« De nouveau, je me trouve obligé de recadrer les propos écrits par l’ambassadeur israélien » (Par Dr Safwat IBRAGHITH*)

De nouveau, je me trouves obligé de recadrer les propos écrits par l’ambassadeur israélien, sans pourtant vouloir provoquer aucun débat mutuel, mais seulement, par mon devoir de rectifier les erreurs et redire les faits qu’on essaie, inlassablement, de falsifier, au mépris de l’opinion publique.

En lisant l’article intitulé : «conflit israélo palestinien : qui tire profit de l’enlisement ? », paru à Dackaractu, le vendredi 22/02/2019, je vais m’exprimer sur les points suivants :

1- Quand l’ambassadeur israélien a écrit : « Je m’indignais des conditions de vie des iraniens souffrant et suffoquant sous le régime des mollahs » :
Je me pose la question sur cette même sensibilité qu’il devrait exprimer à l’égard des victimes palestiniennes, sujet principal de l’oppression brutale commise par le régime d’occupation que représente ce même ambassadeur « indigné ».

2- Quand il a écrit : «L’Ambassadeur de la Palestine se fait défenseur du régime iranien et syrien coupable d’un génocide » :
Il est sûr que, dans l’article précédent, j’ai voulu saisir l’opportunité pour revenir aux racines du mal, et attirer sans doute l’attention à la cause mère de toutes les causes de cette région, il s’agit, naturellement, de la cause palestinienne, ni syrienne ni iranienne. Oui, j’ai voulu plutôt parler de ce premier grand mal que subit les peuples de cette région, il s’appelle Israël, coupable d’une guerre d’extermination contre le peuple autochtone de la Palestine historique, cause de ce malheur continu et probablement contagieux.

3- Il a écrit ; « Les victimes syriennes dépassent de loin toutes les victimes des conflits du Moyen Orient » :
Depuis quand Israël se souci des Syriens, ne c’est pas Israël, cette entité « voisine » qui occupe et spolie abusivement le plateau du Golan syrien depuis 1967, et n’a aucune intention de la rendre !!! Là, je pose une autre question à savoir si Israël n’était pas aussi impliqué, directement ou indirectement, dans cette tragédie syrienne ?

Bien que le peuple frère de la Syrie ait exprimé son droit légitime au changement démocratique en 2011, mais, malheureusement, cette quête pacifique et civilisée s’était vite transformée en guerre « internationale », déjà planifiée, par certaines puissances extérieures. Dans cette guerre hégémonique, toutes les parties impliquées, dont Israël, doivent non seulement présenter des excuses mais payer des indemnités au peuple syrien. Ne c’est pas vrai q’Israël ne cesse de bombarder la capitale syrienne, ne c’est pas qu’Il a récemment affiché son soutien aux groupes « terroristes » impliqués dans le drame syrien ???.
Heureusement, qu’aujourd’hui, cette crise syrienne arrive à son terme, le bilan est quand même lourd et triste. En termes de comparaison, à la différence des victimes palestiniennes, les frères Syriens, au moins, peuvent rentrer chez eux, et ils commencent à récupérer leurs places et leurs biens dans leurs pays d’origine. Quant aux Palestiniens, Israël refuse catégoriquement leurs droits au retour dans leurs patrie d’origine, il refuse encore toute reconnaissance de ses responsabilités historiques, juridiques et éthiques dans la création du drame palestinien. On ne peut pas être sensible à la galère des uns et insensible à celle des autres, c’est indécent, ne c’est pas ?
En chiffres, les Syriens ont vécus, certes, sept ans de guerre et de destruction, maintenant finis, mais qu’est-ce qu’on dit aux Palestiniens qui vivent toujours leurs deux grandes tragédies : « Nakba» et « Nakssa », et leurs conséquences ‘‘inhumaines’’ jusqu’à maintenant, et ce depuis 1948 ?
Le nombre des victimes de cette tragédie palestinienne dépassent les sept millions réfugiés palestiniens autrement dit les deux tiers du peuple palestinien. Ils sont, officiellement, inscrits à l’UNRWA (agence onusienne spécialisée), et vivants dans les camps des misères à l’extérieur de leur patrie d’origine.
Depuis 1967, plus d’un million des Palestiniens ont subis la détention arbitraire, et plus de six milles palestiniens sont, à ce moment où j’écris ces lignes, dans les prisons de l’occupation israélienne, dont plus de 300 enfants, subissant toutes sortes des tortures !!
Savez-vous qu’il y a des femmes palestiniennes devenant mères à l’intérieur de leurs cellules, dont certaines ont accouchés les mains menottées ? connaissez-vous le cimetière des chiffres où les forces d’occupation israélienne font enterrer, secrètement, certains prisonniers et combattants palestiniens après leurs avoir volés leurs organes ?? Il ne s’agit que des exemples, et la liste reste beaucoup plus longue que cela.

