandat. Sur le terrain de l’économie arachidière, de renversantes confusions sur la stratégie d’industrialisation de substitution d’importation versus celle de substitution d’exportation ont fini de nous édifier sur les improvisations constatées au fil des campagnes alors qu’en matière d’endettement, les contradictions n’en finissent pas entre une piteuse plaidoirie pour l’annulation de dettes auprès des créanciers internationaux et l’affirmation sans souciller de possibilités d’endettement extensibles à l’instar des pays du Nord.

Son régime devrait plutôt battre sa coulpe pour avoir entraîné notre économie dans une voie de garage, en dépit de la propagande tous azimuts déployée en vue de substituer la fiction au réel. Au plan de la compétitivité extérieure par exemple, le meilleur indicateur d’une insertion réussie d’un pays dans le marché mondial est sa balance des paiements. Le critère de compétitivité retenu à ce titre est le compte courant dont le déficit structurel est plafonné à 5% du PIB. Sur ce registre, le Sénégal s’enfonce désespérément dans le rouge avec une contreperformance moyenne de 8,3% au cours des trois dernières années.

Dans leur fameux cadre de référence des politiques publiques, le ci-devant PSE tant chanté, il devait être ramené à 5,9% en 2018 et il a plutôt caracolé à 9,5% (soit un recul de 500 milliards de F.CFA). Comment pourrait-il en être autrement avec des investissements publics inefficaces, une productivité introuvable et des managers publics évalués exclusivement selon leurs scores électoraux. Il s’en est fallu de peu avec la suppression (très discutable) en 2015 de ce ratio du pacte de convergence de l’Uemoa, de même que celui relatif aux arriérés de paiement, question sur laquelle nos officiels ont été pris en flagrant délit de diffusion de contrevérités.

D’un autre côté, notre pays s’est aligné sur l’agenda du « Grand Reset » par lequel les instances de la Commission Trilatérale, de Bilderberg et du forum de Davos redessinent la carte géopolitique mondiale de l’après Covid-19. Sous l’impulsion des puissants de ce monde comme Bill Gates, les grandes firmes pharmaceutiques, la banque Goldman Sachs ou les Rothschild et leurs agents dont Emmanuel Macron et Jacques Attali, ces prétentieux se fixent comme objectif de réduire la population mondiale, africaine en particulier et de forger au moyen d’une utopie transhumaniste une nouvelle société « humaine ».

Telle est la clé de l’énigme des nouveaux programmes scolaires LGBTQI dont l’Unesco est chargée de la diffusion et qui a créé l’émoi chez nous la semaine dernière.
Les puissances d’argent utiliseront des leviers aussi divers que le terrorisme, le réchauffement climatique, les campagnes de vaccination et les techniques d’ingénierie sociale pour arriver à leurs fins. Avec en plus une monnaie dévalorisée qu’ils déversent sur le monde, le stock total d’argent égale aujourd’hui trois fois la richesse mondiale réelle, entraînant une bulle monétaire qui se traduit par des taux d’intérêt négatifs et qui va inévitablement éclater, d’une manière ou d’une autre.

L’or restant comme par le passé la vraie monnaie, ces vautours suscitent des guerres un peu partout où ils en sentent l’odeur. L’armée française a été prise en train de voler de l’or des mines du Mali. Idem pour ce qui s’agit de l’or noir. C’est pourquoi, l’ancien ministre Thierno Alassane Sall a été bien inspiré de prendre l’opinion à témoin, pour tout ce qui pourrait lui advenir, après la publication de son livre-témoignage « Le protocole de l’Elysée »

De toutes façons, la démocratie est devenue une simple formalité dont on ne s’embarrasse même plus. Si ce n’est la manipulation du Big data comme au Sénégal lors des élections présidentielles de février 2019, on procède simplement au passage en force avec des scores qui feraient pâlir d’envie Leonid Brejnev, ainsi que l’a réussi Alassane Ouattara en novembre 2020.

Dans l’incapacité d’expliquer l’inexplicable, l’oligarchie mondiale et ses affidés tropicaux n’ont qu’un seul mot à la bouche : complotisme. Comme si cela pouvait tenir lieu d’argumentaire. Grâce à l’internet, leurs forfaits sont instantanément mis à nu. C’est pourquoi, il faudra s’attendre à leurs assauts répétés sur ce terrain.

Madické Ndiaye
Economiste, Géopoliticien
Militant panafricaniste
2 COMMENTAIRES
  • Abou

    MACHALLAH ,c’est ce qu’on appelle un vrai analyste ,merci pour tout et surtout pour la profondeur de l’analyse.

  • Miangar

    Excellente analyse ! C’est ce dont nous avons besoin dans nos médias à la place des folklores que nous, journalistes, servons au public. Chapeau pour cela

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