De la proposition du député Guy Marius Sagna pour la reconnaissance de l’AES par la CEDEAO

De la proposition du député Guy Marius Sagna pour la reconnaissance de l’AES par la CEDEAO

La déclaration de Guy Marius Sagna soulève plusieurs questions sur la position géopolitique et les relations internationales du Sénégal, en particulier en ce qui concerne sa politique extérieure et ses alliances stratégiques.

– Reconnaissance de l’AES par la CEDEAO

L’honorable député appelle à ce que la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) reconnaisse l’AES (Alliance des États du Sahel ), ce qui suggère une vision d’intégration régionale et panafricaine. La CEDEAO, une organisation intergouvernementale qui regroupe 15 pays ouest-africains, joue un rôle central dans la gestion des crises régionales, de la sécurité et du développement économique. Si Sagna préconise la reconnaissance de l’AES par la CEDEAO, cela signifierait un repositionnement des relations régionales, visant à développer des liens plus solides entre les États africains, tout en réduisant l’influence des puissances extérieures. L’appel à un sommet sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme est pertinent dans un contexte de montée des menaces sécuritaires dans la région, en particulier au Sahel, mais il soulève aussi la question de savoir si l’Afrique peut vraiment compter sur ses propres mécanismes de sécurité ou si elle doit continuer à compter sur des partenariats internationaux.

– Anti-impérialisme et rejet des relations avec la France et d’autres puissances

Nous comprenons en effet que Guy Marius Sagna s’inscrit dans une ligne de discours anti-colonialiste et anti-impérialiste. Cela traduit un rejet des relations traditionnelles entre le Sénégal et les anciennes puissances coloniales, principalement la France. Il critique l’influence de l’Occident et des grandes puissances dans les affaires africaines, dénonçant un système de domination qui persiste sous des formes nouvelles (diplomatiques, économiques, militaires). Cette position est populaire parmi certains courants politiques africains qui estiment que les pays africains doivent s’affranchir des influences extérieures pour poursuivre un développement véritablement autonome et indépendant. L’appel à couper les relations avec la France et d’autres partenaires occidentaux s’inscrit donc dans cette volonté de restaurer une souveraineté totale et de favoriser des partenariats basés sur l’égalité et le respect mutuel, plutôt que sur des rapports de force asymétriques.

Cependant, ce discours peut être perçu comme utopique si on le met en perspective avec la réalité des enjeux géopolitiques mondiaux. La France, par exemple, reste un acteur clé dans la coopération en matière de sécurité, de développement et d’investissement. En outre, couper les liens avec des partenaires comme la France pourrait avoir des conséquences économiques et stratégiques pour le Sénégal, notamment sur le plan des financements, de l’accès aux technologies et des soutiens en matière de lutte contre le terrorisme.

– Les défis de la coopération panafricaine

La proposition de Guy Marius Sagna repose sur la notion d’unité et de coopération renforcée entre les pays africains dans le cadre de la CEDEAO et au-delà. Si l’on prend en compte les défis internes auxquels de nombreux pays africains sont confrontés :  gouvernance, stabilité politique, développement économique avec comme point de mire la mise en place d’une coopération efficace et une intégration régionale forte peuvent s’avérer difficiles. Les tensions politiques, les intérêts nationaux divergents et les défis économiques compliquent souvent la mise en œuvre d’une véritable politique panafricaine.

– Contexte interne du Sénégal

L’honorable député Guy Marius Sagna se situe dans une dynamique politique particulière, associée au pouvoir actuel, avec le président Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko. Le contexte sénégalais est marqué par une volonté de renforcer la position du pays sur la scène africaine tout en réaffirmant ses principes souverainistes. Cette position pourrait aussi être perçue comme une tentative d’affirmer le leadership régional du Sénégal en défendant une vision alternative à celle dominée par les anciennes puissances coloniales. Cependant, le rôle de Sonko, surtout avec ses positions parfois radicales, et les relations internes au gouvernement, notamment avec les tensions sociales et politiques au Sénégal, ajoutent une couche de complexité à cette dynamique.

En résumé, la déclaration de Guy Marius Sagna reflète une volonté de refuser l’hégémonie occidentale en faveur d’une coopération plus autonome et plus solidaire entre les nations africaines. Cependant, une telle posture pose des questions pratiques concernant la stabilité régionale, la lutte contre le terrorisme et les partenariats économiques nécessaires au développement du Sénégal et de l’Afrique. Bien que l’aspiration à une Afrique plus unie et indépendante soit légitime, il faut prendre en compte les enjeux complexes des relations internationales actuelles et les défis internes du Sénégal.

Mamadou Biguine Gueye
Journaliste consultant 

2 COMMENTAIRES
  • Aliou

    C’est un électron libre ..mais là CEDEAO est gérée par des chefs d’État matures et très responsables 👍🏽👍🏽

  • Patriote

    Du grand n’importe quoi

Publiez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *