La question de l’identité nationale est tellement grave qu’elle ne doit être abordée qu’avec la plus extrême des prudences. Or, ignorant les dégâts causés en Côte d’ivoire par l’infect débat sur l’Ivoirité lancé il y a vingt ans par un faiblard Président, Henry Konan Bédié, au point de déboucher sur une guerre civile, voici que le Sénégal risque de se retrouver dans une tempête identitaire du fait d’un régime aux abois et en quête d’arguments, y compris les plus malsains, pour retrouver des couleurs. Sommes-nous à la veille de nous trouver face au chiffon rouge de la sénégalité? Attention: Danger!
On ne peut déjà que trembler en voyant le régime perdu donner l’impression de s’engager dans une redéfinition des conditions de candidatures à l’élection présidentielle en imposant aux citoyens sénégalais ayant une autre nationalité (si nombreux) de l’abdiquer 5 ans à l’avance pour pouvoir être éligible. D’évidence, c’est un projet taillé sur mesure. Le plus myope des observateurs sait que ses premières cibles sont le fils de l’ancien Président Wade et un ancien Premier ministre du pouvoir actuel devenu un opposant, l’un et l’autre soupçonnées de vouloir commettre un crime-de-lèse Macky: se présenter à la candidature suprême face à lui. Mais ne nous y trompons pas: la réforme envisagée ferait plus de dégâts qui iront bien au delà de ces deux personnes (d’où la nécessité de ne pas personnaliser la discussion).
Beaucoup de sénégalais vivant dans le pays ou dans la diaspora ont été amenés par les chemins du destin à acquérir une autre nationalité. L’un d’entre eux, un Allemand, Abou Lô, est même devenu Ministre du pouvoir actuel -de quoi se tordre de rire de voir que ceux qui l’ont nommé malgré sa nationalité s’essaient à discriminer d’autres Sénégalais portant d’autres nationalités. Et puis qui ne nous dit pas que Macky Sall lui même n’est pas concerné à titre personnel par la chose?
En réalité, tout le monde sait que les sénégalais de l’extérieur gagnent leur vie et contribuent au Pib du pays par leur envoi d’aide financière à leurs familles restées au pays (plus que l’aide au développement). On observera aussi que lorsque nos équipes nationales, notamment de football ou de basketball, jouent, les sénégalais évoluant dans de grands championnats extérieurs, avec une double nationalité, viennent souvent à la rescousse, à la grande joie des dirigeants et du peuple.
Vouloir alors simplement, pour des considérations politiciennes, trancher au vif cette question sensible relève d’une irresponsabilité et d’un manque de jugeote dommageables même dans le court terme au Sénégal. Il faut donc demander à Macky Sall et à ses sicaires d’y aller doucement. Car, dans une ère de mondialisation où la liberté de circulation des personnes, biens et services est un atout, disposer de citoyens pouvant bénéficier d’un statut multi-cartes, loin d’être un obstacle, devrait être un atout à préserver.
Que l’on veuille encadrer les conditions d’accès à la magistrature suprême, peut être de bon sens si cela se fait en toute lucidité et finesse. En évitant d’abord le piège de la démagogie qui serait la pire des attitudes ici dans une période où, par souci d’efficacité, on devrait même envisager d’importer des dirigeants compétents (donc puiser dans le vivier si riche de la diaspora sénégalaise) pour prendre en charge les destinées des nations, comme on le fait pour les entreprises. A l’ère de la déterritorialisation des pays, induite par les technologies de l’information, et qui promet d’effacer les frontières physiques, la redéfinition du patriotisme ne peut plus être différée.
Ce que je crains hélas, face à cette question majeure, c’est que pour avoir confié les rênes du Sénégal à des…écervelés, impliqués dans des crimes financiers, les Sénégalais risquent de se retrouver plongés dans un sale débat, débat de caniveau, comme celui qui anime ces jours-ci les états majors du parti au pouvoir, l’Alliance pour la république (APR) qui continue sa folle chevauchée vers le néant en y entraînant un peuple sonné qui n’en revient pas de ce qui lui arrive!
La question de la double nationalité n’est pas banale; on ne doit la toucher qu’avec beaucoup, beaucoup de précautions…afin de ne pas donner droit à un faux débat sur le patriotisme là où, en vérité, d’étroites considérations politiciennes sont à son origine.
De grâce que les gens de l’Apr, leur président en tête, restent dans leurs Jeux Olympiques des insultes entre eux, et qu’ils ne rabotent pas ce qui reste de nos acquis…
Ps: Drôle de pays où même les chefs du Pds ne veulent pas de députés de la Diaspora. Il faut les combattre tous ces politiciens aux petits pieds, de l’Apr au Pds, en passant par le Ps et co. Il faut du nouveau pour sauver le Sénégal de la médiocrité, dont le débat sur la nationalité n’est qu’une facette, qui l’étouffe.
Bonne semaine!
Atencion Mr le precident macky abdoul mbaye karim wade son des senegalés com tous le Senegal parque a tous