4- Il a écrit : «il (faisant référence à moi) nous peint une fausse image d’Israël, ce diable du Moyen Orient » :
Si je fais une fausse description, alors, je mets cet ambassadeur au défi de permettre aux Sénégalais, connus de leur neutralité, de se rendre en Palestine occupée, pour constater, de leurs propres yeux, la situation que subit le peuple palestinien et la réalité d’Israël, et puis revenir pour qu’ils nous redessinent la véritable image, et nous verrons si Israël est aperçu comme un ange ou comme un diable.

Pour information, l’Ambassade israélienne à Dakar a déjà empêché plusieurs sénégalais de se rendre en Palestine à différents temps dont deux grands écrivains en septembre 2016, et des Imams et chefs religieux qui se sont vu refoulé, par les autorités d’occupation israéliennes, aux frontières jordano palestiniennes, en avril 2018.

5- Il a écrit : « Cette position de l’Ambassadeur palestinien ne me surprend guère » :
Heureusement, que mes positions ne sont pas aux bons goûts du représentant du régime de l’occupation et d’apartheid israéliens, ici à Dakar, sinon, ce serait vraiment louche.

6- Il a écrit : « Les Palestiniens sont les plus grands supporteurs et fans des tyrans du Moyen Orient, Saddam Hussein, Daesh » :
A rappeler que le mouvement de libération nationale de la Palestine, incarnée dans l’OLP, lutte depuis son déclenchement pour la libération de la Palestine et pour le retour des réfugiés palestiniens, mais aussi contre toute tutelle ou implication des entités étrangères sur la décision palestinienne. Les Palestiniens ont toujours appartenus à ce rêve d’un monde arabe uni et émancipé, ils sont les premiers concernés de cette unité et les premières victimes de son absence.
Dans cet esprit révolutionnaire et fédérateur, les Palestiniens savent maintenir de bonnes relations avec les peuples du monde, sans se perdre de vue le soutien de leur projet palestinien de libération nationale. Par exemple, les relations avec les Koweitiens sont intactes, malgré la crise « passagère » qui a eu lieu durant certaine période entre le Koweït et son frère voisin, l’Iraq.
Les Palestiniens ont toujours refusé de marchander sur leurs cause et surtout avec les régimes totalitaires de la région, ils ont toujours refusé de se soumettre à qui que ce soit dans cette région, et ont toujours construits leurs liens avec les pays de la région sur le respect entier de principe de non-ingérence dans les affaires des autres.

Quant à Daesh, il faut demander à Mme Hilary Clinton pourquoi les stratèges américains ont voulu faciliter l’émergence de ces groupuscules, Daesh mais aussi El Qaïda avant.

En terme de comparaison avec les régimes totalitaires et dictatoriaux de la région, on constate vite que Israël constitue une tyrannie militaire dans les territoires arabes occupés, en faisant appliquer un système de lois et réglementation pour les colons juifs et un autre totalement distinct pour les arabes et palestiniens autochtones. Il s’agit d’un régime dictateur, militaire et raciste envers le peuple autochtone, et qui instaure officiellement un système d’apartheid pur et dur.

7- Il a écrit : « L’Etat d’Israël a été créé en 1948 conformément au droit international, la résolution n° 181 de l’assemblée générale des Nations Unis du 29 novembre 1947, cette résolution prévoit la présence de deux Etats côte à côte entre le fleuve du Jourdain et la méditerranée » :
Est-ce que l’ambassadeur israélien pourrai expliquer aux Sénégalais, si Israël avait, effectivement, respecté cette résolution du partage, et comment, paradoxalement avec ses propos, les forces israéliennes avaient annexés 22% de la surface totale de la Palestine historique, quelques mois seulement après l’adoption de cette résolution, 22% bien au-delà de la portion allouée par cette résolution de ‘‘partage’’ dont il a cité ??

