ExoMars : La mission ne s’est pas déroulée comme prévu

Le petit module qui devait atterrir sur la Planète rouge mercredi 19 octobre n’a plus donné signe de vie cinquante secondes avant l’impact prévu au sol.

Grosse déception pour tous ceux qui avaient les yeux rivés sur la diffusion – en direct depuis le centre de contrôle des opérations spatiales européennes (Esoc) en Allemagne – de l’atterrissage du petit module Schiaparelli, prévu le 19 octobre sur Mars. “L’atterrisseur d’ExoMars semble avoir été perdu”, résume New Scientist.

“La communication (avec Schiaparelli) a été maintenue durant l’essentiel de la descente avant d’être interrompue peu de temps avant l’atterrissage, d’après les estimations des scientifiques”, expliquait dans les minutes qui ont suivi Paolo Ferri, chef de la division des Opérations à l’Esa, cité par Phys.org.

Après “une nuit de travail à l’Esa [Agence spatiale européenne] pour analyser les signaux de Schiaparelli transmis depuis Mars”, comme le titrait ce matin le quotidien italien Il Sole-24 Ore, quelques informations complémentaires ont pu être apportées lors d’une conférence de presse le 20 octobre.

Signal perdu et données non conformes aux attentes

Le module – nommé d’après l’astronome italien Giovanni Schiaparelli – a bien utilisé son bouclier thermique avec succès pour ralentir alors qu’il entrait dans l’atmosphère martienne, et déployé son parachute. C’est au moment où le parachute devait être éjecté et que les propulseurs devaient s’allumer pour préparer l’atterrissage que quelque chose s’est produit.

“À partir de ce moment-là, les données que nous avons récupérées de Schiaparelli ne sont plus conformes à nos attentes”, explique Andrea Accommazzo, chef des missions du système solaire à l’Esa, repris par New Scientist. Et à partir des cinquante dernières secondes avant l’impact prévu au sol, plus aucune donnée n’a été reçue. Il faudra encore un peu de temps pour que les scientifiques analysent toutes les informations et comprennent ce qui s’est passé.

La probabilité que l’atterrisseur soit en un seul morceau ? “Nous ne savons pas”, répond Jan Wörner, directeur général de l’Esa. “L’Agence spatiale n’a pas reconnu que l’atterrisseur s’était écrasé, mais l’humeur n’est pas à l’optimisme”, note le site BBC News. Quant au quotidien eurosceptique italien Libero, il y voit la métaphore d’une union européenne “qui réussit toujours à ne faire les choses qu’à moitié”, dit-il dans un article titré “l’Europe ne fonctionne pas, pas même sur Mars”.

Pas un échec total

“La disparition des radars de l’atterrisseur, à la dernière minute, ne devrait pas mettre en danger la seconde phase d’ExoMars – un rover à six roues qui devrait être lancé en 2020”, croit savoir The Guardian, emporté par l’enthousiasme forcé du directeur général de l’Esa, qui n’a cessé de marteler qu’il était “heureux”. “Les ingénieurs ont fait du bon travail, mais il faut juste un peu de chance pour réussir”, a insisté Jan Wörner, pour qui le financement de la suite de la mission ne fait pas de doute.

La mission n’est en effet pas un échec total. Le vaisseau mère TGO (Trace Gas Orbiter), séparé de Schiaparelli le 16 octobre, s’est correctement positionné en orbite autour de la Planète rouge. “Il passera les prochaines années à renifler l’atmosphère martienne pour y identifier d’infimes traces de gaz, y compris du méthane, qui pourrait indiquer l’existence de vie sur la planète”, détaille le quotidien britannique.

Après un voyage d’un demi-milliard de kilomètres à travers le système solaire pendant sept mois, l’atterrissage de Schiaparelli aurait été une première pour l’Esa et son partenaire russe Roscosmos. Pour le moment, seule la Nasa américaine est parvenue à poser un engin sur la Planète rouge.

Avec courrierinternational.com

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