« Cette élection sera la confrontation entre candidats honnêtes désargentés et les plus grands voleurs… »

Hélas, en démocratie, les voix ne se pèsent pas mais se comptent ! C’est le nombre de suffrages obtenus qui permet d’espérer être élu notamment à la magistrature suprême. Car si c’est la compétence, l’expérience des affaires de l’Etat, la probité mais surtout la qualité du programme, alors nul doute qui étaient les critères d’élections nul doute que la mère des élections se jouerait entre des candidats comme Boubacar Camara, Abdoul Mbaye mais surtout, surtout, Pr Mary Teuw Niane. Pour parler des candidats hors du pouvoir bien sûr. À cet effet, le quotidien « Le Témoin » a rencontré ce dernier pour une interview exclusive qui les « sort des insultes, sentiers battus et autres poncifs« . Entretien.

Professeur Mary Teuw Niane, il y a déjà une pléthore de candidats sur la ligne de départ de l’élection présidentielle de février 2024. Vous qui n’êtes pas un politicien professionnel, que diable venez-vous faire dans cette galère ?

C’est l’appel du pays qui me pousse à déclarer ma candidature à l’élection présidentielle de 2024. En effet, lorsque nous assistons à l’effondrement des valeurs qui fondent la République et notre vivre-ensemble, lorsque la connaissance et la compétence ne sont plus les critères de valorisation des personnes et enfin lorsque la violence dans toutes ses formes s’empare du pays, il est alors essentiel que les femmes et les hommes de bonne volonté, les patriotes sincères, les compétences avérées se mettent au service de notre pays pour arrêter cette spirale destructrice de notre Nation. C’est pourquoi, adossé à mes expériences réussies de gestion des affaires publiques, directeur d’UFR, Recteur et Ministre, des affaires liées aux savoirs et à leurs organisations au niveau international, ayant en bandoulière l’impérieuse nécessité de transformer tous les segments de la vie économique, sociale et culturelle du pays en vue de construire le bien-être de notre population, j’ai décidé de demander le suffrage des Sénégalaises et des Sénégalais. Je constate malheureusement la mainmise des politiciens sur l’appareil d’État, leur occupation sans partage de l’espace médiatique. Cependant, la première grande rupture dans la transformation politique de notre pays sera la défaite en février 2024 des politiciens et de tous ceux qui font de la politique un métier. Je me ferai un point d’honneur d’y apporter ma contribution.

Professeur, plus de 60 ans après les indépendances africaines, du moins celles des pays de l’ex-Afrique occidentale française, on constate qu’aucun d’eux n’a réussi à émerger contrairement par exemple à des nations asiatiques qui avaient le même niveau de développement qu’eux en 1960 et qui, aujourd’hui, tiennent la dragée haute aux pays développés dans bien des domaines. Qu’est-ce qui n’a pas marché chez nous et qui fait que, au contraire, les pays africains donnent l’impression de régresser ?

En fait, les Présidents de nos pays depuis 1960 ont manqué de patriotisme, de clairvoyance dans leurs visions du développement et d’ambitions dans les objectifs qu’ils se sont fixés. Comment pouvez-vous comprendre que nos différents Présidents de la République fassent de l’Agriculture leur première priorité économique sans pour autant régler la question de l’eau, la question des semences, la question des fertilisants et le problème critique de l’alignement des filières de formation sur les priorités économiques ? Les différentes politiques menées jusqu’à présent démontrent une inconséquence dans les choix, une absence de continuité dans les stratégies, une incapacité à rompre avec l’ordre néocolonial, une soumission aux institutions internationales de financement, de coopération et de conseil. Contrairement aux pays asiatiques, aucun de nos pays n’a réglé les préalables à sa marche vers le bien-être de sa population. L’éducation, la formation professionnelle, l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation sont encore dans un état insuffisant, inadapté et très peu incitatif pour le développement économique. Peut-on sérieusement supprimer la pauvreté avec une grande partie de la population qui est analphabète ? Nos Présidents n’ont pas eu le courage de jeter dans la poubelle de l’histoire des stratégies inopérantes et avilissantes comme « la lutte contre la pauvreté ». Il leur a manqué d’aimer suffisamment leur pays pour comprendre que la seule stratégie devrait être « l’enrichissement de leur population » en raison des richesses naturelles et extractives dont disposent leurs pays et du trésor que représente la jeunesse de leurs populations. Nos administrations manquent crucialement d’une masse critique de ressources humaines compétentes dans l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques. Après soixante années d’indépendance, la culture de la performance et du résultat est très superficielle dans nos pays. Enfin, à des degrés certes divers, nos différents dirigeants ont laissé prospérer la corruption, le népotisme et soumis la justice aux impératifs de l’État-parti, ce qui constitue un lourd handicap dans la compétitivité économique et dans l’éclosion des talents.