Est ce qu’il peut, au moins, nous exposer les facettes horribles du terrorisme ‘‘israélien’’ avec la mise en exécution du plan militaire ‘‘Dalet, la lettre D en hébreu’’ mis en œuvre au lendemain de l’adoption de cette résolution de partage, c’est-à-dire, le 30/11/1948, et jusqu’au jour de l’auto proclamation d’Israël, c’est-à-dire, le 14/05/1948 ?
Ce plan « terroriste » avait impliqué la destruction de 531 villes et villages palestiniens, et la perpétration de plus de 30 massacres coutant la vie des 15000 palestiniens autochtones, et forçant, par la terreur, autour d’un million palestiniens à l’exil. Cela suffit à établir la réalité sur la volonté israélienne d’éradique la Palestine et son peuple autochtone de la carte géopolitique. D’ailleurs, je fais référer à une célèbre journaliste et écrivaine israélienne, Tania Reinhart, qui a conclu que les généraux israéliens souhaitent toujours compléter cet épisode de la « guerre d’épuration ethnique contre les Palestiniens» qui est perpétré en 1948-1949.
Dans la même suite tragique, et au moment où j’écris cet article, nous venons de commémorer le massacre israélien des 29 Palestiniens qui faisaient leurs prières dans le tombeau des Patriarches à Hébron, et ce le 25 février 1994.

En tous cas, ces vérités sont parfaitement illustrées dans les livres des nouveaux historiens israéliens de Benny Morris, Ilan Papé, Tom Ségev, Shlomo Sand, etc

Est-il explicable, le fait que jusqu’à ce jour, y a plus de 705 résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unis et au moins 86 résolutions du conseil de sécurité, adoptées en faveur de la Palestine, n’ont jamais été appliquées ??
Pourquoi Israël ne respecte pas les résolutions 181 « plan de partition » et 194 « droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs villes et villages d’origine » qui constituent, conjointement, la condition sine qua non de son adhésion aux Nations Unis alors qu’il s’était engagé à les appliquer, selon le protocole de Lausanne de 1949 ??!

8- Il a écrit, en référence à la formulation de cette résolution de partage, n° 181, que « le nom de Palestine n’a jamais été mentionné » :
J’ai envie, simplement, de renvoyer à cet ambassadeur la même remarque, est ce que le nom d’Israël a été, alors, mentionné dans le texte de cette résolution ? la réponse est négative.

Quant au nom de la Palestine, celle-ci a été, fréquemment, mentionné ou référé, beaucoup plutôt, dans tous les livres saints et les ouvrages de l’histoire et les preuves archéologiques. Mais également intégrée dans tous les documents officiels de l’ONU et avant celle-ci dans les références de la Ligue des Nations, et ce à partir de 1922, date par laquelle la Ligue avait autorisé aux forces d’occupation britannique en Palestine d’y exercer un mandat dont l’objectif était d’aider et d’accompagner le peuple autochtone de Palestine vers l’Independence, (selon les termes de ce mandat).

9- Il a écrit : « Les pays arabes ont voulu expulser par la force les Juifs de leur foyer » :
Il faut mettre l’accent sur une évidence, les Arabes n’ont pas du problème existentiel avec les Juifs surtout que les Juifs dans le monde arabe, y compris en Palestine, vivaient en paix sociale et en parfaite harmonie.
En plus, l’Islam et le christianisme reconnaissent pleinement le judaïsme comme une religion monothéiste, mais pas l’inverse. Pour les Palestiniens, le problème original n’est, donc, pas d’ordre religieux, et doit être, simplement, réglé aux paramètres de l’ordre juridique et politique international. Seule la colonisation juive de la Palestine, durant trente ans d’occupation puis du mandat britannique, a mené à cette confusion puis à cette confrontation entre les Palestiniens autochtones, (dont certaine minorité juive palestinienne), face aux nouveaux colons et derrière eux tout le mouvement sioniste qui, en alliance avec les Anglais, avait exploité les malheurs des juifs d’Europe d’avant et d’après la première guerre mondiale.

Depuis plus de 50 ans, le problème de colonisation juive en Palestine suscite la controverse. Tolérées voire encouragées par les gouvernements israéliens successifs, ces colonies elles sont accusées par la communauté internationale d’être un obstacle majeur au processus de paix dans la région.
Aujourd’hui, ce problème de colonies et des colons s’intensifie d’une façon extrêmement dangereuse, et ce malgré les nombreuses résolutions onusiennes, dont la dernière résolution du Conseil de Sécurité n°2334, en date du 23/12/2016.

