Les médias sont en train de participer à ’’une nouvelle construction de l’image de la femme sénégalaise, en préparant aujourd’hui » ce qu’en devra » être « le prototype ».
La sociologue sénégalaise Fatou Sow Sarr qui en fait le constat, évoque deux catégories de femmes : « des féministes écervelées manipulées de l’extérieur et une autre catégorie de femmes manipulées de l’Orient mais qui vont être présentées comme les meilleures femmes’’.
Elle prenait part, vendredi, à Lomé, à un panel intitulé : ‘’L’image des femmes dans les médias : constats et actions pour l’égalité’’. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des travaux des 44èmes Assises de l’Union de la Presse Francophone.
La sociologue Fatou Sow Sarr a ainsi essayé de jeter un regard prospectif sur la situation des médias au Sénégal, pour les interpeller sur le rôle qu’ils sont en train de jouer sur ‘’la construction d’une image de la femme pour un projet de soumission totale des femmes au Sénégal’’.
‘’L’autorité de régulation [CNRA] et les médias ont une grande responsabilité dans ce qui se passe’’, a-t-elle relevé, devant des journalistes venus de 39 pays de l’espace francophone.
Pour Fatou Sow Sarr qui s’intéresse aux questions de genre, en général, et à la sociologie des médias, en particulier, ‘’ce sont des questions qui interpellent aujourd’hui les sociologues, parce que les médias sont en train de jouer un rôle de nouvel ordre social au Sénégal et dans d’autres pays’’.
En effet, ’’pendant qu’on est en train d’expliquer par des statistiques la faiblesse de la présence des femmes dans les instances de décision au niveau des médias, les stéréotypes sexistes qui entravent leur promotion, il se joue quelque chose de beaucoup plus dangereux avec l’arrivée massive de femmes vedettes au niveau des médias, notamment à la télévision et à la radio’’.
Des femmes ‘’présentées de manière plus positive dans l’imaginaire des Sénégalais comme des femmes vertueuses au contraire de ces femmes frivoles en minijupe, mais qui tiennent un discours qui, à la limite, va à l’encontre des femmes’’, dénonce la sociologue.
‘’Ce sont des femmes instrumentalisées par des organisations qui ont un projet de société bien déterminée en rapport avec l’islam radical’’, a-t-elle décrypté.
Cela a été facilité, selon elle, par un contexte de marchandisation de l’audiovisuel, puisque l’essentiel des responsables des groupes de presse sont des hommes d’affaires, et tout le monde est en train de courir derrière l’audimat.
‘’La religion est un élément porteur pour avoir de l’écoute. Par ce biais, des animateurs, et surtout des animatrices qui n’ont aucun niveau de formation mais qui sont recrutés soi-disant pour leur talent et à travers leurs bouches, vont présenter des discours qui vont tout à fait à l’encontre de tout le combat que les mouvements des femmes ont mené jusqu’ici’’, a-t-elle ajouté.
Pour Fatou Sow Sarr, ‘’à travers l’image, puisqu’elles viennent sous de nouveaux costumes, ces femmes influencent massivement de jeunes Sénégalaises’’.
Selon elle, ‘’il faut interroger la responsabilité des médias, des journalistes, et en premier, l’utilité de l’Autorité de régulation de l’audiovisuelle dans ce contexte’’.
Ouvertes jeudi à Lomé, les Assises de l’UPF ont donné l’occasion à près de 300 participants venus de divers horizons de se penser sur diverses thématiques, comme ‘’l’image des femmes dans les médias’’, ‘’le pouvoir médiatique au féminin’’, ou encore les avancées et obstacles à l’égalité dans l’exercice de la profession.
Aps