Coup d’État au Niger : Ce que nous pouvons retenir un mois après

Coup d’État au Niger : Ce que nous pouvons retenir un mois après

Le mercredi 26 juillet 2023, le Niger est devenu le quatrième pays à connaître un coup d’État en Afrique de l’Ouest depuis 2020, après les prises de pouvoir militaires au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.

Ce coup d’État a envoyé des signaux choquants et suscité de vives réactions dans toute la région et au-delà. Le coup d’État au Niger est considéré comme le plus compliqué. Le pays est stratégique en termes de démocratie et d’efforts internationaux de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel.

Le coup d’État a également mis en évidence la rivalité croissante entre les puissances mondiales ayant des intérêts importants dans la région. Le pays est riche en uranium, en pétrole et en or.

Le président déchu Mohamed Bazoum a prêté serment en 2021, marquant la première transition du pays d’un président démocratiquement élu à un autre depuis son indépendance de la France en 1960.

Chronologie

Il s’est passé beaucoup de choses depuis la prise du pouvoir par les militaires le mercredi 26 juillet, et la situation n’est toujours pas résolue. Voici quelques événements marquants du mois écoulé :

26 juillet – Le président Mohamed Bazoum est démis de ses fonctions après que les soldats ont bloqué le palais présidentiel à Niamey.

28 juillet – Le chef de la garde présidentielle du Niger, Abdourahamane Tiani, s’autoproclame chef du pays lors d’une allocution télévisée.

30 juillet – La CEDEAO impose des sanctions, menace de recourir à la force militaire et lance un ultimatum de sept jours aux putschistes pour qu’ils rétablissent Bazoum dans ses fonctions.

31 juillet – Le Mali et le Burkina Faso mettent en garde contre une intervention militaire qui serait considérée comme une « déclaration de guerre ».

31 juillet – Le président déchu Mohamed Bazoum est photographié pour la première fois en compagnie du dirigeant tchadien Mahamat Deby, en visite dans le pays.

1er août – La France et d’autres pays occidentaux commencent à évacuer leurs ressortissants.

3 août – Une délégation de la CEDEAO conduite par l’ancien chef d’Etat nigérian Abdulsalami Abubakar se voit refuser l’accès à Bazoum et Tiani.

8 août – La junte nomme Mohamed Lamine Zein au poste de Premier ministre dans le cadre de la formation d’un nouveau gouvernement avec un cabinet complet.

12 août – La junte se dit ouverte à des pourparlers avec la CEDEAO à la suite de la visite d’érudits islamiques nigérians conduits par le cheikh Bala Lau.

19 août – Le chef de la junte, Gen Tiani, promet un retour à un régime civil dans trois ans après avoir rencontré une délégation de la CEDEAO dirigée par l’ancien chef d’État nigérian, Abdulsalami Abubakar.

22 août – L’Union africaine suspend le Niger de toutes ses institutions et activités « jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel ».

25 août – La junte nigérienne donne 48 heures à l’ambassadeur de France pour quitter le pays après avoir manqué à l’invitation du ministère nigérien des affaires étrangères.

L’impasse continue

Le gouvernement français a rapidement rejeté la mesure prise à l’encontre de son ambassadeur Sylvain Itte, répétant qu’il ne reconnaissait pas l’autorité du pouvoir militaire.

Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré à l’AFP vendredi soir : « Les putschistes n’ont pas l’autorité pour faire cette demande, l’approbation de l’ambassadeur venant uniquement des autorités nigérianes légitimes et élues ».

Les relations entre le nouveau régime de Niamey et plusieurs puissances occidentales, ainsi que le bloc ouest-africain de la CEDEAO, se sont détériorées depuis le coup d’État du 26 juillet.

La France a basé au Niger 1 500 soldats qui ont participé à la lutte contre les forces insurgées dans la région du Sahel. Paris a soutenu à plusieurs reprises les appels de la CEDEAO en faveur de la réintégration de M. Bazoum.

Le bloc régional avait menacé de recourir à la force pour atteindre cet objectif. Toutefois, la CEDEAO a assoupli sa position ces derniers jours en déclarant qu’elle était favorable à une résolution diplomatique de la crise.

Mais il a rejeté la proposition de la junte d’une période de transition de trois ans. De son côté, la junte a rejeté la demande de la CEDEAO de réintégrer le président déchu Bazoum.

Les tensions persistent au Niger et l’avenir du pays reste incertain.

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