10- Il a écrit : « L’Egypte et la Jordanie devenus des partenaires stratégiques » :
Juste pour se demander si Israël avait réussi à normaliser, réellement, avec le peuple Egyptien en quarante ans depuis l’accord de Camp David en 1979, ou bien avec le peuple jordanien en vingt-cinq ans depuis l’accord de Wadi Araba en 1994 ? La réponse est négative. Soyons réalistes et sincères, de quels partenariats parle-t-on alors qu’Israël bafoue tout le sacré et le terrestre à l’ouest du Jourdain ?

11- Il a écrit : « Faire face aux Menaces des organisations terroristes telles que le Hezbollah, le jihad islamique et le Hamas » :

Le terrorisme est un mots à un sens que certaines puissances l’emploient à usage faux. La résistance pour libérer un pays occupé et colonisé n’est pas du terrorisme, mais ceux qui défendent un système colonial et d’occupation militaire et d’apartheid ne peuvent pas être identifiés que des terroristes. Ce qui fait une grande différence entre occupant et occupé, terroriste et résistant…

Quand l’auteur de cette phrase est en train de défendre l’occupation israélienne des territoires appartenant aux autres, il ne serai jamais étrange de le voir insister à étiqueter ceux qui y résistent en terme des « terroristes » ou des « infiltrés » ou des « sauvages », etc.. Mais cela ne change en rien la vérité, il faut appeler un chat un chat, et un rats un rats, pour l’ambassadeur israélien ces groupes des résistants ne sont que des terroristes, exactement, comme l’Allemagne nazie qualifiait les résistants français en Normandie de terroristes ; en fin du compte, l’occupation nazie a été évacuée et les résistants français ont pu célébrer leurs victoires, et les Palestiniens n’en feront pas l’exception. Faut-il rappeler que tous les pactes internationaux considèrent légitime tout recours, par tous les moyens possibles, à la résistance d’un peuple contre ses occupants ?

De ce fait, le Hezbollah se place au centre de la résistance du peuple libanais contre cette armée d’occupation israélienne qui viole, incessamment, la souveraineté de l’Etat libanais, et ce depuis 1948. Faut-il rappeler les innombrables incursions et invasions israéliennes au sud du Liban, ou revenir aux nombreuses guerres menées contre le Liban, des agressions qui étaient souvent objets des condamnations onusiennes ?

Ce qui précède s’applique sans faille aux groupes de résistance palestinienne, dont le Jihad Islamique et le Hamas, et ce fait n’a rien à voir avec notre débat interne sur le plan politique inter palestinien.
Bref, s’il y a une justice internationale, Israël doit être jugé pour tous les actes terroristes menés depuis sa création que ce soient commis par les colonisateurs ou par son armée d’occupation, ou bien par le service secret israélien le ‘‘Mossad’’ qui a commis des crimes sur les cinq continents.
Est-il nécessaire de rappeler que, dans l’histoire d’Israël, trois premiers ministres israéliens étaient listés et recherchés par l’Interpol international pour des actes terroristes, sont : Menahem Begin, Itzhak Shamir, et Ariel Sharon ?
Est-il nécessaire de rappeler qu’Israël a reconnu très récemment l’implication de ses milices terroristes dans l’assassinat du médiateur onusien, Comte Folk Bernadotte, en 1948 ?
On se demande après tout, qui est le véritable « terroriste » ??!!

La Palestine poursuivra les politiques et généraux israéliens devant la justice internationale, nous avons déjà déposé des plaintes à l’encontre d’Israël pour des crimes de guerre: de « colonisation », de « nettoyage ethnique », de « destruction de propriétés civiles », du « siège » inhumain et illégal contre la bande de Gaza, de « transfert forcé » de population, comme c’est le cas pour le village bédouin de Khan al-Ahmar, près de Jérusalem.

Quant aux propos de cet ambassadeur israélien, relatifs au terrorisme, j’aurais souhaité l’entendre parler du terrorisme de son régime comme j’ai cité ailleurs dans ce texte. Il pouvait nous dire un peu sur la coalition de son gouvernement à caractère raciste et colonialiste d’une extrémité jamais vu dans l’histoire politique israélienne. Une coalition qui se compose des groupes appelant à exterminer les non juifs de la terre de la Palestine historique, des partis politiques et des ministres qui traitent les Juifs noirs comme des chiens de garde, et appelle à expulser tous les noir immigrés en “Israël”.

