Fin des accords de pêche avec l’UE : une nouvelle stratégie pour le Sénégal
Face à la décision de ne pas renouveler les accords de pêche avec l’Union Européenne, le Sénégal se trouve confronté à un défi stratégique de taille : développer une transformation durable de ses produits halieutiques. Les autorités sénégalaises doivent désormais avancer avec vigueur et détermination sur les questions d’infrastructure de conservation et de mise en place d’unités de transformation dans les principaux ports de débarquement. Ces initiatives sont cruciales pour valoriser les ressources maritimes et représenter une réponse aux problèmes du chômage, de l’exode et de l’émigration des jeunes pêcheurs, amplifiés par une décennie de crises variées.
Le 17 novembre 2024 a marqué la fin de l’accord de pêche signé en 2014 entre le Sénégal et l’Union Européenne. Cette non-reconduction, qui fait suite à une première suspension entre 2006 et 2014, cherchait à revoir les termes d’une collaboration débutée dans les années 1980. Entre 2019 et 2024, ce troisième protocole a rapporté au Sénégal une somme de 8,5 millions d’euros (plus de 5,5 milliards de francs CFA), en plus des taxes payées par les pêcheurs européens. Par ailleurs, 900. 000 euros annuels (environ 590 millions de francs CFA) étaient alloués à des projets visant l’amélioration de la gestion de la pêche et la préservation des stocks halieutiques.
Les navires européens ont, en contrepartie, pêché environ 10.000 tonnes de poisson, représentant moins de 1% des captures dans les eaux sénégalaises. Ces captures, limitées au thon et au merlu noir, avaient lieu au-delà de 12 milles nautiques des côtes sénégalaises, afin de protéger la pêche artisanale locale.
La période 2014-2024 a cependant vu une baisse marquée de la pêche artisanale, conséquence de la réduction préoccupante des stocks de poissons. Cette crise a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, qui a restreint l’accès aux marchés internes. La raréfaction des ressources maritimes a poussé de nombreux jeunes pêcheurs à émigrer de manière irrégulière, entraînant des pertes humaines en mer et accentuant les problématiques sociales liées au sous-emploi.
Le choix des autorités sénégalaises de ne pas prolonger l’accord avec l’Union Européenne a été largement approuvé par les acteurs locaux du secteur de la pêche, qui considéraient ces accords comme défavorables au Sénégal. Inscrit dans les promesses de campagne du nouveau gouvernement, cette décision constitue un virage stratégique pour le pays. Toutefois, elle pose maintenant la question cruciale de la transformation des produits halieutiques.
En quête de souveraineté totale sur ses ressources, le Sénégal doit mettre en priorité le développement rapide des infrastructures adaptées à la conservation et à la transformation des produits de la mer dans les zones clés du pays. Dans le cadre d’une vision à long terme couverte par le Sénégal Horizon 2050, l’État est tenu de répondre de manière proactive et durable à cette double problématique. Ces efforts seront déterminants pour assurer non seulement la valorisation des ressources halieutiques nationales, mais aussi la création d’opportunités d’emploi pour les jeunes, tout en renforçant la sécurité alimentaire et la compétitivité du Sénégal sur les marchés internationaux.
Selon un article lu dans Sud Quotidien, Jean Pierre Malou, l’auteur, souligne ces enjeux cruciaux qui se présentent au Sénégal en cette période charnière.
Comme y’a la faim au senegal mangeons de nos poissons