Hamidou Dia, les délices du pouvoir sont-ils si aliénants ou est-ce les rides de la vieillesse qui…? Par Alassane K. KITANE

C’est très affligeant de voir un esprit aussi raffiné s’enfoncer avec persistance dans l’erreur à cause d’une simple posture partisane. Alors qu’on s’attendait que Monsieur le conseiller culturel du Président fasse amende honorable sans équivoque et ferme définitivement cette parenthèse, on voit plutôt un homme qui continue de rejeter la faute sur les autres. La seule réponse qu’on attendait était de votre part est : « mea culpa ». C’est comme si Monsieur Dia disait en résumé « j’ai fait une erreur, mais je ne suis pas le seul. J’ai tort, mais j’ai également raison ».

Cette posture est d’autant plus étonnante qu’elle est en contradiction flagrante aussi bien avec la culture philosophique dont le professeur est suffisamment imbu qu’avec son statut de conseiller culturel du Président. En général lorsque les prémisses d’une argumentation sont fausses, tout le corps de l’argumentation s’effondre comme un château de cartes. Et c’est ce qui arrive au professeur Hamidou Dia.

Ainsi si l’on doit entièrement souscrire à son postulat selon lequel « Macky Sall n’est pas ethniciste et n’a jamais tenu des propos ethnicistes« , on doit lui rappeler que Macky Sall est tout de même un politicien et que l’ethnicisme n’est pas dans le propos, mais dans les actes. L’ethnicisme est une démarche qui, au commencement, est sournoise, mais finit jours par se manifester de manière patente si on laisse faire. De toute façon Macky Sall n’est pas le problème et je ne pense pas qu’il soit assez crédule pour s’aventurer dans la piste périlleuse de l’ethnicisme.

L’erreur commise par le professeur est de se défaire de sa posture d’intellectuel et d’homme d’État pour aller polémiquer avec des anonymes du net. S’il y a des badauds du net assez loufoques pour s’acharner sur Macky Sall en l’accusant d’ethniciste, ce n’est pas au professeur Hamidou Dia de leur apporter la réplique. Les wolofs disent « Baykat bouy deff mboott mou youkhou nga tontou ko sab toll dina booy ».

Il faut accepter de souffrir des méfaits de la liberté d’expression pour en mesurer la portée en démocratie disait Tocqueville. Or quand vous dites que  « Le premier Président du Sénégal, Senghor, est un sérère catholique, son chef de gouvernement, Mamadou Dia, est un Hal pulaar, le 2e  Président du Sénégal, Abdou Diouf, est un métis Hal pulaar sérère, le 3e Abdoulaye Wade, est également un métis puisque sa mère est casamançaise, du Gabou. Macky Sall au pouvoir on agite cet épouvantail ? A qui cela profite-t- il ?«  Vous semblez avoir perdu la mémoire.

Vous faites semblant de l’oublier, mais même si à l’époque de Senghor il n’y avait pas cette explosion médiatique, on a reproché à Senghor d’être clanique et d’avoir beaucoup privilégié les chrétiens du Sénégal. Je ne suis pas certain que ceux qui le disaient fussent de bonne foi, mais c’est le revers de la liberté d’opinion. Plus récemment on a accusé Abdou Diouf de privilégier les chrétiens sous l’impulsion de sa femme : ce qui est d’ailleurs absurde, car quand le même Diouf a octroyé à Serigne Saliou les terres de Khelkom, on l’a également taxé de favoriser les mourides à des fins électoralistes : les archives sont là ! Abdoulaye Wade a été lynché sur les réseaux sociaux et même dans certains médias pour sa « mouridté » ostensible ou ostentatoire.

Tout le monde se rappelle Wade se défendant de favoriser les mourides dans le choix de ses hommes affirmer : « Dieu m’est témoin, en nommant quelqu’un à un poste je ne me soucie pas de son appartenance confrérique! » Bref tous les Présidents sénégalais ont eu à faire face à cette critique de clanisme (pour utiliser un concept moins chargé).

Arrêtez donc de dire « Macky Sall au pouvoir on agite cet épouvantail ?« : c’est archi faux. Cet épouvantail a toujours été agité par certains hommes politiques et c’est justement ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui qui ont fabriqué les « pollueurs » du net en entretenant des jeunes pour insulter dans les commentaires sur Senego, Seneweb, Leral, etc. Et quand vous dites « On peut s’opposer au Président Macky Sall sans recourir à ces procédés indignes« , vous avez parfaitement raison, mais la remarque est tout aussi valable pour le camp du pouvoir : dans l’opposition vos amis ont fait pire ! Ce n’est pas aujourd’hui qu’on a accusé le régime de recruter des étrangers pour tuer des opposants au régime de Wade… suivez mon regard !

