Interview Senego – Xuman sur le phénomène Assane Diouf: « ça ne va pas s’arrêter là, ça va empirer »

Dans un contexte politico-socio-judiciaire tendu, marqué par les récentes arrestations de Oulèye Mané, Amy Collé Dieng Penda Bâ, et le buzz crée par Assane Diouf, le Sénégal vit un tournant compliqué. Observateur averti et expert avisé, Gunman Xuman a livré son analyse à Senego. Le rappeur, présentateur du fameux journal rappé dissèque ces faits marquants qui ont récemment alimenté la politique au Sénégal et même à l’échelle internationale. Voici l’entretien exclusif qu’il nous a accordé au téléphone.

L’affaire Assane Diouf: « C’est l’hypocrisie qui entoure cette affaire qui est paradoxal »

« Si aujourd’hui Assane Diouf est devenu un phénomène, c’est la somme de plusieurs choses. Il a des milliers de followers sur le net. Il y’a des milliers de gens qui le suivent pour chaque jour regarder ce qu’il va raconter de nouveau. Il sait qu’il bénéficie d’une certaine impunité. Il sait qu’il est aux Eatats Unis, loin du Sénégal et personne ne peut l’empêcher de faire ce qu’il veut.

Ce qui est paradoxal c’est l’hypocrisie qui entoure cette affaire. Car la plupart des gens qui regardent ses vidéos sont les même à condamner la vulgarité. Or, il y’a une manière de dénoncer en envoyant des plaintes à Youtube et en ce moment Youtube pourra prendre des mesures pour protéger ou verrouiller ses contenus. Les gens reprennent la vidéo, la repostent sur Youtube et ça devient viral.  C’est quelque chose qui de jour en jour est amplifié. Ca va empirer. Et croyez moi sur parole que ça ne va pas s’arrêter là. Et c’est ce qui m’effraie. Aujourd’hui c’est Assane Douf, demain, ce sera un autre.

Le drame c’est que cette affaire intervient au moment où la cote de Macky est en train de baisser. Ce qui fait que d’une part on pourrait donner raison à Assane Diouf. C’est vulgaire oui, c’est insultant oui. Mais, est ce qu’on peut arrêter ces nombreux « Assane Diouf » qui ont la connexion internet chez eux, qui disent ce qu’ils pensent dans leurs chambres ou dans leurs salons à travers les réseaux sociaux. Ce qui est sûr c’est que Assane Diouf va créer des émules. C’est le plus connu pour le moment, mais je suis sûr qu’il y’en aura d’autres. Réseaux sociaux veut tout dire
Un réseau ne peut pas le stopper. On n’arrête pas la mer par ses bras ».

Amy Collé: « Elle a été trahie »

« Elle a été victime de même que Ouleye Mané. Elle s’est exprimée dans un cadre privé, un groupe whatssap de pro Karim. Elle a été trahie par les gens de son entourage. Donc elle a été victime.

Les hommes politiques disent des choses qui sont pires, même s’ils n’insultent pas ouvertement le Chef de l’Etat. Pourquoi ils ne sont pas tous arrêtés par le procureur justement parce que c’est dans la logique politique, c’est dans le cadre politique ».

Volonté manifeste du régime d’installer la Peur chez les Sénégalais

« J’ai l’impression que bon nombre de Sénégalais pensent qu’on bafoue leurs libertés quand on les empêche de parler.

Avec ces arrestations, le régime veut installer la peur et je ne crois pas c’est ça qui soit la solution. Si par exemple un million de Sénégalais décide de reprendre les mêmes mots qu’Amy Collé est ce que le procureur va tous les arrêter, je ne le crois pas. C’est beaucoup plus pour intimider les gens et justement ce n’est pas cela qui va empêcher les gens de parler. Mais d’autre part, si nous sommes dans un pays de liberté, il faut savoir également prendre ses responsabilités . Moi je n’irai jamais à la place publique pour dire centaines choses ».

Amalgames: « privé ou public, la législation n’est pas claire »

« En matière de loi ici au Sénégal, il y’a beaucoup d’incohérences par rapport à ce qui est public ou privé. On n’arrive toujours pas à faire la part des choses entre ce qui est public et ce qui est privé. A ce niveau là, la législation n’est pas claire.

Qui doit être arrêté dans le cas de la diffusion de données personnelles? A quel moment doit on dire ce qu’on veut dire, ou doit on le dire? Qui n’a n’en pas le droit? Est ce que la presse a le droit ou le devoir  de relayer ces infos? Qui est ce qui a le droit d’intervenir en cas de délit? Donc beaucoup de choses ne sont pas définies

Il y’a eu dans le passé des audios qui concernaient des femmes qui parlaient de sexe et ça s’est retrouvé sur la place publique. Cela a suscité une polémique nationale et on parlait partout de dégradation des mœurs etc.. alors qu’à la base, cela s’est passé dans un cadre privé. Dans le privé le Sénégalais est de nature vulgaire, il n’y a pas de filtres, pas de censure. Selon l’endroit où on se trouve, on peut se permettre de dire des choses que la morale interdit et c’est presque partout dans tous les pays du monde

Il y’a eu les audios des Tange qui ont été enregistrés dans un cadre privé et qui se sont retrouvées sur les sites internet. Pareille pour l’affaire Mbathio et Dèesse Major.

Ces cas doivent obliger notre loi à s’adapter. Il faut qu’on ait de nouvelles lois pour permettre aux gens de comprendre ce qu’ils on le droit de dire ou pas dans tel ou tel endroit. Et en ce moment là les gens sauront. Ceux qui violeront celte loi, c’est à leurs risques et périls ».

Affaire Clédor Sène-Pape Samba Mboup: « Pire que celle d’Amy Collé »

« On parle de l’affaire Amy Collé et consorts, pourtant il y’a eu pire avec les conversations audio entre Clédor Sène et Pape Samba Mboup.

Pour la bonne marche du pays le procureur devait s’auto saisir de ce dossier, car il s’agit de choses extrêmement graves dont ils parlaient. Est ce qu’ils ont été mis en prisons pour cela? »

Par Amadou Lamine Mbaye