De l’émotion brute dans l’église bondée de Charleston

Charleston (Etats-Unis) (AFP)-Charleston n’avait jamais connu ça en 200 ans: de l’émotion brute dans une église bondée de paroissiens venus prier, chanter et pleurer leurs neuf coreligionnaires noirs abattus par un jeune blanc raciste.

Des centaines d’hommes et de femmes, blancs et noirs, jeunes et vieux, se sont massés dimanche à l’intérieur et à l’extérieur de l’Emanuel African Methodist Episcopal Church, la plus vieille église de la communauté noire de Charleston, ville historique du Sud des Etats-Unis, et théâtre d’un massacre provoqué mercredi par Dylann Roof, un suprématiste blanc, admirateur des régimes ségrégationnistes.

Mais à en croire les fidèles de l’église, cette tuerie ne dressera pas les noirs contre les blancs, dans cette ville de dizaines de milliers d’habitants, où tout le monde se connaît, qui fut la « capitale » de la traite des esclaves noirs et un bastion sudiste lors de la Guerre de sécession au 19e siècle.

Christine Riffing, qui a assisté aux deux heures de sermons des pasteurs méthodistes, a trouvé l’atmosphère « pleine d’amour, extrêmement chaleureuse », la population étant « vraiment submergée par la gravité de ce qui s’est passé ».

« C’était très intense, mais apaisé et joyeux », s’est aussi enthousiasmée Tanosha Bosier. Elle a dit qu’il était « émouvant et exaltant d’aider notre communauté à revenir à ce qu’elle était avant mercredi », avant que Dylann Roof ne pénètre dans l’église et n’abatte trois hommes et six femmes noirs.

Aux yeux du révérend John Gillison, le jeune homme est associé à la figure du « Diable », une référence classique dans les églises américaines. Mais « grâce à Dieu (…) il n’a pas pu s’emparer de votre église », s’est exclamé le pasteur noir.

Son discours et ses prières étaient ponctués de « amen », « alléluia » ou « Dieu le miséricordieux » lancés par la foule, émue aux larmes quand une chorale a entonné un gospel. Le tout sous une chaleur écrasante du Sud tropical des Etats-Unis.

En mémoire aux victimes, les cloches d’une vingtaine d’églises à et autour de Charleston ont sonné, tout comme des dizaines d’autres dans tout le pays.

Sur les marches de l’Emanuel Church, une jeune femme blanche distribue des biscuits, d’autres déposent des fleurs, prient en levant les bras au ciel. Certains s’enlacent, s’embrassent et se réconfortent.

Des anonymes sont endimanchés, d’autres sont plus décontractés en short dans cette ville hautement touristique.

L’un d’eux, Marc Daniels, voudrait qu’on « apprenne aux enfants à se débarrasser de la haine comme on arrache les mauvaises herbes ».

Mais de l’autre côté de la rue, Sista Solove, une activiste de Charleston, n’a pas encore trouvé la paix.

« Mon problème, c’est la colère », lance-t-elle.

« Ce garçon blanc était en colère. Qu’est qu’on est censés faire avec notre colère? Prier un Christ blanc? », interroge-t-elle avec véhémence.

Une foule massée à l’extérieur de l’église Emanuel de Charleston prie lors de l’office, le 21 juin 2015
Des paroissiens s’embrassent lors de l’office célébré le 21 juin 2015 à l’église Emanuel de Charleston, quatre jours après la tuerie raciste

Source: AFP via Afrique360.com

1 COMMENTAIRE
  • jolide

    K le seigneur vous fortifi

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