Le chaos économique et l’échec de la politique de l’emploi (Par Bassirou Seck*)

La situation macro économique générale du Sénégal met en évidence l’existence d’un déséquilibre quasi-structure entre le rythme de la croissance économique donc de la création des richesses et celui de l’accroissement démographique dans un contexte d’augmentation de la demande en biens et services sociaux et de gestion rigoureuse des ressources publiques.

On note une persistance des inégalités de développement entre différentes régions et couches sociales. L’économie sénégalaise n’a pas de branche de relais de l’agriculture. En dépit de leur dynamisme, la pêche, le maraîchage et le tourisme ne peuvent pas jouer ce rôle en raison de contrainte liées à l’offre et aux caractère limité de leur effet multiplicateur.
La politique économique du President Macky Sall à travers son PSE n’a pas donné la pleine mesure de son efficacité.

La faible performance des recettes fiscales, fortement dépendantes des droit de porte, se traduit par un matraquage fiscal exercé sur les contribuables sénégalais. Même si entre 2012 et 2017 on a eu 11963 Milliards de recettes budgétaire contre 8707 Milliards de dépenses courantes, il n’en demeure pas moins que 97% des activités restent informelles et échappent au système d’imposition.

Cette situation a accru, pour l’Etat, la difficulté d’arbitrage entre le remboursement de la dette intérieure, la mise à disposition de la masse salariale et les investissements. Un gouvernement c’est d’abord la fiscalité avant d’aller emprunter des milliards, l’Etat devrait songer à élargir l’assiette fiscale et faire payer un peu à chacun.

Le Sénégal a une croissance de 7 % me dira t-on. Il faut juste savoir que la croissance est mondiale actuellement. C’est une tendance mondiale grâce à la conjoncture. Une croissance conjoncturelle dépend de facteurs volatiles:
-Les cours mondiaux ont drastiquement chuté parce que le pétrole à baissé jusqu’à 30 à 40 dollars le baril. Il suffit donc que le baril remonte, pour que nous perdions des points.
-Il y a une conjoncture pluviométrique correcte sur ces 7 dernières années. Ces facteurs combinés font dire à la Banque Mondiale que  » la croissance est là mais c’est une croissance conjoncturelle ».

Il faut alors préciser que cette croissance ne sert pas le Sénégal et n’est pas solide. Une bonne croissance crée des emplois et cette dernière est générée par 3 moteurs que sont, la demande des ménages et leurs épargnes, l’investissement des entreprises, et dernier lieu l’action de l’Etat qui donne l’action publique. Au Sénégal les deux moteurs sont faibles: les ménages n’ont pas assez de revenus, les entreprises croulent sous le poids de la dette intérieur. Donc l’Etat n’a pas le droit de freiner son action sous prétexte d’embelir son profile budgétaire.

On nous parle de croissance au moment où 80% de notre économie est entre les mains des étrangers, 62% de notre économie est tersiarisée et ce secteur tertiaire est porté par les banques, la téléphonie, les assurances ,etc. Qui ne sont pas à nous. Dans les pays développés la part du tertiaire peut être grande car ils ont déjà fait leur révolution industrielle mais nous, contrairement à ce qu’on a constaté avec le regime du President Macky Sall nous gagnerions à avoir un tissu industriel dense et encadrer le secteur Privé national.

Dans le budget du Sénégal pour le plan triennale d’investissement 0,97% seulement est réservé à l’industrie or aucun pays ne se développe sans industrie. Notre zircon et notre Or sont exportés brut vers des pays qui vont en faire des merveilles et revenir nous les revendre, nos fruits et legumes sont exportés sans transformation. Un pays comme l’Arabie saoudite achète nos mangues, les transforment et nous les revend sous forme de boissons.

Il nous faut donc une économie endogène forte. On est dans un monde de compétition, les pays développés ont souvent une surproduction et cherchent des débouchés il nous faut aller vers une substitution des importations en mettant sur place un tissu industriel dense pour notre consommation nationale et pour l’exportation. Le Secteur Privé national dans le cadre du PSE 1 devrait apporter une contribution de 1600 Milliards mais au final ils n’ont donné que 400 Milliards par ce qu’ils n’ont pas confiance en l’Etat qui semble protéger les étrangers à leurs détriment.

