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"Décès dans les hôpitaux, à qui la faute ?" (Par Mahfouze Aïdara)

Tout d’abord, nous présentons nos condoléances à toutes les familles de patients qui ont sont décédés dans des hôpitaux ou qui y ont eu des désagréments et compatissons vraiment à leur douleur.

Depuis l’événement malheureux survenu à Louga qui n’est une première, il faut le reconnaître, les hôpitaux et leurs personnels sont au banc des accusés. Ce qui est très normal quand on sait qu’une vie est plus que sacrée. Les hôpitaux et leur personnel sont en train d’être tailladés les commentaires, les critiques et autres récriminations vont bon train. Certains mêmes outre passent les limites en faisant dans l’invective.

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Ainsi on peut retenir dans l’essentiel, ce qui est reproché à ces structures et aux personnels : l’indiscipline, le manque d’hospitalité, des manquements dans l’accueil et l’orientation, l’impatience, l’indisponibilité etc. Il se dit que le personnel est indiscipliné, traite mal les patients et leurs accompagnants avec des propos amers. Il (le personnel) manque de professionnalisme, d’hospitalité dans leur manière de recevoir, de traiter, de collaborer et le trouvent pour la plupart impatient, indisponible.

Les malades sont très mal accueillis et souffrent chaque fois de problèmes d’orientation dans les hôpitaux. Les accompagnants sont chassés comme des mal propres par des agents et mêmes les vigiles ne sont pas en reste. Les tarifs sont excessifs et le personnel exige le ticket avant de toucher au malade. A entendre ces commentaires, on constate automatiquement que les gens sont en train de généraliser un certain comportement négatif de quelque agents à toute une corporation de milliers de personnes.

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C’est le Sénégal et le monde en général qui est ainsi fait. Cela se comprend tout à fait. Cependant doit versons pas dans les accusations et autres invectives sans preuves et sans fondements. Nous reconnaissons qu’il existe des dysfonctionnements dans nos structures hospitalières mais qui sont de plusieurs ordres.

D’abord nous commençons par l’accueil et l’orientation qui sont des béabas à assimiler et faciles à accomplir. Nous avons aussi noté le problème de formation qui à l’image de l’école sénégalaise, les écoles privées de santé poussent comme des champignons et dans ces établissements l’Etat central n’a pas de contrôle. La presque seule école publique qui forme les sages femmes et autres, l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social est restée sans former des agents de santé pendant 3 ans durant.

Comment peut-on combler ce gap du à cette inactivité de notre ENDSS ? Qui est responsable de ce manquement ? Les écoles certes font un travail certes remarquable mais le contenu des cours doit faire objet de profonds audits. Il existe des problèmes du au fait de quelques agents et comme une pomme de terre pourri dans un sac, fait accuser toute la corporation.

Concernant le paiement des actes, le patient quand il arrive, il est pris en charge d’abord par les infirmiers et assistants pour les constantes avant de demander à l’accompagnant de chercher le ticket. S’il se trouve que les infirmiers et médecins soient occupés c’est-à-dire que les salles de consultations soient occupées toutes, le patient peut acheter le ticket en attendant.

Pour ce qui est du paiement, il faut comprendre que les hôpitaux sont laissés à eux-mêmes. Les plus grands hôpitaux qui emploient des centaines d’agents reçoivent une subvention mensuelle maximum de 1.500.000.000f. Parmi ces structure il y en a qui reçoivent 300 millions. Avec cette somme comment peuvent-ils payer les salaires à ces pères et mères de famille qui y travaillent pour la subsistance de leurs familles ? Ces avec ces tickets que les salaires qui sont parfois colossaux il faut le reconnaitre sont payés. Donc à l’Etat de jouer son rôle pour épargner la population de payer chère les actes.

Pourquoi ne cherchons nous pas à connaitre les raisons de toute cette situation difficile dans nos hôpitaux. Pourquoi payer les actes et parfois plus cher que d’habitude ? Pourquoi la couverture maladie universelle ne marche plus ou ne peut couvrir certains actes? Pourquoi les agents de santé sont toujours en grève ? Pourquoi font ils partis des agents les plus sous-payés du pays, et reçoivent tardivement leur salaire ? Savez-vous que dans nos structures, il y a des agents qui reçoivent 30.000f de salaire ou moins ?

L’Etat est le premier responsable de nos situations dans les structures de santé et je vais vous dire pourquoi. L’Etat interdit aux hôpitaux de faire des bénéfices. Ce qui est une bonne chose pour les populations parce que évitant l’augmentation des tarifs. Le problème est que l’Etat qui doit subventionner pour combler le gap, ne donne que des miettes les mettant ainsi dans des difficultés.

