Le film « Black Tea » d’Abderrahmane Sissako explore des thèmes d’amour et de rencontre à travers le rituel du thé. Il s’agit d’une construction narrative où se mêlent différentes cultures et langues, rendant l’œuvre riche et internationale. L’histoire commence par un mariage avorté alors que la mariée, Aya, refuse l’union pour éviter un futur basé sur le mensonge. Elle s’enfuit, guidée par une musique libératrice, vers un pays asiatique réputé pour le thé.
Sissako crée un film où les échanges se font en arabe, mandarin, et d’autres langues, reflétant un melting pot culturel. Des dialogues profonds accompagnent des scènes de danse afrobeat et de commerce en tissus wax. Aya apprend l’art du thé avec Wang Cai, symbole de sa volonté de s’ouvrir à d’autres cultures, allant jusqu’à rêver d’un espace dédié au thé dans son pays d’origine.
« Black Tea » raconte un amour naissant dans la pudeur, sans grandes déclarations, mais avec des gestes subtils dans l’obscurité, suggérés par Abderrahmane Sissako comme créant une intimité nécessaire à la profondeur de la relation. Ce choix stylistique découle d’une contrainte de tournage en Chine, transformée en atout créatif en filmant de nuit pour éviter la contrainte culturelle rejetant la représentation d’une union sino-africaine.
Sissako aborde la nécessité de transformer les dynamiques économiques, comme la Route de la Soie, en véritables rencontres humaines. Le réalisateur suggère que l’Afrique a un rôle à jouer dans l’humanité, capable de donner et de recevoir. Il exprime un espoir pour des connexions interculturelles authentiques, en contournant les préjugés et en embrassant la diversité.
Au-delà des dynamiques culturelles, « Black Tea » propose une réflexion sur les rencontres humaines essentielles, prônant une humanité construite sur l’échange, une idée que Sissako associe à une sorte de connexion « Bluetooth » mondiale. Cette vision optimiste invite à surmonter les peurs de l’autre, suggérant que le cinéma peut et doit aborder ces thématiques pour promouvoir une meilleure compréhension à l’échelle globale.