12- Il a écrit : « Depuis 1993, l’accord consiste à une reconnaissance mutuelle, à respecter la notion de deux Etats…. » :
D’abord, la reconnaissance mutuelle n’a jamais été équilibrée ni équivalente, car Israël n’a jamais reconnu l’Etat de Palestine à ses côtés, au respect de la résolution de partage de 1947, d’ailleurs cette résolution est la seule base juridique international donnant légitimité à Israël. Par contre, Israël a, seulement, reconnu l’OLP (Organisation de Libération de Palestine) comme seul et légitime représentant du peuple palestinien, et de son tour, l’OLP a reconnu, clairement, l’Etat d’Israël.

Cet accord de 1993, est un accord intérimaire pour une période provisoire de cinq ans, et qui devrait déboucher sur un accord définitif établissant un Etat palestinien indépendant dans les frontières du 04 juin 1967, avec Jérusalem Est comme pour capitale avec le règlement juste du problème des réfugiés palestiniens selon la résolution onusienne n°194. Mais, rien ne s’est passé de tout cela, et les raisons sont toutes connues, Israël est seul responsable de cet échec ; surtout après la disparition du seul partenaire de paix, côté israélien, ce avec l’assassinat du Premier Ministre Israélien, Yitzhak Rabin, à Tel-Aviv le 04 novembre 1995, par un groupe terroriste juif, mais, hélas, sans successeur brave et sincère jusqu’à maintenant.

Depuis cet accord, le nombre des colons israéliens en territoire palestinien occupé de 1967, plus précisément, en Cisjordanie, y compris à Jérusalem Est, est passé de 110.000 à plus de 650.000 colons, quant au nombre des colonies, elles ont atteint, vers la fin 2017, au nombre des 316 colonies selon l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme, B’Tselem,
Cette dernière a bien précisé encore qu’il existait en janvier 2017, 59 points de contrôle militaires permanents en Cisjordanie et 39 à la périphérie pour contrôler le mouvement des palestiniens entrant et sortant de la Cisjordanie. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (UNOCHA), il y a eu 4924 points de contrôle, temporairement, volant sur les routes de la Cisjordanie rien qu’entre janvier 2017 et juillet 2018.
Tout cela, à côté d’un mur israélien, de plus de 700 km de longueur, construit, illégalement, sur la terre palestinienne et ce malgré la décision émise par la cour de Justice Internationale de la Haye en juillet 2004.

13- Il a écrit : « Arafat a adopté une position consistant à attiser la violence ; résultat, nous nous sommes éloignés de la solution de deux états de 1948 » :
C’est faux, mensonger, et connu de tous au point qu’il ne mérite même pas d’être commenté.

14- Il a écrit : « Si les frontières traumatisent autant la Palestine » :
Ce qui nous traumatise véritablement c’est le fait de voir notre pays, la Palestine, devenir la dernière colonie sur cette planète, et que toutes les violations des droits humains par Israël passent sans punitions. Ce qui nous traumatise réellement est que l’établissement d’un Etat indépendant de Palestine, prévu, il y a près d’un siècle, tarde encore et que certaine puissance au conseil de sécurité bloque toujours notre demande d’avoir accès au statut d’un Etat à part entière, pendant que Israël, le pays qui occupe et colonise illégalement la Palestine, et qui bafoue les droits élémentaires de son peuple, jouit pleinement de tous avantages d’un Etat normal, je dirais même plus qu’un État surprotégé, un Etat d’exception, au-dessus de la loi internationale.

15- Il a écrit : « Depuis 2016, Israël a quitté la bande de Gaza » :
D’abord, la date indiquée est fausse, il est important de préciser que les forces d’occupation israélienne s’est redéployée, en 2005, autour de la bande de Gaza, mais que son retrait est toujours incomplet, elles contrôlent, militairement, encore une zone des territoires tout au long des frontières.
Et depuis 2005, Israël impose un blocus quasi-total sur les deux millions habitants de la Bande, fermant les voies terrestre, aérien et maritime, empêchant, ainsi la circulation normale des personnes et des marchandises par les sept points des passages terrestres, et empêchant, également, la mise en fonction de l’aéroport international de Gaza, et le port de Gaza : deux principales infrastructures, complétement anéanties, par les bombardements israéliens depuis 2001. Bref, Gaza, comme la Cisjordanie et Jérusalem, devienne une prison à ciel ouvert, et ses habitants vivent complétement isolés et coupés du reste des territoires palestiniens.
Au sujet de Gaza, il est nécessaire de citer la conclusion du rapport du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, communiqué ces dernières heures à la presse, dont les enquêteurs onusiens accusent Israël de crimes contre l’humanité. Selon ce rapport, plus de 6000 manifestants non armés ont été touchés brutalement par des tireurs d’élite militaires, dont des journalistes, du personnel de santé, des enfants et des personnes handicapées.

