Décès d’Elizabeth II : Charles, nouveau roi d’Angleterre…

Le prince héritier laisse le souvenir d’un homme de convictions qui aimait s’affranchir de toute contrainte pour forcer la monarchie à épouser la modernité, quitte à lui faire perdre un peu de son éclat. Qu’en sera-t-il sur le trône ? Après la mort de sa mère Elizabeth II, ce jeudi 8 septembre, Charles devient roi.

Première ligne directrice, l’action caritative du prince Charles, qu’atteste le formidable réseau philanthropique, le Prince’s Trust, fondé en 1976 avec sa retraite d’officier de marine. Cet organisme chapeaute une vingtaine d’organisations d’aide aux jeunes en rupture avec la société, aux élèves en décrochage scolaire, aux chômeurs en fin de droits, aux ex-détenus ou aux adolescents placés en famille d’accueil. Grâce à ce réseau dynamique et fortement médiatisé, Charles a pu exercer sa communion avec les malheurs du monde. Le prince communique brillamment avec cet auditoire blessé par la vie. Convaincant, il a cette vertu de pouvoir conjuguer écoute et respect avec une empathie dénuée de toute hypocrisie. Il s’agit d’un maillage serré d’organisations et d’individus dont les fidélités éparses se sont consolidées au fil des ans.

Deuxième indication, le nouveau souverain a défendu l’œcuménisme religieux en contestant la primauté de l’Église d’Angleterre, religion d’État. Le prince s’est déclaré fasciné par les aspects sacrés du soufisme musulman, par la liturgie catholique du Moyen Âge et par le mélange d’art et de musique du culte orthodoxe. Parrain du Centre d’études islamiques d’Oxford, il n’avait pas caché son hostilité à la guerre en Irak en 2003 en raison du risque d’aliénation du monde musulman. À l’écouter, en dépêchant des troupes britanniques pour en finir avec le régime de Saddam Hussein, le Premier ministre Tony Blair s’était conduit en « caniche » du président américain George W. Bush, à la tête d’une « administration horrible ». Cette défense résolue de la société multiculturelle avait parfois été mal accueillie dans le pays profond anglo-saxon et protestant.

Un chef d’entreprise avisé

Troisièmement, le prince Charles a été le pionnier de l’écologie, un fervent défenseur de l’agriculture bio. C’est un chef d’entreprise avisé qui a créé de toutes pièces l’enseigne Duchy Originals. Les produits naturels estampillés de ses armoiries, disponibles non seulement dans les épiceries fines, mais aussi dans les supermarchés ont permis de financer ses activités philanthropiques.

Ses détracteurs ont eu beau jeu de dénoncer l’incohérence de certaines de ses positions écologistes. Son ode aux remèdes naturels, l’harmonie qu’il recherchait avec la nature, ses positions fracassantes anti-OGM étaient contestées par l’establishment scientifique et l’Ordre des médecins.

En outre, le prince Charles n’a pas toujours fait preuve de diplomatie, comme l’atteste son antagonisme envers la Chine. Grand partisan du Dalaï-Lama, il n’avait pas hésité à comparer, lors de la rétrocession de Hongkong en 1997, les dirigeants chinois à des « momies de cire ». En octobre 2015, il avait boycotté le banquet organisé à Buckingham Palace en l’honneur du président Xi Jinping alors que sa mère déroulait le tapis rouge au dirigeant chinois.

20 janvier 1841 : le jour où les Anglais fondent Hongkong

Autre différence avec Elizabeth II, qui avait pris ses distances avec la grande aristocratie, le prince aime s’entourer dans la vie privée des rejetons des plus grandes familles du royaume. Ses amis proches appartiennent au ban et à l’arrière-ban de la plus haute noblesse d’Angleterre avec qui il se sent à l’aise. Ses sports favoris – le polo, la chasse et le ski hors piste – sont associés à cette caste. Par ailleurs, à son image, les nobles tiennent le haut du pavé de la cause verte. Élitiste, il a peu de goût pour la méritocratie comme l’atteste son exaspération devant la requête d’une de ses secrétaires désireuse de bénéficier d’une formation : « Qu’est ce qui ne va pas de nos jours ? D’où cela vient-il qu’ils pensent tous être qualifiés pour accomplir des tâches qui sont au-dessus de leur capacité ? » Charge au nouveau roi de faire la preuve qu’il est à la hauteur de sa fonction.

Avec Lepoint.fr

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