La famille de Thomas Sankara s’oppose à sa réinhumation au Conseil de l’Entente

La famille de Thomas Sankara s’oppose à sa réinhumation au Conseil de l’Entente

Le choix du lieu de la réinhumation de Thomas Sankara, annoncé par les autorités burkinabè de transition en 2023, est la source d’un conflit profond et symbolique entre sa famille et le gouvernement. L’idée d’enterrer de nouveau l’ancien président au Conseil de l’Entente, où il a été exécuté en 1987, suscite une opposition farouche de ses proches, qui voient en cela une atteinte à la mémoire de Sankara.

La famille de Thomas Sankara exprime son opposition de manière claire. Elle l’a fait savoir publiquement en indiquant qu’aucun de ses membres n’assistera aux obsèques ni n’y sera représenté. Ils ont exprimé par voie de communiqué que toute personne prétendant agir au nom de la famille lors de cette cérémonie ne le fait pas avec son consentement. L’inauguration du mausolée de Sankara a, quant à elle, eu lieu le 17 mai 2025 à Ouagadougou.

Regroupant veuve, enfants, frères, sœurs et cousins, la famille plaide pour que le corps soit enterré soit à Dagnoen, où il a été exhumé, ou bien au Jardin de l’Amitié ou au Jardin Yennenga. La source de nos confrères de Sud Quotidien rapporte que la famille Sankara affirme n’avoir reçu ni réponse ni audience du président Ibrahim Traoré, malgré des déclarations du gouvernement qui affirmait qu’un consensus avait été atteint.

Leurs protestations sont partagées au-delà du cercle familial. Selon les informations présentées par Sud Quotidien, les Sankaristes historiques ont également exprimé leur indignation face à ce qu’ils considèrent comme un endossement politique inadéquat de la mémoire de Sankara. Seydou Ouedraogo, politologue, qualifie la situation de « supplice qui continue ». Quant à Angèle Bassolé, poétesse et essayiste, elle critique le gouvernement pour ses actes qu’elle juge incohérents face à l’héritage de Sankara. Robert Dardour, militant sankariste, propose une alternative en suggérant qu’une plaque commémorative soit placée au Conseil de l’Entente, mais que la décision du lieu d’inhumation doit revenir à la famille.

Cette opposition souligne la tension entre l’utilisation politique de la figure de Sankara par l’État et le désir des proches de respecter sa mémoire. Tandis que le gouvernement semble vouloir ériger Sankara en symbole d’État, sa famille et ses partisans demeurent attachés à honorer avant tout l’homme et sa mémoire personnelle plutôt que sa dimension mythique.

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