Sans avoir les ressources naturelles ou minières dont l’Afrique dispose en abondance, ces pays asiatiques ont pu décoller et devenir « émergents » comme on dit. L’un des facteurs explicatifs de cette réussite, c’est l’éducation et tout le monde en convient. En tant que professeur d’université, ancien recteur de l’Université Gaston Berger et ancien ministre de l’Enseignement supérieur, pouvez-vous nous dire pourquoi est-ce que notre enseignement n’a pas pu favoriser le développement de nos pays ?

Même si les différents Présidents qui se sont succédé ont tous affirmé que l’éducation et la formation faisaient partie de leurs principales priorités, aucun d’entre eux n’a fait le nécessaire pour que ces deux secteurs constituent le levier du développement économique, social et culturel. Les pays asiatiques ont en effet bâti leur marche vers le bien-être de leurs populations à partir d’un développement sans précédent de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Ils ont donné une place particulière à l’appropriation de la science et de la technologie dans une formation massive et volontariste de leur capital humain. Notre pays, malgré quelques réformes de son éducation nationale et de sa formation professionnelle, n’a osé faire aucune rupture pour que l’école au Sénégal soit une réelle école sénégalaise et une école de développement. Notre école est demeurée une école étrangère au Sénégal, une école-tour d’ivoire, isolée de la société et du monde socio-économique. Jusqu’à aujourd’hui, notre pays n’a pas atteint la scolarisation universelle, jusqu’à aujourd’hui, nos langues nationales ne sont pas universellement utilisées dans nos écoles comme langues vivantes porteuses de connaissances et supports de base de l’enseignement préscolaire et élémentaire. Les religions et nos valeurs cardinales de culture ne sont pas des sujets d’enseignement dans notre école. Dans ces conditions, il est clair que notre école n’a pas réussi à former le citoyen sénégalais pour qu’il affronte avec succès les défis du développement. Cette école n’a pas créé les conditions pour préparer les enfants à s’approprier les mathématiques, la science et la technologie. L’école n’a pas été le lieu privilégié de promotion de l’apprentissage à un métier. La formation professionnelle, malgré les discours, est restée embryonnaire. La mentalité générale méprisante pour les « wacc raxasu » n’a pas pu être éradiquée. En définitive les pouvoirs successifs nous ont légué un pays où l’analphabétisme est une plaie béante, un préscolaire, des écoles élémentaires, des collèges et des lycées d’enseignement général, professionnels et techniques en nombre insuffisant, déconnectés des réalités socio-économiques et culturelles, insuffisamment équipés, avec un personnel insuffisamment formé. Nous réformerons en profondeur notre système éducatif, de formation professionnelle, pour l’aligner sur nos défis socioéconomiques, sur les défis scientifiques et technologiques du monde et pour former le nouveau citoyen sénégalais amoureux de son pays, ayant confiance en lui-même et prêt à confondre son projet personnel avec le projet collectif de son pays

Professeur, permettez-moi d’insister sur l’éducation qui me tient vraiment à cœur, et particulièrement les sciences. A l’heure de l’intelligence artificielle et au moment où la conquête spatiale se fait désormais en direction de mars avec de nouveaux concurrents comme la Chine, les Emirats arabes Unis et aussi l’Inde, sans compter bien sûr les acteurs traditionnels, l’Afrique, elle, demeure dramatiquement absente de la compétition scientifique mondiale. Le brillant mathématicien que vous êtes peut-il nous dire à quoi cela est-il dû ? Autrement dit, les Africains seraient-ils congénitalement inaptes pour les sciences ?

