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Cheikh Tidiane Sy ou le Khalife qui a tout évoqué avant de nous quitter

Cinquième khalife général des tidianes, Serigne Cheikh est né dans le nord du Sénégal en 1925. Il grandit au côté de Serigne Chaybatou Fall, Imam Moussa Niang, Serigne Alioune Guèye, entre autres. Ces derniers sont des compagnons de son père. Il termine, à 14 ans, le cycle inférieur et moyen des études islamiques et publie à 16 ans son premier ouvrage appelé « Les vices des marabouts ».

Sa vie aura été pleine de sens et génératrice d’incommensurables externalités spirituelles. Tout au long de sa vie, Cheikh Ahmad Tidiane Sy Al Makhtoum (Rta) nous a gratifiés d’une sublime exégèse de la mission islamique.

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Au delà de ses indénombrables publications tournant autour du thème central de l’unicité de Dieu et de la portée société spirituelle des actions prophétiques, le Maouloud (célébration de la naissance du Prophète Mouhammad – Psl) aura été, durant la période (1996-2010), une tribune assidue d’où il a fait jaillir les lumières éblouissantes du sens de la mission du Sceau des Prophètes, Mouhamad (Psl). Il a mis sur pied le ‘’dahira’’ Mourtachidine wal mourtachidati qui regroupe des millions de disciples dans le pays et dans le monde entier.

Après l’indépendance du Sénégal et devant le statut dérisoire accordé aux religieux et aux intellectuels de langue arabe dans le pays, Serigne Cheikh a mené un combat historique qui lui a valu le sacrifice d’une implication dans la politique, dont une des conséquences a été la prison, à deux reprises. Les témoins de l’histoire connaissent la suite de cet engagement politique matérialisé par la création du Parti de la solidarité sénégalaise (Pss) et une victoire confisquée, lors des élections de 1967.

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Toutefois, la précision qu’il donna, lors du Maouloud de 2008 est claire : « L’objectif n’était pas de gouverner le pays, mais de montrer à la face du monde que les guides spirituels, les religieux et les intellectuels de langue arabe n’étaient pas des moins que rien. Ils sont plutôt bien plus représentatifs dans ce pays où l’héritage colonial a voulu les minimiser ».

Depuis lors, le peuple sénégalais bénéficie de cet engagement historique : les intellectuels de langue arabe ont été progressivement impliqués dans l’éducation, dans l’Administration et dans la diplomatie. A l’image de son grand-père Maodo qui s’est fait vacciner une fois à Guet-Ndar pour montrer l’exemple, il a accepté d’être ambassadeur en Égypte, à la fin des années 60.

L’action de Mame Cheikh Al Makhtoum a été très instructive, par ailleurs, dans l’exercice du savoir par la pratique et l’action. Son sens de l’équilibre, de la mesure et du prêche par l’exemplarité l’ont mené à abandonner la politique, une fois ses objectifs atteints.

Cette exemplarité véhicule un nouveau paradigme révolutionnaire d’engagement politique et d’exercice du pouvoir : savoir s’y engager et savoir se retirer au moment opportun. C’est ce qu’il avait conseillé à Senghor qui l’a appliqué en 1980 et qui a pu alors échapper au sort connu dans les années 80 et 90 par les présidents africains qui se sont accrochés au pouvoir.

Qui mieux que Serigne Cheikh pouvait encore continuer à profiter des mandats de Senghor en s’agrippant aux délices du pouvoir jusqu’à son retrait en 1981 ? Qui mieux que Serigne Cheikh pouvait, s’il le souhaitait, bien profiter du pouvoir d’Abdou Diouf avec la position de son choix ? Qui mieux que Serigne Cheikh pouvait négocier des prébendes et des strapontins pour lui et ses proches à l’ère d’Abdoulaye Wade ?

Mame Cheikh pouvait avoir tout ce qu’il voulait dans le pouvoir, même à l’insu de tout le monde, mais la dimension spirituelle et la mission d’exemplarité ont été l’unique credo du fils de Serigne Babacar Sy.

Il a administré une belle leçon et légué un héritage politique bien perpétué par son fils Serigne Moustapha Sy, qui n’a jamais positionné son Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) pour négocier l’obtention de strapontins et de prébendes.

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