Les personnes âgés et les enfants de moins de 5 ans ne peuvent bénéficier de soins convenablement parce que les hôpitaux sont obligés de bloquer à cause de la dette importante de la CMU. Cette CMU leur doit des milliards qui les coulent et les tuent à petit feu. Au début la CMU logée au ministère de la santé et de l’action social faisait des avances aux structures. Quand elle a été délocalisée au ministère du développement communautaire et de l’équité sociale que dirigeait Mansour FAYE a arnaqué les hôpitaux à hauteur de dizaines de milliards et jusqu’à présent personne n’en parle.

Les hôpitaux sont délabrés pour la majeure partie. C’est le cas de Ledantec est patent. Heureusement que le Président a récemment pris des engagements. Espérons que ce ne soit de simples promesses comme d’habitude. Ils manquent de réactifs, de gants… que les malades sont obligés de payer pour bénéficier de soins. Le personnel très mal payé et parfois tardivement. Ces personnels sont aussi des pères de famille qui ont des charges comme tout le monde. Qui plaide leur cause ? Personne je dis bien personne.

Les syndicats qui défendent leurs causes et qui doivent être soutenu par la population, sont traités de tous les noms. L’Etat reste indifférent à leur demande parce que sachant même en grève, ils travailleront pour assurer le service minimum et les urgences contrairement aux enseignants qui peuvent déserter les classes sans soucis. C’est pourquoi ces traitements salariaux différents des agents qui ont les mêmes diplômes, de mêmes niveaux, du même employeur qui est l’état du Sénégal. Figurez-vous les agents de santé n’ont pas de prime de logement.

Malgré les risques qu’ils font face, la covid-19 plus récente par rapport à d’autres comme le choléra, l’Ebola etc., ils n’ont qu’une prime de risque de 50.000f seulement. Ces gens ne sont-ils pas des pères et mères de famille dans ce monde à mille équations ? Alliance des Syndicats Autonomes de la Santé (ASAS And Gueusseum) se bat depuis des années maintenant pour défendre les causes des salariés et du personnel (16 plans d’actions en 2018), l’état n’a rien pu trouver que de mettre les populations dans le dos de And Gueusseum.

L’état a politisé les hôpitaux en recrutant un personnel pour leur clientèle politique avec leur quota, en recrutant des instituteurs (Cheikh Seck l’a dit) des dessinateurs et autres. Que font ces personnes dans nos hôpitaux au moment où le personnel qualifié trime dans les rues sans. Ceux qui sont dans les hôpitaux attendent leur recrutement depuis plus de 15 ans pour la plupart. Dans cette politique même les directeurs ne sont pas en reste. Leurs parents, amis … sont recrutés et mieux servis que les plus anciens qui ont tout donné jusque-là espérant une Embauche.

Revenant sur le cas des directeurs d’hôpitaux qui sont pour la plupart des médecins spécialistes qui le Sénégal manque énormément. N’est-ce pas là une mauvaise politique sanitaire de laisser les médecins à la place des gestionnaires et même le ministère est rempli de médecins, on ne sait pour quelle raison. Ce sont là des choses que les syndicalistes et la population doivent combattre pour que les médecins reprennent leur blouse et que le personnel soit bien traité et de façon équitable.

Sachons qu’aucun agent n’est fier de lui face à un décès au contraire ça a toujours été un choc une déception pour tout acteur surtout s’agissant d’erreur médicale. Les médecins et autres personnel au Sénégal, travaillent dans des conditions très difficiles, dues au manque de matériels mais aussi de cadres adéquats leur permettant d’exercer pleinement leur métier.

Ce cadre c’est à l’Etat central à travers ses démembrements ministères et les directions d’y veiller. Leur manquement ont toujours été fatal et c’est le personnel qui paye toujours les pots cassés au détriment des véritables coupables. Des négligences il y’en a partout. Cependant elle ne sera jamais tolérée encore moins défendable mais aussi évitons de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Les agents refusent désormais qu’ils soient jetés en pâture pour des fautes qu’ils n’ont pas commises ou dont ils ne sont pas responsables et à juste raison. Dans cette affaire de Louga une partie du personnel est en train d’être sacrifié à la place des véritables coupables qui ne seront qu’après une enquête sérieuse et impartiale avec autopsie à l’appui.

Par Mahfouze Aïdara

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