Vous savez comme moi que l’Afrique est la mère des sciences notamment des mathématiques. Les travaux de Cheikh Anta Diop ont largement démontré ce fait que d’autres découvertes ont conforté. La pierre de Blombos découverte en Afrique du Sud sur laquelle sont dessinées des figures géométriques date d’il y a plus de quatre-vingt mille ans. Le bâton d’Ishango, découvert au bord du Lac Edward, en République démocratique du Congo, où sont inscrits les nombres premiers inférieurs à vingt est la première calculette au monde. Il date d’il y a plus de vingt mille ans. Le gisaané est un précurseur plus puissant que l’algèbre de Boole dont la rencontre avec l’électronique a produit l’informatique et il y a quelques décennies l’intelligence artificielle (IA). Le problème de l’Afrique est un problème fondamentalement politique : nous manquons de dirigeants compétents, patriotes, ambitieux et ayant une vision claire de la marche de leurs pays vers le bien-être de leurs populations. Mon ambition est d’en être un des porte-flambeaux. Nous avons entendu des ministres dire que leur pays n’a pas besoin de recherche ! Notre politique consistera à développer l’éducation et la formation en mathématiques, en science, en technologie et dans les métiers depuis le préscolaire jusqu’au supérieur. En plus des langues maternelles, des religions et de nos valeurs cardinales de culture, nous ferons des mathématiques, des sciences, de la technologie et de la formation à un métier le socle de notre système éducatif réformé de l’élémentaire à l’enseignement supérieur. Ainsi allons-nous réformer et rendre plus attrayant le parcours professionnel après le CFEE (CAP-BEP-BT) pour le rendre équivalent en durée d’études au parcours d’enseignement général (BFEM-Bac). L’initiation à la formation professionnelle sera obligatoire en formation générale durant les quatre années de collège, ce qui ouvrira la possibilité de passer en cours de cycle de la formation dans l’enseignement général à la formation professionnelle et technique. Nous ferons de notre pays une gigantesque école-atelier où chacune et chacun auront la possibilité de se former. Nous créerons dans chaque département du Sénégal un centre polyvalent de formation professionnelle qui délivrera les diplômes professionnels CAP, BEP et BT et des certificats de qualification à des métiers pour les apprenants illettrés ou pour les élèves en situation d’abandon. Nous créerons dans chaque capitale régionale un lycée technique et professionnel et un institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP). De plus, nous créerons cinq universités nationales technologiques (UNT) en vue de former massivement des techniciens supérieurs qualifiés et des ingénieurs de développement et de mise en œuvre pour porter la politique numérique, industrielle, infrastructurelle, hydrographique, environnementale, agricole, d’élevage, d’aquaculture, de pêche, de santé, etc. Notre objectif sera de changer l’état d’esprit de la Sénégalaise et du Sénégalais : les convaincre que c’est par l’acquisition d’un métier ou d’une compétence qu’ils pourront réussir leur vie professionnelle, personnelle et familiale. Grâce à la mise en œuvre de ces projets d’enseignement et de formation nous ferons du Sénégal la plateforme africaine d’accueil d’entreprises la plus dotée en ressources humaines, scientifiques et techniques qualifiées.

Professeur, le Sénégal dispose d’immenses étendues de terres non exploitées, de nombreux cours d’eau, d’une mer qui fut poissonneuse, d’une main d’œuvre abondante, de ressources minières, d’un bon ensoleillement toute l’année, d’un relief plat, d’une remarquable stabilité politique, d’une démographie assez maîtrisée, de centaines de kilomètres de côtes propices au tourisme etc. Comment se fait-il donc que malgré tout ça, il ne parvienne toujours pas à se sortir de la misère ?