Il faut que vous compreniez une bonne fois pour toutes que ces critiques, quoique parfois non fondées, sont utiles : elles servent d’alerte et de résistance précoce à toute sorte de dérive. Car croyez-moi ou non mais si l’ethnicisme doit prospérer au Sénégal, ça ne serait pas l’œuvre du chef, mais de sa troupe. Vous comprendrez dès lors pourquoi il n’est pas besoin de répondre à ceci « tous les toucouleurs ne sont pas derrière lui:

– il y a des toucouleurs dans l’opposition,

– il a été battu dans la commune de Podor.

– De surcroît, il est à né Fatick, a fait ses études à Kaolack,

– Il a une épouse Saint-louisienne d’origine sérère, et vit à Dakar.

– Il travaille, avec détermination et des résultats probants, pour l’émergence de notre pays.

– Il est responsable (kelifado) dont la parole est rare et la courtoisie légendaire. »

Je tiens simplement à vous rappeler que des historiens ont émis l’hypothèse selon laquelle Hitler, pire ennemi des juifs, a des racines juives manifestes. Ce qui veut dire que pour le pouvoir les hommes politiques sont prêts à chauffer des fibres sensibles auxquelles ils ne croient même pas. Sous ce rapport, le début de votre raisonnement n’a aucune portée scientifique et la fin est un credo politique pur et simple.

* Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

3 COMMENTAIRES
  • FJK

    Dommage que Hamidou Dia attise le feu en l’arrosant copieusement du très inflammable carburant ethnique.Si on veut que les mots aient un sens, et disposer de concepts pour penser, la notion de liberté d’expression implique que l’on puisse exprimer, sans s’exposer à censure ou rétorsion, tout et n’importe quoi, et surtout n’importe quoi, y compris ce qui me déplaît, y compris des insultes, y compris des menaces.
    La question: ces menaces outrepassent-elles la notion de liberté d’expression? C’est-à-dire, se situe-t-on en dehors de la notion de simple expression? s’éclaircit en considérant le contexte dans lequel les propos sont proférés.
    Un exemple simple: crier « lynchons/à mort/crevons les nègres/ étrangers/etc » au milieu d’une foule en colère et entourant un ou plusieurs de ceux ci constitue un appel au meurtre proféré dans des circonstances où il risque clairement d’entraîner un passage à l’acte. Prétendre justifier cela par la « liberté d’expression » ne serait pas acceptable.
    De même, les appels au meurtre diffusés par radio Mille collines au Rwanda, ne sauraient se défendre au nom de la liberté d’expression.
    Par contre, les paroles d’un rappeur, aussi odieuses, sexistes, et menaçantes pour les forces de l’ordre soient-elles, relèvent encore de la liberté d’expression. Par exemple, les inepties des révisionnistes et autres négationnistes relèvent de la liberté d’expression. Il n’est pas besoin de les censurer pour les combattre. Par contre, les censurer garantit qu’on ne prendra pas la peine de comprendre pourquoi certains s’échinent à proférer ces inepties là plutôt que d’autres.

    Si on souhaite semer la confusion dans les têtes et les déposséder de concepts utiles en vidant les mots de leur sens, on parlera donc de « limiter la liberté d’expression »; plutôt que d’essayer de comprendre ce qui relève de la simple expression, et de distinguer les circonstances où cette simple expression, aussi déplaisante puisse-t-elle être à elle seule incapable de nuire autrement qu’à l’orgueil des uns ou à l’idéologie des autres, devenant cause efficiente, n’est plus simple expression.

    Il s’agit de choisir son camp.

  • Sénégalais

    Aujourd’hui, c’est la saison ouverte contre les Wolofs. On tue quelqu’un parcequ’il parle Wolof et le Président ne sort pas de son mutisme. On insulte toute la communité Wolof et le gouvernement HAL PULAAR (et non sénégalais let’s be honest) récompense la fautive en l’octroyant un passport diplomatique et de l’argent pour la faire sortir du pays. Bara Fall, ce jeune Wolof qui s’en foutait de la mort des supporters croupit toujours en prison pour délit d’apologie de violence (verbale?) alors que lors de la triste nouvelle que Sadio Sidibé (qui a été assassiné par un HalPulaar du nom d’Omar Dia) n’est plus annoncé ici à SENEGO, des commentateurs HalPulaar se sont comportés come Bara Fall et pourtant ils ne sont point inquiétés. Ce qui veut dire que Macky et son gouverment sont ethnicistes. Hamidou Dia lui-meme a appelé en filigrane « tous contre le Wolof ». L’objectif c’est d’exclure de la nation, les Wolofs en bousillant le vote dans les contrées Wolofs (exemple Touba). Moi qui suis Wolof, j’ai pas put voter (et je ne suis pas le seul) parceque j’étais pas dans les listes électorales malgré le fait que j’ai (toujours) mon récépissé. J’ai pas les mots qu’il faut pour qualifier ce gouvernement de tous les noms d’oiseaux.

  • leral

    s’il ya des hamidou dia et de penda ba, maky sall y est pour quelque chose.

Publiez un commentaire