« Dialogue national, fabrique politique et sociale » (Par Siré Sy)

Le président Sall aura compris et le Dialogue national aura permis, de nous rendre compte enfin, que la politique, le débat, la recherche du consensus, ne devrait pas être seulement une affaire d’Etat institutionnalisé.

Durant les régimes des présidents Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, la conjoncture politique et les conflictualités électorales, débouchaient sur des Dialogues politiques, comme portes de  sorties de crise. Avec le président Macky, la conjoncture politique et les conflictualités électorales, débouchent sur le Dialogue national, ‘’annualisé’’ depuis le 28 mai 2016.

Le Dialogue politique est une affaire des partis politiques et des seuls acteurs politiques. Le Dialogue national parle à la Nation, dans ses composantes les plus représentatives (partis politiques, société civile,  Femmes & Jeunesse, Chefferie traditionnelle, Pouvoir religieux, Secteur privé, Communautés géographiques, Communautés académique, Corps de métiers, etc…..). Un Dialogue politique est exclusif. Le Dialogue national est inclusif. Un Dialogue politique est conquête et accaparement (du pouvoir d’Etat). Le Dialogue national est solidarité et partage sur le système de gouvernance démocratique et sur la fabrique politique, sociale, économique et culturelle.

L’un des traits de style très caractéristique du président Macky Sall, c’est aussi d’avoir compris qu’il était nécessaire de revisiter les paramètres de la Gouvernance au Sénégal, parce que le modèle de l’Etat-Nation (en Afrique), calqué du modèle Nation-Etat en Occident, est source de tensions et de désordre parce que le modèle classique de l’Etat-Nation se résume à un transfert de l’ensemble des ressources et du pouvoir à une minorité qu’on appelle les Partis politiques et les Politiciens (professionnels).

Le président Sall aura compris et le Dialogue national aura permis, de nous rendre compte enfin, que la Politique, le débat, la recherche du consensus, ne devrait pas être seulement une affaire d’Etat institutionnalisé, une affaire de partis politiques, mais aussi l’affaire de forces politiques vives (traditionnelles, religieuses, associatives, secteur privé, monde académique, corps de métiers, etc…..) parfaitement efficaces dans leur domaine et omniprésentes même dans les aspects les plus modernes du Sénégal  d’aujourd’hui. Et souvent très démocratiques à leur façon. Les héritages sociaux et économiques, la persistance des communautés, des pouvoirs traditionnels et des croyances originelles, sont plus pertinents souvent à l’échelle locale que nos Etats institutionnalisés et institutions surpra-nationales dans de nombreuses régions.

En Occident, des Nations ont créé des Etats et en Afrique, des Etats veulent créer des Nations. Et si la mayonnaise n’a pas toujours pris depuis 60 ans, c’est que nous avions oublié que l’Afrique (le Sénégal) est faite de Communautés (géographiques, linguistiques, religieuses) avant d’être un Etat institutionnalisé. Avant tout. Après tout. Par dessus tout.

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