16- Il a écrit, « Cher ambassadeur » :
Les israéliens ont, quand même, une grande finesse surtout quand ils décident de banaliser le mal et maquiller la réalité. Pour nous Palestiniens, l’histoire qui nous lie avec les israéliens, n’est pas du tout réduit à la mauvaise gestion des frontières communes, non plus à un problème de cousinage ou affaire d’héritage familial, mais, essentiellement, à une histoire de falsification des faits, à un déni d’existence et de droit et à une injustice du traitement.

17- Il a écrit « Juifs et arabes vivent ensemble au quotidien et en parfaite harmonie » :
Il est incroyable comment certains essaient d’embellir la situation, pendant que la réalité est toute autre.

18- Il a écrit « contrairement à votre vision de vivre sans juifs » :
Tout le monde sait que le peuple palestinien ne souffre d’aucune complexité religieuse et d’aucun mal au fond de sa conscience collective de pouvoir s’ouvrir à tous les composants sociaux-religieux. Il s’agit d’un peuple, naturellement, connu dans l’histoire humaine de sa pluralisme politique et culturelle et de sa dimension multiconfessionnelle.
A travers l’histoire, le peuple palestinien a réussi d’absorber tous ses envahisseurs et a eu une capacité remarquable d’un vivre ensemble exemplaire dans toutes les époques : la présence des groupes africains, maghrébins, assyriens, grecques, russes, kurdes, turques, arméniens, coptes, assyriens, ….constitue une parfaite mosaïque de la société socio culturelle et cultuelle du peuple palestinien, et ce depuis toujours, bien avant l’occupation et même malgré l’occupation israélienne.
Nous, Palestiniens, n’avons aucun problème de vivre avec les autres tant que les autres n’agissent pas en mentalité colonialiste et arrogante à notre égard et tant qu’ils acceptent le contrat social d’une citoyenneté égalitaire de droits et d’obligations. Et pour cela, je peux, même, affirmer que les Palestiniens peuvent, immédiatement, accepter la constitution (avec Israël) d’un seul Etat en Palestine historique pour tous ses citoyens, musulmans, chrétiens, juifs, arabes et non arabes et autres sans discrimination aucune. Et sur la base de cet objectif, je défie Israël d’accepter cette option, puis que les politiques et généraux israéliens ont, déjà, tout fait pour rendre l’option à deux Etats « impossible à réaliser ».

