La ville de Bruxelles, siège du pouvoir européen, est actuellement le théâtre d’une lutte acharnée pour l’obtention de matériaux critiques. Ces matériaux sont indispensables à la transition énergétique, aux micro-processeurs et à la mobilité. Cette quête mobilise l’Administration de l’Union européenne à son plus haut échelon.
En effet, l’Union européenne, les Etats-Unis et la Chine, qui ensemble contrôlent 60% de l’industrie du monde et près de 55% du PIB mondial, se trouvent dans la nécessité urgente de disposer de quantités suffisantes de matières premières critiques. Le nickel, le lithium, le cobalt, le titane, et les terres rares comme le zircon sont notamment convoités pour éviter une dépendance à l’égard de la Chine pour leur approvisionnement. Pour ce faire, les Etats-Unis ont dû conclure des alliances avec le Japon et l’Australie, cette dernière étant riche en minerais critiques et possédant un savoir-faire rare pour leur transformation.
Paradoxalement, c’est en Afrique, le continent le plus pauvre, que se trouvent concentrées toutes ces ressources minières critiques et stratégiques. L’Afrique possède plus de 60 types de minerais différents, totalisant ainsi un tiers des réserves minérales mondiales, tous minerais confondus. Ces ressources sont codifiées dans le Critical Raw Materials Act de l’Union européenne qui liste les 30 matériaux à la fois critiques et stratégiques.
Face à cette course effrénée pour garantir les chaînes d’approvisionnement de l’industrie mondiale, une nouvelle géopolitique minière se dessine sur fond de tensions et chocs politiques et économiques dans un monde multipolaire et multilatéral. Le Sénégal, en particulier, peine à adapter sa politique minière aux nouveaux enjeux induits par la demande de minerais critiques et stratégiques.
Le Premier ministre du Sénégal, dans un ton caustique mais déterminé, a bien raison de mettre les compagnies minières devant leurs responsabilités. Une refonte totale et complète de la politique minière est nécessaire, avec une attention particulière pour les régions aurifères où la menace djihadiste est présente.