Disparition de Ngũgĩ wa Thiong’o, pilier de la littérature africaine moderne

Disparition de Ngũgĩ wa Thiong’o, pilier de la littérature africaine moderne

Ngũgĩ wa Thiong’o, figure majeure de la littérature africaine, s’est éteint à l’âge de 87 ans, a annoncé la BBC. Cet écrivain kenyan, reconnu pour son œuvre prolifique s’étendant sur six décennies, a joué un rôle crucial dans la documentation de la transformation de son pays natal et dans la promotion des langues africaines. L’information a également été relayée par Sud Quotidien.

Né en 1938 sous le nom de James Thiong’o Ngũgĩ, il grandit à Limuru durant la période de colonisation britannique, dans une famille d’ouvriers agricoles peu aisée. Ses parents ont investi dans son éducation, l’envoyant à l’internat Alliance dirigé par des missionnaires britanniques, selon les déclarations rapportées par la BBC et reprises par Sud Quotidien.

Son enfance fut marquée par la violence coloniale, comme il l’a décrit dans une interview. À son retour de l’internat, il découvre son village rasé et sa famille déportée dans des camps de détention. Un événement tragique est survenu lorsque son frère Gitogo fut tué par un soldat britannique, incident qui restera ancré dans sa mémoire, ont rapporté nos confrères de Sud Quotidien.

Ngũgĩ poursuit ses études à l’université Makerere en Ouganda, où il entame sa carrière littéraire. Lors d’une conférence, il partage le manuscrit de son premier roman avec Chinua Achebe. Ce dernier le transmet à son éditeur, conduisant à la publication de « Weep Not, Child » en 1964, un ouvrage salué comme le premier grand roman en anglais par un écrivain est-africain, d’après les informations lues sur Sud Quotidien.

En 1977, l’écrivain renonce à l’anglais en tant que langue littéraire et adopte le kikuyu, son idiome maternel. Son dernier roman en anglais, « Petals of Blood », critique les dirigeants post-indépendance du Kenya, provoquant la colère du régime de Jomo Kenyatta. Ce contexte socio-politique tendu conduit à son emprisonnement pendant un an.

Durant sa détention, il rédige « Devil on the Cross », un roman écrit sur du papier toilette faute de matériel, rapportent nos confrères. Sa libération intervient avec le changement de régime mais en raison de menaces contre sa vie, Ngũgĩ s’exile durant 22 ans avant de revenir au Kenya en 2004, année marquée par une violente attaque à son encontre.

En exil, il s’affirme comme l’un des plus ardents défenseurs des langues africaines, critiquant ouvertement l’utilisation des idiomes européens par les écrivains africains. Cette position le met en conflit avec Chinua Achebe, ce qui tendra leurs relations.

Ngũgĩ a également fait face à des défis personnels, entre divorces, querelles familiales et accusations portées par son propre fils. Malgré ces épreuves, il a continué à influencer le paysage littéraire, bien que le prix Nobel de littérature lui ait échappé à plusieurs reprises, ce qui a déçu de nombreux admirateurs. Son héritage littéraire est ainsi reconnu par des personnalités comme Chimamanda Ngozi Adichie, qui l’ont décrit comme un phare pour les lettres africaines. Son décès assombrit incontestablement cet univers.

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