Je sais qu’aujourd’hui, ces politiques israéliens ne veulent jamais reconnaitre ni un seul Etat pour tous ses habitants, non plus, de l’option de deux Etats souverains à l’intérieur des frontières reconnues internationalement, alors qu’est-ce qu’on fait ?
En attendant que le monde se réveille, les Palestiniens doivent faire face à ce régime d’apartheid et mettent toute leur énergie pour faire reconnaitre leurs droits, par tous les moyens possibles, notamment par la diplomatie et encore par les canaux judicaires internationales.
19- Il a écrit « 20% de population d’Israël est arabe ont les mêmes droits politiques et sociaux que les Juifs » :
C’est vraiment drôle. Pendant plus de 70 ans, Israël a été défini comme un « État juif et démocratique », suscitant ainsi une confrontation de concepts et un conflit fondamental entre le système étatique moderne basé sur la justice, l’égalité des droits et la citoyenneté, et celui basé sur une conception ethnico confessionnelle et communautariste.
On le savait déjà : la citoyenneté israélienne était basée sur des dizaines de lois discriminatoires qui favorisent l’immigration et colonisation juives au détriment des habitants autochtones palestiniens (non juifs). Les premières lois d’Israël, loi du retour et la loi des biens des absents en 1950, sont la parfaite illustration de ce déni flagrant des droits historique et juridique relatifs aux palestiniens autochtones, y compris ceux qui ont été naturalisés après la Nakba.
Le 19 juillet 2018, c’est l’adoption par la Knesset (le parlement israélien) d’une toute nouvelle loi, discriminatoire et à caractère totalement raciste, il s’agit de la loi sur « l’État-nation du peuple juif » : un événement tournant et trop alarmant.
Israël se prétendait jusqu’ici être un État démocratique, alors que ses institutions pratiquent un racisme cruel non seulement envers les Palestiniens, traités en citoyens d’un rang inférieur, mais également à l’égard des Juifs yéménites et éthiopiens, mizrahim… qui ont subi des traitements dégradants et restent la cible de nombreuses discriminations.
La nouveauté est que cet état de fait est maintenant officialisé dans ce qui ressemble à une loi constitutionnelle. L’État israélien devient ainsi dans les textes, et non plus seulement dans la pratique, un État d’apartheid. Il n’a jamais été, comme chaque État moderne, l’État de tous ses citoyens et il ne le sera plus. C’est inscrit dans cette « Loi ».
Quant aux 20% de ce qu’on appelle les Palestiniens « de la ligne verte », autrement dit, la partie (non expulsée pendant la guerre de 1948) du peuple autochtone de Palestine qui est restée à l’intérieur de la ligne verte, zone sous contrôle israélien, délimitée en termes d’accords de trêves à Rhodes en 1949. Ces Palestiniens se sont vu délivrer la nationalité israélienne en 1966, huit ans après la « Nakba », et se compte aujourd’hui à un million huit cents mille personnes.
20- Il a écrit : « A Jérusalem, capitale de l’Etat d’Israël depuis 1948 et des Juifs depuis le roi David » :
L’ambassadeur israélien peine pour montrer la conformité de son régime au droit international. En même temps, il confond, très gravement, la réalité politique et juridique de ce conflit, entre occupants et occupés, avec un détail de l’histoire antique qui ne représente qu’une époque limitée au temps et à l’espace et qui n’a pas eu l’unanimité des historiens et archéologues. En tous cas, une histoire d’une terre sainte dépend des récits et des croyances, mais un État dans un sens politique dépendra seulement du droit international, sinon les amérindiens doivent réclamer leur autodétermination sur le continent américain, et bien d’autres peuples peuvent en faire pareil, qui saura contrôler tout cela après?
Ici et maintenant, Jérusalem n’est qu’une ville entièrement occupée et annexée illégalement par Israël, et doit être restituée aux Palestiniens.
A rappeler, Jérusalem a été définie comme une enclave internationale dans le projet onusien de partage de 1947. Sa partie occidentale, a été occupée par les milices israéliennes en 1948, et sa partie orientale a, par la suite, été occupée en 1967. Appelée, désormais « Jérusalem unifiée», celle-ci a été encore illégalement annexé en 1980.
Tout s’est déroulé malgré la condamnation de la communauté internationale et en violation de toutes les résolutions onusiennes en la matière qui interdisent tout changement juridique, démographique ou géographique de cette ville sainte, comme les autres territoires occupés.
La réalité est que Israël, État hors la loi, n’a pas cessé d’imposer ses politiques de facto contredisants, ainsi, tous droits du peuple autochtone de Palestine, y compris son droit d’un État avec Jérusalem “Alquds” comme seule capitale. L’avenir de la ville de Jérusalem était un des cinq dossiers liés au status final et donc un élément majeur au sein d’un futur accord de paix définitive entre les deux parties.

Sur le deuxième passage, l’ambassadeur israélien a daté la création et l’origine de la ville de Jérusalem à l’époque du Roi David. Alors que c’est une fausse information, car la ville de Jérusalem tirait son premier nom de « YABBOUSS ou JEBOUSSE», c’est-à-dire, les Jébusites, ses premiers habitants qui s’installèrent dans la région Al-Quds (Jérusalem), avant même son édification il y a 2500 ans avant Jésus.
Tout de même, l’origine des premiers habitants de la Palestine, apparue dans les textes historiques et archéologiques, remonte aux Arabes cananéens et Amorites, depuis plus de 5000 ans avant christ. Quant aux les Israélites ou les hébraïques, à cette époque, il n’en est fait aucune mention. Leur nom n’est évoqué que plusieurs siècles plus tard.

Le Royaume d’Israël, établi, beaucoup plus tard, sur une partie de la Palestine cananéenne, n’a pu durer plus de 73 ans.

