Choix Stevie Wonder, Idris Elba, Ludacris… : Quand les stars retournent à leurs racines africaines

Alors que de nombreux artistes africains s’installent en Europe pour faire carrière, d’autres font le chemin inverse, à la recherche de leurs racines ou d’une vie meilleure.

Retour à la terre mère

En février dernier, le chanteur africain-américain Stevie Wonder annonçait, déterminé, vouloir s’installer au Ghana dans une interview vidéo accordée à l’animatrice et productrice Oprah Winfrey. A 70 ans, l’interprète de Superstition souhaite une vie meilleure pour sa descendance, loin du racisme et des tensions politiques qui secouent les Etats-Unis. «Je ne veux pas que les enfants des enfants de mes enfants soient contraints de dire, “Aimez-moi. Respectez-moi. Estimez-moi à ma juste valeur”», affirmait-il.
Stevie Wonder n’est pas la seule star à être animée par le désir de «repatriation», ou «retour au pays», élan impulsé par le mouvement panafricaniste au début du 20e siècle. «C’est un phénomène très ancien qui a gagné un peu plus en visibilité grâce aux réseaux sociaux», observe Mamane. Après avoir réalisé une carrière bien remplie en France, l’humoriste nigérien a lui-même déposé ses valises en Côte d’Ivoire et créé une société de production installée à Niamey et à Abidjan.
«Rita Marley, la veuve de Bob Marley, est, elle, partie vivre au Ghana il y a bien longtemps déjà, rappelle-t-il. Et des anonymes se sont également réinstallés en Afrique sans faire de vagues. Ce qui motivera toujours les gens – Stevie Wonder et les autres -, c’est la recherche d’une vie meilleure, matérielle ou spirituelle.»

Citoyennetés africaines

Si la recherche des racines ne date pas d’hier, les demandes de tests Adn se sont multipliées ces dernières années. Et le Ghana notamment attire de plus en plus la diaspora afro-caribéenne et africaine-américaine. Important point de départ du trafic d’esclaves – 15 à 20 millions d’Africains auraient été déportés vers le Nord de l’Amérique, selon l’Unesco -, le pays leur apparaît comme politiquement stable, économiquement viable et en accord avec l’idéologie panafricaine du retour en Afrique validée par les rastas.
Un phénomène qui s’explique par l’impact du film-événement Black panther, mais aussi par l’initiative «The Year of return» (l’année du retour), soutenue par le Président Nana Akufo-Addo, visant à promouvoir le pays comme une destination touristique idéale pour la diaspora. A l’issue de l’édition inaugurale, en 2019, quelque 126 Américains descendants d’esclaves auraient adopté la nationalité ghanéenne.

L’obtention de la citoyenneté africaine est devenue la nouvelle marotte des stars

De nombreuses personnalités ont également répondu présentes à l’événement. Parmi elles : la star britannique Idris Elba, les actrices Naomi Campbell et Lupita Nyong’o et le chanteur américain Akon, de plus en plus impliqué en Afrique. Né de parents sénégalais, il est aujourd’hui propriétaire d’une maison à Dakar et a co-fondé Akon lighting Africa, un projet qui vise à favoriser l’accès à l’électricité dans 15 pays du continent.
Pour ces stars, l’obtention de la citoyenneté africaine est devenue une nouvelle marotte. Fin 2019, Idris Elba a ainsi reçu un passeport de la Sierra Leone  pays d’origine de son père des mains du Président Julius Maada Bio. Quelques mois plus tôt, c’est l’acteur Samuel L. Jackson qui avait obtenu un passeport gabonais après avoir retracé ses origines grâce à un test Adn. Marqué par un voyage initiatique dans le pays, le rappeur africain-américain Ludacris a, lui, choisi d’adopter la nationalité gabonaise.

Echappée anti Covid-19

«Les Africains-Américains sont des descendants d’esclaves, déportés contre leur gré. Leur objectif est la recherche des racines, estime Mamane. La diaspora africaine en France est, quant à elle, le fruit d’une migration consciente, motivée par différentes raisons. Elle connaît ses racines, car la première génération a gardé des liens avec ce que les générations suivantes appellent “le bled”, destination des vacances estivales dans bien des cas.»
Comme Mamane, certains ont fait le choix d’entreprendre sur place. Pourtant d’origine congolaise, le rappeur Yous­sou­pha est ainsi installé depuis 2016 en Côte d’Ivoire, où il jouit d’une belle notoriété. Son dernier clip, Astronaute  sorti en février a été tourné à Abidjan, dans le quartier d’Adjamé. Le rappeur français Niska est également venu tourner une vidéo dans la ville ivoirienne, profitant de mesures anti-coronavirus plus souples que celles en vigueur en Euro­pe.
«Il y a pas mal de Dj qui se sont redéployés en Côte d’Ivoire et au Cameroun pour travailler le temps du confinement, confirme Mamane. On a vu des artistes venir chercher des scènes en Afrique de l’Ouest, comme Gims, qui a donné un concert à Abidjan en décembre dernier, car les salles y ont rouvert.»
«Mais je pense que ce sera juste une parenthèse», nuance l’humoriste qui reste convaincu que les artistes de la diaspora, coupés bien trop longtemps de la réalité africaine, auront du mal à sauter radicalement le pas vers l’Afrique. Raison pour laquelle beaucoup d’entre eux gardent un pied en Europe, passant la moitié de l’année de l’autre côté de la Méditerranée
Jeune Afrique

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