Aliou Cissé évoque l’importance du discours à tenir face aux joueurs internationaux quand ils sont en sélection. Le technicien sénégalais a partagé son expérience devant des jeunes Africains à Créteil (France). Selon lui, il est important de savoir comment parler aux joueurs dans un langage qui touche leur sensibilité.
« Ils sont différents et on ne parle pas avec eux de la même façon. Quand vous parlez avec un binational, vous ne pouvez pas avoir le même discours qu’avec un local ou un expatrié. Ce sont trois mentalités différentes. C’est très important d’avoir une bonne connaissance de ces trois catégories de jeunes pour constituer une équipe, d’où toute la difficulté. Quoi qu’on puisse dire, le joueur local, le binational et l’expatrié n’ont pas la même mentalité », a-t-il fait savoir dans des propos relayés par le Soleil et exploités par Senego.
Le patron de la Tanière jongle volontiers entre les trois niveaux, aidé par sa double culture, française et sénégalaise. Pour avoir vécu à Paris et joué au PSG, Aliou Cissé se dit en effet en mesure de cerner les binationaux issus de la banlieue de la capitale française. « Ce qu’ils pensent, je suis en mesure de le savoir et d’anticiper. Je peux également comprendre comment réfléchissent un joueur local et un expatrié, car je l’ai été aussi à un moment de ma carrière ».
Ces précautions semblent éloignées du terrain. Mais de l’avis de l’ancien capitaine des Lions, elles sont aussi importantes que les systèmes de jeu. «Les gens ont souvent tendance à ne s’occuper que du footballeur, mais, pour moi, il y a aussi l’homme en question, suggère-t-il. Avant d’être footballeur, il y a l’homme avec sa culture, ses traditions, sa religion et ses convictions. Donc, c’est d’abord l’homme le plus important car, tant qu’on s’en occupe, le footballeur vous le rendra.»
Partant de ce principe, Aliou Cissé a taillé son discours pour l’adapter à ses joueurs, selon le langage que chacun comprend. Cela est d’autant plus important avec les binationaux dont l’intégration à l’environnement africain n’est jamais chose facile. «Je leur dis souvent ceci : ‘Mecs, maintenant vous êtes là avec vos baskets, mais il va falloir mettre le boubou sénégalais désormais’», rapporte le coach des Lions.
Cissé poursuit : «Ils me disent : ‘Coach, c’est quoi le boubou ?’. Je leur réponds qu’ils sont en Afrique maintenant et donc, les mentalités du 9-4, 9-3, ce n’est pas possible ici. Il va falloir donc qu’ils s’intègrent désormais, avec les réalités du continent et la mentalité africaine, notre éducation et surtout avec les valeurs du pays.»