Fifa: vers le grand déballage ?

Paris (AFP)-Les aveux de Blazer, les mystérieux 10 millions de dollars sud-africains, l’arrangement à 5 millions de dollars autour de la main d’Henry: le voile se lève sur les pratiques de la Fifa, mais il reste beaucoup à révéler entre ce que sait le sulfureux Warner, le fameux rapport Garcia ou encore le salaire de Blatter.

Blazer, l’Afrique du Sud, Henry: et puis quoi encore?

« A partir de 2004 et jusqu’en 2011, moi et d’autres membres du comité exécutif de la Fifa, nous avons accepté des pots-de-vin en vue de la désignation de l’Afrique du Sud comme pays organisateur de la Coupe du monde 2010″: rendus publics cette semaine, les aveux de Chuck Blazer, ancien haut dignitaire de la Fifa, font froid dans le dos.

La justice américaine soupçonne le Trinidadien Jack Warner, alors président de la Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes), d’avoir empoché 10 millions de dollars en échange de trois voix en faveur de l’Afrique du Sud. Le pays de la nation arc-en-ciel a depuis reconnu que cette somme a été versée au foot caribéen par fraternité panafricaine, mais a balayé toute corruption. L’hebdomadaire sud-africain Mail&Guardian explique vendredi que ce don controversé a été approuvé au plus haut sommet de l’Etat. L’affaire prendra-t-elle un tour politique?

Rien à voir avec la corruption, mais la Fifa a confirmé avoir payé cinq millions de dollars à la Fédération irlandaise pour éviter des poursuites en justice après la qualification de la France au Mondial-2010 grâce à la fameuse main de Thierry Henry. Wolfgang Niersbach, président de la fédération allemande, se demande au nom de quelle logique: « Ca ne rime à rien. Aucune Fédération au monde n’obtiendrait raison devant la justice ». Y-a-t-il eu d’autres règlements à l’amiable dans le genre ?

Warner déballera-t-il tout ?

« Vous verrez un tsunami frapper la Fifa et le monde entier, vous serez choqués ». Qui a prononcé cette phrase et quand ? Jack Warner, alors qu’il était vice-président de la Fifa le 28 mai 2011 et qu’il était déjà soupçonné de pratiques délictueuses dans une enquête interne.

Le Trinidadien avait juste raison quatre ans avant tout le monde. Et quatre ans plus tard, c’est encore vers lui que les regards convergent, alors qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui par Interpol. Que sait vraiment l’homme de 72 ans, démissionnaire de la Fifa le 20 juin 2011 ? Est-il le chaînon manquant de toutes les malversations ? Sera-t-il à l’origine d’un déballage encore plus grand ?

Vendredi, Warner s’est en tout cas présenté comme une victime du gouvernement de Trinité-et-Tobago. Selon des déclarations à un journal en ligne local, son sort serait dû à la Première ministre, Kamla Persad-Bissessar, qui aurait décidé de le « punir pour que ses protégés puissent avancer ».

Que fait Blatter et quel est son salaire ?

« Nous communiquerons davantage », avait promis Joseph Blatter au lendemain de son élection. Mais le Suisse de 79 ans, démissionnaire depuis, fait profil bas dans l’attente de l’élection de son successeur (entre décembre 2015 et mars 2016).

Membre votant du Comité international olympique, il a confirmé son absence, prévue de longue date, à une réunion du CIO mardi prochain. Il y a peu de chance de le voir remettre la Coupe du monde féminine au Canada le 5 juillet, tant il est désormais honni et était déjà conspué dans bien des stades. Pour l’instant, il faut se contenter d’une photo de « Sepp » sur son compte twitter, où, assis à son bureau, chemise blanche et veste de lin bleu, il « travaille dur sur les réformes »…

Un geste passerait par la révélation de son salaire, avant que d’autres ne le fassent. Mark Pieth, ex-président du comité de gouvernance indépendant de la Fifa, avait insisté en 2013 au Congrès à l’Île Maurice sur une nécessaire « transparence des rémunérations des hauts dignitaires ». Mais Pieth a mis fin à sa mission au terme de 2013. Et depuis, rien n’a avancé sur ce sujet.

Quid du fameur rapport Garcia ?

Michael Garcia, ancien procureur de New York, avait été chargé par la Fifa de se pencher sur les attributions décriées des Mondiaux 2018 à la Russie et 2022 au Qatar. Dénonçant une présentation « erronée et incomplète » de son enquête par la Fifa et demandant une publication intégrale, l’Américain a ensuite claqué la porte de la maison mère du foot en décembre 2014. La Fifa a depuis promis qu’elle publierait ce rapport « sous une forme appropriée » une fois les procédures individuelles épuisées dans ce dossier.

Michel Platini, président de l’UEFA, qui en réclame la parution, a eu ce commentaire désabusé le 24 mars devant une poignée de journalistes, dont l’AFP: « Je pense qu’il sera publié après les élections (du 29 mai) à la Fifa… Mais est-ce que ce sera +LE+ rapport Garcia ? Je ne suis pas sûr… Ca pourrait être +UN+ rapport Garcia… Vous savez mieux que moi comment ça se passe… »

Le président de la Fifa Sepp Blatter et Chuck Blaze, ancien secrétaire général de la Concacaf, le 1er juin 2011 à Zurich

Source: AFP via Afrique360.com

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