Inondations : Issakha Diop plaide pour la tenue d’un symposium africain (l’intégralité de son Discours)

Le Ministre auprès du ministre de l’eau et de l’Assainissement du Sénégal, chargé de la prévention et de gestion des inondations a animé un panel, ce mercredi 21 février 2023, à Abidjan, sur les questions d’eau et d’assainissements. Issakha Diop a fait la proposition pour la tenue d’un symposium africain sur la problématique des inondations.

« C’est pour moi un honneur, en ma qualité de Ministre auprès du Ministre de l’Eau et de l’Assainissement du Sénégal, chargé de la Prévention et de la Gestion des Inondations, de prendre part à ce Panel, au nom de Monsieur Serigne Mbaye Thiam, Ministre de l’Eau et de l’Assainissement, empêché.

Le thème « La sécurité de l’Eau et les enjeux du changement climatique – cas des villes côtières de l’Afrique de l’Ouest », nous incite à la réflexion et au changement de paradigme en ce sens qu’il aborde une question d’actualité au cœur des préoccupations de nos pays respectifs.

Aujourd’hui, les modèles climatiques nous annoncent une hausse des fréquences et des intensités des pluies extrêmes sur la partie Ouest du continent africain, qui sont souvent supérieures à 20 mm. Ce qui entraine la récurrence d’évènements extrêmes se traduisant par une fréquence des inondations ainsi qu’une augmentation considérable du total annuel des cumuls journaliers.

En 2022, au Sénégal, suite aux fortes pluies, nous avons connu un cumul exceptionnel de 858, 01 mm le 20 octobre pour une moyenne annuelle d’environ 400 mm. À cela il faut ajouter, sous l’effet combiné des modifications de l’usage et l’occupation des sols et de l’intensification des précipitations, une augmentation des ruissèlements et des crues.

Le gouvernement a, à cet égard, fait de la gestion des inondations l’une de ses principales priorités, en initiant un changement majeur dans l’élaboration des politiques conformément à l’axe 2 du plan Sénégal émergent (PSE) qui est relatif au « capital humain, protection sociale et développement durable ».

Mesdames et Messieurs, Il faut rappeler que l’État du Sénégal a commencé à prendre en charge la problématique des inondations dans ses politiques de développement dès les années 2000 et cela été surtout réaffirmé à partir du Conseil Présidentiel tenu le 19 Septembre 2012.

Afin de renforcer la résilience des populations, le gouvernement sénégalais a élaboré un programme décennal de gestion des inondations pour la période 2012-2022 (PDGI). Ce Programme reposait sur des mesures structurelles incluant principalement des infrastructures de drainage pour réduire la vulnérabilité aux risques d’inondation mais aussi des mesures non structurelles avec un budget prévisionnel global de 766 milliards dédiés à trois composantes : Connaissance des zones d’inondations et aménagement du territoire (Composante 1), Gestion des eaux pluviales (Composante 2) Restructuration urbaine et relogement des populations (Composante 3).

– – – Avec ce programme nous avons obtenus des résultats probants dans une quinzaine de localités. Toujours dans l’optique de trouver une réponse durable à la gouvernance des inondations, le Gouvernement du Sénégal a initié, avec le concours de l’Agence Française de Développement (AFD) et du Fonds Vert Climat (FVC), le Projet de Gestion Intégrée des Inondations au Sénégal (PGIIS), qui s’appuie sur une approche scientifique et institutionnelle de gestion des inondations à l’échelle locale et nationale et qui va au-delà de la réalisation d’infrastructures.

Ce projet, dont le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement (MEA) assure la maitrise d’ouvrage est exécuté par la Direction de la Prévention et de la Gestion des Inondations. Il utilise des outils de cartographie de dernière génération avec un modèle numérique de terrain d’une grande précision. Il s’articule autour des (04) composantes suivantes : − − − − Composante 1 : Améliorer la connaissance du risque d’inondation ; Composante 2 : Réduire la vulnérabilité des territoires au risque d’inondation ; Composante 3 : Prévenir le risque d’inondation ; Composante 4 : Renforcer la gouvernance du risque d’inondation.

4 Bien que d’importantes performances aient été réalisées dans le cadre du PDGI 2012-2022, la recrudescence et l’accentuation des inondations, avec les événements dramatiques survenus lors des hivernages 2021 et 2022 dans la banlieue de Dakar et une partie importante du centre ouest du pays, ont mis en évidence la nécessité de renforcer les politiques de prévention et d’atténuation des risques d’inondation sur l’ensemble du territoire.

Ces événements ont également relancé les demandes locales de protection, d’entretien ou de réfection d’ouvrages. C’est pour faire face à ce nouveau contexte que le Gouvernement a décidé, le 1er septembre 2021, en Conseil des Ministres, de mettre en place un « nouveau Programme Décennal de Gestion des Inondations pour la période 2023-2033 (PDGI 2023-2033), en cohérence avec le Plan National d’Aménagement et de Développement des Territoires (PNADT) et dans une dynamique de développement de la politique d’assainissement ».

L’élaboration de ce document s’appuie sur les acquis identifiés lors de l’évaluation du plan 2012-2022 et les résultats de l’étude portant sur l’audit technique des ouvrages qui a été finalisée récemment par le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement.

Mesdames, messieurs, chers panélistes,

La nature n’ayant pas de frontières, les fortes pluies de 2021 et 2022 n’ont épargné aucun pays de l’Afrique de l’Ouest. Face à ce constat, il nous faut travailler à bâtir une coopération régionale et sous-régionale qui prenne sérieusement en compte les phénomènes météorologiques extrêmes car aucun de nos pays, pris isolément, ne pourra régler cette problématique. C’est la raison pour laquelle, je salue la tenue de ce panel ici à Abidjan parce que l’assainissement c’est le traitement des eaux usées mais c’est aussi la gestion des eaux pluviales au bénéficie de nos populations.

J’en appelle donc à plus de solidarité, de partage d’expérience, d’initiatives communes et concertée pour qu’ensemble nous 5 construisions une résilience africaine aux changements climatiques et, bien sûr avec l’appui de nos partenaires.

Je vous remercie de votre aimable attention.« 

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