Il est important, ici, de se référer même au Torah juif pour mesurer l’enracinement de la civilisation arabo cananéenne en Palestine et surtout l’existence historique de la Palestine sur la carte.
La “Palestine”, la “terre de la Palestine “, la “terre des palestiniens” et les “Palestiniens “ sont des mots, explicitement, mentionnés dans le Torah juif pour plusieurs fois. Quant au nom de “Canaan ou pays de cananéens”, ils ont été cités, des dizaines des fois. Aussi, les noms des villes arabes palestiniennes ont été rapportés dans le Torah à maintes reprises.

21- Il a écrit : «Un tiers de la population est arabe, la coexistence pacifique est une réalité à Jérusalem » :
De quel Jérusalem parle l’ambassadeur israélien, ouest ou est ou unifiée ? De quelles statistiques ?
En tous cas, le monde est témoin de cette politique intensive de judaïsation de Jérusalem, et ce précisément depuis l’occupation de la partie orientale de la ville sainte en 1967, bien avant que cette ville ne soit objet d’annexion en 1980. Cette judaïsation systématique de la ville sainte a pour objectif de rendre cette ville arabe, avec sa forte démographie palestinienne, (d’avant son occupation), en petits îlots palestiniens au sein d’un océan juif colonialiste.
Et pour montrer les illusions d’une coexistence pacifique et de ce mythe du bon voisinage, qu’a voulu faire croire l’ambassadeur israélien, je peux donner un exemple concret et tout récent.
Il s’agit de l’histoire de la famille de Hatem Abu Assab d’onze personnes, qui vivait, depuis plus de 65 ans (trois générations successives), dans sa maison située dans le secteur Khalidiya en plein cœur de la vieille ville de Jérusalem.
Il y a quelques temps, cette famille, comme bien des dizaines d’autres familles palestiniennes de Jérusalem, a été surprise de recevoir un ordre d’expulsion du fait que cette maison était construite sur un terrain inscrit dans le registre des « biens des absents ».
Ce registre contient les biens de tous les réfugiés palestiniens de 1948, en les considérants absents, et dont ces biens sont entièrement confisqués et puis gérés par un gestionnaire israélien au service des colons israéliens désirant vivre à Jérusalem.
Cette famille a été, donc, forcée de quitter sa maison et une autre famille de colons israéliens s’est aussitôt installée à sa place. Est-ce que c’est comme ça que l’ambassadeur israélien conçoit la coexistence pacifique entre israéliens et Palestiniens ?
Peut-on donner encore d’autres exemple sur la brutalité de cette occupation, il s’agit de la destruction de la maison de ‘‘Umm Naser Hmaid’’, une vieille dame veuve et seule, surtout mère de six fils. L’un d’entre eux a été tué par les forces d’occupation et les 5 autres croupissent dans les geôles israéliennes, condamnés à perpétuité pour des faits de résistance. L’occupant a déjà détruit cette maison deux fois, et à chaque fois les gens s’entraident pour la construire.

22- Il a écrit « Soit l’Ambassadeur de la Palestine vit du mauvais côté de la réalité, soit il est en phase avec le jeu des Mollahs prêchant la fin d’Israël pour satisfaire les droits des Palestiniens » :
Je crois que tout le monde saurai mieux maintenant déterminer qui est en train de vivre du mauvais côté de la réalité et qui, réellement, doit être fier de ce qu’il est, je laisse les lecteurs juger librement.

D’ici là, je resterai aligné sans aucune neutralité aux côtés de mon peuple géant, résistent, et je mettrai toute mon énergie pour faire triompher sa cause noble et sa lutte juste dans l’accomplissement d’une paix juste et durable entre égaux.

23- Il a écrit : « revenons sur la table des négociations » :
J’aimerais citer un paragraphe d’un jeune diplomate palestinien, il dit : « les négociations sont un processus de dialogue où Israël explique aux Palestiniens, l’arme au poing, toutes les raisons pour lesquelles il ne peut mettre fin à la colonisation et à l’occupation, ni pouvoir discuter le retour des réfugiés palestiniens ni discuter du statut final de la ville de Jérusalem. Et que comme cela, les Palestiniens doivent demeurer tranquille pendant que l’occupation continue et que leurs droits sont quotidiennement violés et leurs terres volées. Toute révolte de la part des Palestiniens menace en effet les efforts de paix alors que l’occupation et la colonisation sont, elles, tout à fait compatibles avec les efforts de paix ». Fin de citation et fin de l’article.

*Dr Safwat IBRAGHITH
Ambassadeur de l’Etat de Palestine (Sous l’occupation israélienne)

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