Je vais encore me répéter : ce pays n’a pas eu un Président compétent, ambitieux, libre, patriote et ayant une claire vision des priorités de son développement. Comme vous l’avez dit, nous avons l’eau douce de surface, l’eau douce souterraine, le soleil, la terre, une bande côtière très étendue et propice au tourisme. Cependant les bonnes orientations, les bonnes décisions, les bonnes actions n’ont pas été prises. C’est pourquoi nous mènerons une politique révolutionnaire, volontariste, d’accès à l’eau pour l’agriculture, l’élevage et l’aquaculture, douze mois sur douze, par la construction de forages, la récupération de l’eau de pluie à travers la construction de bassins de rétention en campagne et au voisinage des villes pour la récupération des eaux des inondations, la construction de différents canaux comme le Canal du Baol-Cayor-Sine, le canal du Gandiole, les canaux du Fouta reliant le Fleuve Sénégal au Diéri, les canaux de Tamba, Kédougou et Vélingara transportant les eaux des fleuves Gambie et Casamance à l’intérieur des terres de ces départements et la revitalisation des vallées fossiles. Cette politique permettra d’assurer sur une grande partie du territoire national plusieurs campagnes agricoles par an. Cette politique de l’eau sera accompagnée par le renforcement de l’ISRA pour la production de semences de qualité et la production d’engrais par la création d’une industrie pétrochimique adossée à notre production pétrolière et gazière. Ainsi pourrons-nous assurer la souveraineté alimentaire, l’alimentation de toute la population avec des céréales, des légumes et des fruits abondants et à des prix abordables. Nous lancerons la campagne d’insémination artificielle de notre cheptel pour assurer l’autosuffisance du pays en produits laitiers, en moutons de Tabaski, et en viandes pour tous. Nous ferons la promotion dans toutes les régions de l’aquaculture. Nous mettrons en place un dispositif de chambres froides dans chaque département pour assurer la conservation des légumes, des fruits, des produits laitiers, des viandes, etc. Cette politique agricole et d’élevage de rupture permettra le développement d’une industrie de transformation agro-alimentaire rentable. Elle sera aussi un soutien non négligeable à la promotion du tourisme. À côté de l’agriculture, le pétrole et le gaz constitueront le levier d’une industrialisation du pays à travers la construction d’une deuxième raffinerie de pétrole, d’un écosystème de PME et de PMI autour d’une industrie pétrochimique, l’acheminement du gaz de Kayar à la Falémé pour la création d’une sidérurgie qui permettra l’éclosion d’une industrie de l’acier et de la construction mécanique, camions, tracteurs, motoculteurs et équipements électroménagers. Nous assurerons l’accès de toutes les populations à l’eau potable, à l’électricité et à l’Internet. Et nous ferons du reboisement, de la reforestation, de l’éradication des plastiques et de la reconstitution de la bande côtière de filaos une priorité ainsi que le cadre de mise en œuvre de la mobilisation citoyenne pour la transformation nationale. Cette politique sera soutenue par les ressources humaines mises à disposition par la formation professionnelle. Ces rappels sur des axes stratégiques de notre programme démontrent l’énorme temps que notre pays a perdu. Ma conviction est que l’heure a sonné pour que le Sénégal rejoigne enfin le groupe des pays en orbite sur la trajectoire du développement inclusif.

Prenons l’exemple de l’agriculture. Durant sa campagne électorale pour la présidentielle de 2000, le président Abdou Diouf avait dit son ambition de faire de la Vallée du fleuve « la Californie du Sénégal ». Vous êtes originaire de cette région qui, grâce aux barrages, a des terres irriguées. Il y a aussi une importante partie de la population qui vit de la pêche. Dans ce contexte, le début de l’exploitation du gaz l’année prochaine, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour vous ?

C’est une bonne nouvelle si le pétrole et le gaz sont utilisés comme un levier pour le développement de l’agriculture, de l’élevage, de l’aquaculture et de la pêche artisanale. Comme je l’ai dit plus haut, l’eau est l’élément clé pour le développement de l’agriculture. L’énergie électrique des centrales alimentées au gaz naturel va permettre une alimentation suffisante en eau du Lac de Guiers par l’augmentation du débit de la station de pompage de Richard Toll, l’élargissement de la Taouey et la récupération de la part du Sénégal sur les huit milliards de mètres cubes d’eau qui se déversent chaque année dans l’Océan Atlantique. L’importance pour moi du pétrole et du gaz n’est pas uniquement constituée des revenus pétroliers et gaziers mais elle relève surtout de la valorisation des ressources naturelles et extractives qu’ils favorisent. La vallée du Fleuve Sénégal, de Saint Louis à Bakel, sera un des plus importants bassins économiques du Sénégal grâce au numérique, à l’industrie du phosphate, à la pêche, à l’aquaculture, aux cultures céréalières, à l’horticulture, à l’industrie de transformation agro-alimentaire, aux industries culturelles, notamment celles liées aux peuples de l’eau. La vallée du Fleuve Sénégal sera sans aucun doute, en raison de la superficie de terres à mettre en valeur, le plus grand espace naturel de production alimentaire du Sénégal.

Mary Teuw Niane président, quelle politique industrielle mettrez-vous en œuvre ?

