Plus de 115 experts issus d’Afrique, d’Europe et des Amériques ont publié une lettre ouverte pour dénoncer une clause controversée dans le projet de déclaration des Nations Unies sur la prévention des maladies non transmissibles (MNT). Ils accusent le texte de menacer la nutrition des populations les plus vulnérables à travers une mesure qu’ils jugent « scientifiquement infondée ».
Au cœur de la polémique : la volonté d’éliminer tous les acides gras trans de l’alimentation mondiale, y compris ceux naturellement présents en faible quantité dans les produits d’origine animale comme la viande ou le lait. Pour les signataires, cette position « risque de décourager la consommation d’aliments hautement nutritifs, essentiels pour les populations pauvres ».
« Un simple verre de lait figure parmi les aliments les plus abordables et les plus riches en nutriments – il a prouvé sa capacité à réduire le retard de croissance chez les enfants et à soulager la faim », explique Namukolo Covic, chercheuse à l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI).
Ces experts appellent donc à une approche plus nuancée, distinguant les acides gras trans industriels, largement reconnus comme nocifs pour la santé, des acides gras trans naturels, qui, selon certaines études, n’ont pas les mêmes effets délétères.
« Il nous faut des solutions durables, basées sur des preuves scientifiques et adaptées aux réalités des pays en développement », souligne la professeure Ruth Oniang’o, ancienne parlementaire kenyane.
La déclaration finale de l’ONU devrait être adoptée lors de l’Assemblée générale en septembre. D’ici là, les signataires espèrent que leur appel sera entendu afin d’éviter, selon eux, une mesure « contre-productive » pour la sécurité nutritionnelle mondiale.