Alors pour revenir à notre schéma de départ, pour une bonne croissance il nous faut d’abord une demande des ménages et leur épargnes ensuite l’épargne des ménages donnera de la liquidité aux banques qui à leur tour pourront prêter de l’argent aux entreprises pour qu’elles investissent. Mais pour cela l’Etat doit garantir que celles qui nous viennent de l’extérieur ne soient pas plus compétitives que nos nationaux, l’Etat doit créer un cadre fiscal incitatif pour les entreprises nationales pour leur permettre de souffler (PME,PMI). En retour qu’ils soient des entrepreneurs patriotes qui accompagnent le développement du pays, l’Etat doit renforcer le cadre de financement pour faciliter l’accès aux crédit (renforcer des structures comme Fongip,etc. qui ne sont connues que de 5% des entrepreneurs du Sénégal).
Le Président Macky Sall n’a pas réussi à avoir 500.000 emplois parce que l’emploi est créé par le secteur privé et il lui fallait être en partenariat avec celui ci et lui ôter les obstacles.
« On ne peut pas gêner sa productivité, gêner sa compétitivité, ne pas lui fournir une énergie pas chère, lui mettre des biais et lui demander de créer des emplois » disait le Président Idrissa Seck.
Devant cette situation la Stratégie de régime actuel n’a eu de cesse d’emprunter des milliers de milliards pour financement des projet publiques sans impact immédiat et qui ne génèrent pas beaucoup d’emplois.
Il n’est pas mauvais d’emprunter. Mais accordons nous sur certains faits:
D’abord on emprunte pour financer le secteur privé qui crée des emplois, mais s’endetter pour un TER à coup de milliards sur 53 km, pour des dépenses de prestige, pour des immeubles à Diamniadio, pour un CICAD de 80 Milliards que nous n’utilisons que par 6 mois, au moment où le taux de pauvreté est de plus de 50 %, les très pauvres 46%, c’est décevant.
Ensuite nous prenons souvent l’exemple des pays développés pour justifier la dette mais également le ratio de l’UEMOA qui est de 70% pour se dire qu’on est dans la norme, or ces 70% ont été copiés de l’UE qui ne regroupe que des pays développés, deja industrialisés. Alors je pense que le Sénégal, un pays pauvre très endetté, ne devrait même pas dépasser la barrière de 50%.
Enfin je le disais plus haut avant d’emprunter l’Etat a trois moyens de financement, le premier ce sont nos ressources souverraines(impôts et droit douane, etc.), ensuite vient nos ressources naturelles et c’est en dernier lieu le recourt à la dette.
Donc avant d’emprunter autant pour des projet de prestige n’ayant pour finalité que séduire un lobbying électoraliste, renvoyons notre marge fiscale.
Le dernier rapport sur les dépenses faisait etat de 520 Milliards d’exonération non rentables accordées à des multinationales qui n’en ont pas besoin, l’exonération de Sabadola est épuisé et on vient de lui en signer une nouvelle jusqu’en 2022.
Un État complexé, avec un dirigeant complexé qui tue son secteur privé national et sert les occidentaux, ne verra même pas l’ombre de l’émergence. Il nous faut alors le changer et c’est maintenant ou jamais.

Bassirou SECK coordonnateur de Bokk Gis Gis Commune Thies-Ouest.
Membre de la cellule de communication nationale Bokk Gis Gis
Chargé de la communication communale de la coalition Idy 2019 à Thies

3 COMMENTAIRES
  • Xamxam

    Tres belle analyse je ne suis pas politique mais c’est très cohérent.

  • Salé

    Cest qui? Mais ces genres articles au moins nous apprennent quelques choses.je suis avec Macky mais je suis quand même d’avis avec lui sur beaucoup de plans

  • Wilson

    Pertinent belle analyse

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