L’industrie est essentielle pour la création de l’emploi, pour la transformation des ressources naturelles et extractives du pays et l’aménagement et l’équité territoriale. L’industrialisation reposera sur la transformation du pétrole (nouvelle raffinerie et écosystème industriel pétrochimique), l’utilisation du gaz pour la production de l’énergie pour l’accès universel des populations à l’électricité, l’accès au gaz domestique pour les besoins ménagers, la réduction des coûts de l’électricité pour les ménages et l’industrie, la transformation et la valorisation des ressources extractives (la purification de l’or et du zircon, la construction d’un écosystème industriel sidérurgique, la construction d’une industrie de fabrication mécanique, de véhicules utilitaires et d’appareils électroménagers), le développement de l’industrie de transformation agro-alimentaire, les industries créatives et le numérique. Notre objectif affirmé est de faire du Sénégal le premier pays numérique d’Afrique avant dix ans.

Parlons de gouvernance. En Afrique, on a l’impression que les dirigeants ne viennent au pouvoir que pour s’enrichir à leur tour, prendre leur part de la prédation. Des gens pauvres comme Job deviennent des milliardaires au bout de quelques années, voire mois, par la magie des pouvoirs auxquels ils appartiennent. Quels moyens mettrez-vous en œuvre si vous parvenez au pouvoir pour promouvoir une gouvernance vertueuse et empêcher la dilapidation des maigres ressources de la Nation ?

Effectivement, le mal de la politique au Sénégal est l’existence de cette caste de politiciens qui n’ont d’autre métier que de faire la politique. Ils sont pourris et ont pourri la société sénégalaise. Pour eux, la politique est un investissement dont ils attendent un retour durant l’exercice de leur fonction. C’est le moment privilégié pour eux de s’accaparer des ressources publiques à leur profit, au profit de leurs familles et de leurs amis politiques. Cette élection va sûrement être la confrontation entre des candidats honnêtes désargentés et les plus grands voleurs de la République. Lorsque je serai élu, je démissionnerai de mes fonctions de Président du Mouvement pour la Transformation nationale (MTN MoTNa). Je nommerai le magistrat le plus ancien dans le grade le plus élevé aux fonctions de Président du conseil supérieur de la magistrature. Je changerai les textes pour qu’il en soit définitivement ainsi. L’IGE aura l’obligation de remettre une copie de chaque rapport au Procureur général. Des dispositions seront prises pour que le Procureur général ait l’obligation de donner suite aux différents rapports reçus de l’IGE, de la Cour des Comptes et de l’OFNAC. Nous assurerons l’indépendance du Parquet financier par rapport au ministère de la Justice et nous le doterons de capacités absolues d’auto-saisine. Afin d’assurer la transparence complète de la gestion des ressources et recettes financières de l’État, nous assurerons l’interconnexion des systèmes d’information de la Douane, du Trésor, des Impôts, des Domaines, des Finances et du Cadastre. Nous dématérialiserons autant que possible les opérations de recouvrement et de paiement de l’Etat.

Sur la même lancée, mettrez-vous en compétition les principaux postes de la Fonction publique ou continuerez-vous à nommer des gens en récompense de leur engagement politique ?

Nous réformerons les modalités de nomination des ministres et directeurs généraux en privilégiant la compétence avant tout autre critère. Le Président de la République nommera les ministres et les directeurs généraux après leurs auditions et l’avis favorable de l’Assemblée nationale. Nous réduirons le nombre de ministres à vingt avec une double parité homme-femmes et une parité adulte-jeune. Nous réorganiserons le dispositif des Agences pour réduire leur nombre au strict minimum nécessaire. Nous mettrons en compétition les postes de directeurs généraux des agences et des entreprises nationales. Les directeurs généraux sélectionnés signeront un contrat de performance de cinq ans avec leur ministère de tutelle. Ils seront évalués périodiquement, sanctionnés positivement ou négativement suivant les performances qu’ils réaliseront.

Vous avez fait partie du régime actuel qui vit ses derniers mois pour avoir été notamment ministre avant de rompre avec lui. Serez-vous comptable du bilan de ce régime et, surtout, qu’est-ce qui vous a poussé à rompre avec lui ?

Je suis comptable du bilan du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation du 29 octobre 2012 au 7 avril 2019. J’ai démissionné de mon poste de Président du Conseil d’Administration de PETROSEN HOLDING pour tracer en toute indépendance et en toute liberté ma voie politique. Ce pays souffre de trois grands maux : la perte des valeurs, l’absence de considération pour la connaissance et la compétence et enfin les menaces aigues pour la paix. Aucun pays ne peut se développer sans apporter des solutions à ces trois problèmes majeurs. C’est la raison essentielle de ma rupture avec le pouvoir en place.

Nos marchés, tout le monde le sait, sont trop étroits pour intéresser les investisseurs et favoriser l’implantation de grandes unités industrielles. Au début de nos indépendances, des projets intégrateurs comme la défunte compagnie Air Afrique, des écoles inter-Etats ou des organisations sousrégionales comme l’OMVS avaient été créées. Allez-vous revenir à ces projets supranationaux ?

Évidemment le monde appartient aux grands ensembles économiques. Nous sommes pour le panafricanisme. Nous allons travailler pour transformer la CEDEAO en une réelle communauté économique et monétaire intégrée. Nous ne sommes pas pour la séparation entre francophones, anglophones, lusophones et arabophones. Nous allons promouvoir nos entreprises privées nationales au rang de championnes et les appuyer en Afrique et ailleurs pour gagner des marchés. Nous allons favoriser la création d’entreprises avec un capital entièrement africain. Pour les compagnies aériennes, nous sommes favorable à leur constitution en un consortium africain, avec une seule billetterie qui permettra à un voyageur de pouvoir emprunter durant son trajet différentes compagnies sans aucune difficulté. Nous sommes aussi favorable à la constitution d’entreprises africaines dans les domaines de l’espace, des industries extractives, du numérique. Nous sommes aussi favorable à la création d’une université numérique africaine, dédiée aux mathématiques, au numérique, aux sciences, à la technologie et aux sciences de l’ingénieur, pour accélérer la constitution d’une masse critique de ressources humaines de qualité dans tous les pays africains.

L’actualité, c’est le coup d’Etat au Niger et la menace agitée par les chefs d’Etat de la CEDEAO d’intervenir militairement dans ce pays. Approuveriez-vous une telle intervention si elle devait être effective ?

Je condamne sans équivoque tout coup d’État militaire. La vocation de l’armée est d’assurer la sécurité du pays. Lorsqu’un militaire a l’ambition de diriger son pays, il doit démissionner de l’armée et se soumettre aux procédures démocratiques d’accès au pouvoir à travers les élections. Je considère que la CEDEAO n’a aucune légitimité pour intervenir militairement au Niger. Il appartient au peuple nigérien de régler ses propres problèmes. Je condamne toute participation de l’armée sénégalaise à une telle expédition militaire. Nos soldats ne doivent pas aller combattre leurs frères nigériens même si ces derniers n’ont pas le droit de prendre le pouvoir.

Dans la foulée de ces coups d’Etat survenant en Afrique de l’Ouest, on assiste à une implantation de plus en plus remarquée de la Russie dans ces pays tandis que la présence de la France décroît. Partagez-vous l’opinion selon laquelle tous nos malheurs viendraient de la France ?

Je ne partage pas cette opinion. Nos malheurs viennent fondamentalement de l’absence de patriotisme de nos dirigeants, de leurs incompétences, de leurs cupidités et de leurs asservissements aux intérêts étrangers.

Enfin, Professeur, vous, président de la République, le Sénégal restera-t-il dans la zone CFA ou créera-t-il sa propre monnaie ?

Je travaillerai à la création, le plus rapidement possible, de notre monnaie nationale en attendant que la CEDEAO puisse avoir sa propre monnaie. La création de notre propre monnaie nous permettra d’asseoir notre souveraineté sur nos ressources extractives et naturelles, d’avoir un contrôle sur les flux financiers et d’avoir une politique monétaire favorable à notre économie.

Avec Le Témoin

2 COMMENTAIRES
  • Deugue

    ni vos mensonges ni vos menaces ni vos manipulations n’y changeront rien jusqu’à la fin des temps le peuple vous a tourné le dos à jamais bande de faux musulmans

  • Deugue

    ni vos mensonges ni vos menaces ni vos manipulations n’y changeront rien jusqu’à la fin des temps le peuple vous a tourné le dos à jamais bande de faux musulmans

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